Malgré la rapide mise en examen du policier incriminé, la mort de George Floyd a été une étincelle à un ras-le-bol exprimé violemment dans une centaine de villes américaines et, plus calmement, dans 36 villes dans le monde. (Photo: Shutterstock)

Malgré la rapide mise en examen du policier incriminé, la mort de George Floyd a été une étincelle à un ras-le-bol exprimé violemment dans une centaine de villes américaines et, plus calmement, dans 36 villes dans le monde. (Photo: Shutterstock)

Le meurtre d’un noir américain, George Floyd, étouffé par un policier à Minneapolis le 25 mai, a déclenché une onde de choc mondiale. Aux émeutes dans une centaine de villes aux États-Unis ont succédé des manifestations un peu partout dans le monde, dont une prévue ce vendredi au Luxembourg.

«Ne me tuez pas!» Entre le trottoir et la roue arrière droite de sa voiture, George Floyd prononce sa dernière phrase. Il est un peu plus de 20 heures, le 25 mai, à Powderhorn, banlieue sud de Minneapolis. L’agent Derek Chauvin, qui a le genou et tout son poids sur le corps du quadragénaire depuis cinq minutes, mettra encore 2’53” à comprendre que le géant noir, ancien basketteur et joueur de football américain, est mort.

Les policiers ont été appelés par un buraliste, à qui le père de deux filles, de 6 et 22 ans, venait de payer un paquet de cigarettes avec un faux billet de 20 dollars. L’homme était arrivé dans cette ville quelques jours plus tôt, depuis Houston, où il avait perdu son travail à cause du Covid-19.

Les badauds, nombreux ce soir-là, filment toute la scène et la diffusent sur les réseaux sociaux. La toile s’enflamme et les quartiers de la ville aussi. Dès le lendemain, alors que les policiers sont sous le coup d’une enquête pour meurtre du FBI, commencent de premières manifestations.

Le 29 mai, M. Chauvin est inculpé de meurtre au troisième degré pour avoir étranglé et asphyxié George Floyd. Le ras-le-bol des noirs américains se manifeste de plus en plus violemment dans une centaine de villes américaines, obligées de faire appel à la Garde nationale et de décréter un couvre-feu pour tenter de calmer tout le monde.

Selon des universitaires de Princeton et Rutgers, 28,3% des 1.952 Américains tués par la police en 2014 et 2015 étaient noirs, alors que les Afro-Américains ne constituent que 13% de la population.

Le recours à la Garde nationale n’est plus arrivé depuis 1984, mais à l’époque, le président Reagan avait pu se «contenter» de 500 gardes nationaux, contre près de 15.000 cette fois.

Dimanche, les manifestants mettent le cap sur la Maison Blanche, où le protocole prévoit que les numéros 1 et 2 soient mis à l’abri dans des endroits différents. Donald Trump est emmené dans le bunker sous la résidence du président américain. 24 heures plus tard, le couvre-feu est avancé et le président américain annonce qu’il fera appel à l’armée à chaque fois que le gouverneur d’un État tardera à mettre en œuvre les mesures qu’il préconise.

Ici, les manifestants ressortent les images de Martin Luther King, là, ils mettent un genou à terre, dans la position du footballeur américain, en hommage à Floyd, là encore, ils s’allongent face contre terre, mains croisées dans le dos en insistant: «Ne nous tuez pas!»

Plus de 4.500 personnes ont été arrêtées à l’occasion des manifestations aux États-Unis.

Ce nouveau crime d’un noir américain suscite l’émotion sur toute la planète et, petit à petit, des manifestations s’organisent un peu partout.

Une manifestation aura lieu ce vendredi, à 14 heures, devant l’ambassade des États-Unis au Luxembourg, à l’appel de Letzriseup. «Nous voulons que les personnes noires puissent envoyer leurs enfants à l’école sans avoir peur qu’ils soient agressés. Nous voulons que les personnes noires soient traitées de la même façon que toutes les autres par la police. Il est temps d’agir en montrant notre solidarité avec tou(te)s les Américain(e)s qui luttent pour la justice», dit le communiqué diffusé ce week-end.