Stefan Van Geyt, group CIO au sein de KBL European Private Bankers.  (Photo: KBL epb)

Stefan Van Geyt, group CIO au sein de KBL European Private Bankers.  (Photo: KBL epb)

Cette semaine dans sa chronique de chef économiste, Stefan Van Geyt, group CIO au sein de KBL European Private Bankers, se concentre sur les obligations vertes.

Il y a un peu plus de 10 ans, la Banque européenne d’investissement (BEI) émettait sur la Bourse de Luxembourg une obligation portant un nom inhabituel: le «Climate Awareness Bond». Cette obligation offrait aux investisseurs la possibilité d’investir dans un support dont les fonds sont dédiés au financement de projets en lien avec les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

Ce titre à revenu fixe émis en 2007 était le précurseur d’une classe d’actifs plus connue aujourd’hui sous l’appellation «obligations vertes».

À la suite de l’émission de la BEI, le marché des obligations vertes s’est développé lentement, mais sûrement – pour atteindre 4 milliards d’euros en 2010, puis 10 milliards d’euros en 2013 –, avant d’exploser et d’enregistrer un montant d’émissions record de 15 milliards d’euros au cours du seul mois de janvier 2019.

Quels sont les facteurs à l’origine de l’envolée du marché des obligations vertes, qui s’enorgueillit de compter désormais plus de 600 émetteurs à travers le monde et qui s’approche à grands pas de la barre des 400 milliards d’euros de valeur totale?

Cette niche obligataire est née à peu près en même temps que le mouvement plus vaste de l’investissement responsable.

Stefan Van Geytgroup CIOKBL European Private Bankers

Tout d’abord, il est à noter que cette niche obligataire est née à peu près en même temps que le mouvement plus vaste de l’investissement responsable, qui a basculé en 2006 lorsque les Nations unies et un petit groupe d’investisseurs institutionnels ont adopté les Principes pour l’investissement responsable (PIR).

Ces principes promeuvent l’intégration de facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance dans les décisions d’investissement, afin de mieux gérer les risques et de générer des rendements durables à long terme. Ils comptent désormais plus de 2.000 signataires à travers le monde, parmi lesquels des investisseurs et des gérants d’actifs, qui, collectivement, représentent plus de 73.000 milliards d’euros d’actifs détenus ou gérés.

Dans ce contexte, les obligations vertes poursuivent un objectif spécifique: apporter un financement pour des projets nouveaux ou existants ayant pour objectif d’avoir un impact environnemental positif pouvant être évalué et, dans la mesure du possible, quantifié.

Bien qu’il n’y ait pas de définition unique de la composante d’une obligation verte, plus de 95% des émetteurs s’appuient désormais sur une certaine forme de certification externe.

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De tels projets portent sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, la prévention et le contrôle de la pollution, la gestion durable des terres et des ressources naturelles, la biodiversité, la gestion de l’eau et des déchets, ainsi que le transport propre.

Bien qu’il n’y ait pas de définition unique de la composante d’une obligation verte, plus de 95% des émetteurs s’appuient désormais sur une certaine forme de certification externe pour apporter la preuve de leur bonne foi dans l’appréhension du développement durable. Cela inclut, en particulier, l’adhésion sur une base volontaire à des directives, telles que les Climate Bonds Standard et les Green Bond Principles de l’International Capital Market Association, qui recommandent la transparence et la publication d’informations de manière à soutenir le développement du marché des obligations vertes dans une optique d’intégrité.

Comme dans le paysage global de l’investissement responsable, il s’avérera essentiel d’étendre l’accessibilité, la comparabilité et la publication de données pertinentes pour une poursuite de l’élargissement de la base des émetteurs et des investisseurs sur le marché des obligations vertes.

Le marché des obligations vertes libellées en euros a enregistré une belle performance au cours de ces cinq dernières années.

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Pour l’heure, la première obligation verte ayant été émise en Europe, il n’y a rien de surprenant à ce que le continent enregistre le pourcentage le plus élevé d’émissions d’obligations vertes et que plus de 40% de l’ensemble des obligations vertes soient libellés en euros (contre 23% en dollars).

Le marché des obligations vertes libellées en euros a enregistré une belle performance au cours de ces cinq dernières années, générant un rendement annuel moyen de 3,6% depuis janvier 2014.

Dans une mesure au moins aussi importante, les obligations vertes financent l’introduction de pratiques agricoles durables en Pologne, de solutions à énergie solaire en Afrique du Sud, de l’écotourisme en Indonésie, de logements sociaux économes en énergie en France, d’éoliennes au Mexique et de l’eau potable propre en Suède.

À peine une décennie après la première émission, la liste de ces projets utiles ne cesse de s’allonger – soulignant ainsi l’attrait particulier des obligations vertes, qui représentent potentiellement l’opportunité de générer de solides rendements sur le long terme et d’avoir un impact positif mesurable sur la planète que nous partageons tous.