Alfred Hitchcock savait jouer de son image pour faire son autopromotion. (Photo: Cercle Cité/collection Paul Lesch)

Alfred Hitchcock savait jouer de son image pour faire son autopromotion. (Photo: Cercle Cité/collection Paul Lesch)

Alfred Hitchcock est un personnage singulier qui suscite l’intérêt de nombreuses personnes. Chez certaines, comme Paul Lesch, elle tourne même à la passion. Son incroyable collection d’objets et documents en lien avec le réalisateur est en partie présentée dans une exposition au Cercle Cité, autour du thème de la «marque Hitchcock».

Cela fait déjà plus de 40 ans qu’Alfred Hitchcock est décédé, mais son nom et son image restent une référence universelle et dans la mémoire collective. Ce maître du suspense, de l’humour macabre et d’un cinéma de qualité a su, bien avant les autres, se servir de son propre personnage et de sa personnalité comme d’un instrument de marketing pour promouvoir ses films. C’est cet axe singulier qui a été choisi comme thème pour articuler l’exposition «Hitchcock. The Brand», actuellement présentée au Ratskeller du Cercle Cité à Luxembourg.

Au cours de son enfance,  découvre les films d’Alfred Hitchcock, alors diffusés à la télévision aux heures de grande écoute. Pour lui, c’est le début d’une passion qui le consume encore aujourd’hui. On connait Paul Lesch comme directeur du Centre national de l’audiovisuel (CNA) et comme grand cinéphile. Le public le découvre aujourd’hui comme un collectionneur inconditionnel de tout ce qui touche à Alfred Hitchcock. Pour l’exposition qu’il a conçue pour le Cercle Cité, en concordance avec le Luxembourg City Film Festival, il a choisi de développer le thème de l’image publique d’Hitchcock, la construction d’une «marque» forte et cohérente, et pioche allègrement dans sa collection privée pour illustrer son propos.

Une silhouette reconnaissable entre mille

Hitchcock a eu, dès le début de sa carrière, un sens aigu de l’autopromotion et arrivait à attirer l’attention sur sa personne, lui, le réalisateur, alors qu’à l’époque, le public n’avait d’yeux que pour les acteurs. Il a façonné sa propre image et est vite devenu une icône facilement reconnaissable.

L’exposition est construite en différents chapitres qui sont autant de «dispositifs» que le réalisateur a mis en place et développés pour faire son autopromotion, et celle de ses films par ricochet. Elle analyse comment Hitchcock a eu recours à une multitude de méthodes pour imposer son image et fabriquer une marque puissante et originale à la hauteur de ses ambitions.

Cela passe par des apparitions furtives de lui-même dans ses films, la réalisation de séries télé «Alfred Hitchcock presents» où le réalisateur n’hésite pas à se déguiser, à se mettre en scène dans des situations macabres souvent très drôles, ou encore des articles dans la presse savamment orchestrés, avec des séances photos réalisées par les plus grands photographes de l’époque. C’est aussi une reconnaissance portée par ses pairs, les réalisateurs français François Truffaut, Éric Rohmer ou Claude Chabrol qui, à travers les Cahiers du cinéma ou des ouvrages consacrés à son travail, «valident» le talent du réalisateur.

Aujourd’hui, le réalisateur et sa silhouette si reconnaissable continuent d’inspirer les créateurs, artistes et musiciens. C’est ce qui est montré dans la dernière partie de l’exposition, qui souligne à quel point ce maître du suspense a su se faire une place de premier ordre dans la culture du 20e siècle et qui illustre parfaitement la longévité et l’actualité de la marque Hitchcock.

«Hitchcock. The Brand», au Cercle Cité, du 11 février au 10 avril, entrée libre, tous les jours de 11h à 19h, rue du Curé à Luxembourg. Visite guidée gratuite tous les samedis à 15h.