Le thème de la santé 2.0 s’inscrit de manière particulièrement pertinente dans les tendances mondiales du secteur de la santé. Comme le souligne clairement le rapport «2019 Global Health Care Outlook» de Deloitte, les tendances observées au cours des dernières années ne s’inversent pas. Le poids économique d’une population vieillissante, l’augmentation des maladies chroniques et celle des coûts des soins de santé sont déjà des défis à l’heure actuelle, et ils ne feront que croître s’ils ne sont pas relevés.
En parallèle, le développement des technologies numériques représente une avancée encourageante pour mieux relever les défis qui se posent, et il révolutionnera inévitablement le modèle de prestation de soins existant. Cette disruption ne doit pas être considérée comme une menace. Le but ultime de la technologie est de permettre de consacrer du temps aux interactions humaines plutôt que de remplacer l’élément humain.
Vers des soins basés sur la valeur
La santé 2.0 considérera le patient comme le pivot de l’écosystème des soins de santé à venir. La valeur des soins de santé sera mesurée en fonction des résultats perçus par le patient, d’où la nécessité de passer de l’actuel système de «rémunération à l’acte» basé sur le volume à un système de «soins basés sur l’apport de valeur». Il est par ailleurs clairement nécessaire d’inciter le secteur à évoluer d’une approche essentiellement curative des maladies à court terme à une approche de prévention, de gestion, et de promotion du bien-être général sur le long terme.
La santé 2.0 dans le contexte luxembourgeois a constitué un des thèmes centraux de la conférence cette année. Les participants sont conscients que la santé 2.0 n’est pas un choix. La technologie jouera un rôle de plus en plus important dans les soins apportés aux patients, et cet état de choses deviendra une réalité plus tôt que prévu.
Luxembourg, laboratoire fertile
Le Luxembourg a la possibilité d’exploiter l’écosystème existant et de se positionner comme un banc d’essai optimal pour les nouvelles technologies appliquées au secteur de la santé. Plusieurs initiatives existantes dans le contexte luxembourgeois (ParkinsonNet) ont été présentées. Elles apportent des résultats encourageants, mais tout en soulignant les limites actuelles, telles que l’exploitation limitée du dossier de soins partagé (DSP).
Les atouts habituels que le pays peut mettre en avant pour susciter l’intérêt international joueront également un rôle-clé pour permettre et soutenir le développement des solutions dans le domaine de la santé 2.0.
La conférence a mis en évidence le Grand-Duché comme un terrain fertile pour les entreprises innovantes développant des applications liées au secteur de la santé. La clé du succès des initiatives des soins de santé 2.0 pour le Luxembourg reposera sur la collaboration entre les différents acteurs (au niveau humain et technologique), la coordination entre les secteurs public (gouvernement, hôpital, organismes de paiement) et privé (laboratoires médicaux, start-up), et sur l’identification des synergies.
Outre les atouts habituels que le pays peut mettre en avant pour susciter l’intérêt international, les progrès de l’infrastructure technologique, tels que le déploiement du réseau 5G, joueront également un rôle-clé pour permettre et soutenir le développement des solutions dans le domaine de la santé 2.0.
Mesurer l’impact de la santé 2.0 dans le contexte luxembourgeois sera essentiel pour démontrer une approche réussie. Cela ne peut se faire sans considérer le patient comme la priorité et l’objectif ultime de l’exercice. Il sera donc impératif de mesurer les résultats pour les patients, en vue d’évaluer l’impact au niveau individuel, dans le contexte de la gestion à long terme de sa situation médicale.
L’auteur de cette carte blanche, Luc Brucher, est public sector & healthcare leader chez Deloitte Luxembourg.