Stefan Van Geyt, group CIO au sein de KBL European Private Bankers. (Photo: KBL epb)

Stefan Van Geyt, group CIO au sein de KBL European Private Bankers. (Photo: KBL epb)

Cette semaine dans sa chronique de chef économiste, Stefan Van Geyt, group CIO au sein de KBL European Private Bankers, se concentre sur le tourisme chinois à l’étranger.

Les touristes chinois voyagent plus loin, séjournent plus longtemps et dépensent plus que jamais, et cela ne fait que commencer...

Le tourisme chinois à l’étranger s’est développé si rapidement ces dernières années qu’il est devenu un moteur incontournable de l’économie mondiale. Ce phénomène pourrait même avoir un effet bénéfique sur le conflit commercial actuel entre Pékin et Washington. En effet, il constitue également le principal facteur de réduction de l’excédent de la balance courante de la Chine, contribuant à apaiser les tensions avec des pays comme les États-Unis qui affichent un lourd déficit commercial avec le pays le plus peuplé au monde.

Aujourd’hui, les touristes chinois effectuent plus de 4 milliards de voyages d’agrément sur leur territoire national. Mais la véritable croissance se situe au niveau du tourisme vers l’étranger, qui a progressé de plus de 6% par an et devrait continuer à se développer grâce à la prospérité croissante des Chinois et à la réduction des restrictions qui leur sont imposées en termes de visas.

Les destinations plus lointaines comme l’Australie, l’Europe et les États-Unis se taillent rapidement une part de marché croissante.
Stefan Van Geyt

Stefan Van Geytgroup CIOKBL epb

Cette année, les touristes chinois devraient effectuer environ 150 millions de voyages à l’étranger, contre 57 millions en 2010; et dépenser près de 270 milliards d’euros. Cela fait de la Chine le plus grand marché du tourisme vers l’étranger au monde, tant en termes de déplacements que de dépenses touristiques.

Les destinations proches comme Hong Kong et Macao sont actuellement les plus prisées par les touristes chinois. Toutefois, les destinations plus lointaines comme l’Australie, l’Europe et les États-Unis se taillent rapidement une part de marché croissante. Elles devraient à terme représenter environ la moitié du marché du tourisme chinois à l’étranger.

En 2003, à peine 150.000 touristes chinois avaient visité les États-Unis, contre plus de 3 millions l’an passé. Après plus d’une décennie de croissance soutenue, la Chine est devenue aujourd’hui la première source de dépenses touristiques entrantes aux États-Unis, ce qui reflète à la fois la hausse du nombre de visiteurs chinois et celle des dépenses moyennes (près de 4.500 dollars par visiteur selon Nielsen).

Les entreprises soucieuses de profiter de la croissance du tourisme chinois doivent être conscientes du fait que, même si la plupart des Chinois ne sont autorisés à voyager à l’étranger que depuis peu, leurs préférences ont rapidement évolué.

Plutôt qu’une visite éclair de sites emblématiques avec cinq minutes pour prendre un selfie, le touriste chinois d’aujourd’hui est davantage susceptible de privilégier un séjour plus long.
Stefan Van Geyt

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Bien qu’ils restent de gros consommateurs, avec un appétit marqué pour les produits de luxe et un attrait particulier pour les boutiques «duty free» des aéroports, ils optent de plus en plus pour les voyages offrant de belles expériences, conformément à la tendance mondiale.

Plutôt qu’une visite éclair de sites emblématiques avec cinq minutes pour prendre un selfie, le touriste chinois d’aujourd’hui est davantage susceptible de privilégier un séjour plus long. Les jeunes sont de plus en plus désireux de couvrir leurs dépenses via des plates-formes de paiement par téléphone mobile comme WeChat (qui compte plus de 800 millions d’utilisateurs) et Alipay (plus de 400 millions).

Quel que soit l’âge, bien manger est une activité primordiale, un tiers des touristes chinois déclarant que la gastronomie est un facteur important dans le choix de leur destination, selon McKinsey.

Avec un revenu moyen par habitant de 14.000 euros, seule une fraction de la population chinoise peut se permettre un repas étoilé au Michelin. Cela étant, une fraction de 1,4 milliard de personnes représente un chiffre colossal, et près de 10% des millionnaires de la planète en font partie.