Paolo Vecchi appelle les autorités à montrer l’exemple et s’affranchir des géants américains des logiciels. (Photo: Marie De Decker)

Paolo Vecchi appelle les autorités à montrer l’exemple et s’affranchir des géants américains des logiciels. (Photo: Marie De Decker)

La publication du rapport de PwC commandé par le ministre allemand de l’Intérieur a fait sauter Paolo Vecchi au plafond. Le CEO d’Omnis Cloud milite, depuis longtemps et partout, pour que l’État montre l’exemple. Au Luxembourg comme ailleurs.

L’omniprésence de Microsoft menace la sécurité intérieure, affirme un rapport publié la semaine dernière par PwC pour le compte du gouvernement allemand. Les solutions de logiciel du géant américain sont installées sur 93% des ordinateurs des fonctionnaires allemands.

Paolo Vecchi, est-ce que la situation est la même au Luxembourg?

Paolo Vecchi. – «Il faudrait regarder cela avec précision, mais oui! Évidemment que oui. Ça fait des années que l’on dit que l’État doit montrer l’exemple, mais il est plus facile d’installer des solutions qui vous sont vendues clés en main, en des dizaines de milliers d’exemplaires. Le plus étonnant, c’est qu’un cabinet des Big Four, PwC dans ce cas, rende ces conclusions-là. Habituellement, c’est plutôt l’inverse. Les Big Four rendent des ‘white papers’, créent des événements autour des possibilités qui existent et qui sont largement en faveur des sociétés américaines. Après, là, c’est PwC Germany, dans un pays où la population est très sensible à cette question…

Est-ce qu’il est réaliste de trouver des alternatives à ces géants, ou même des alternatives qui soient européennes?

«Oui, bien sûr, et les exemples sont nombreux en Europe. Il existe beaucoup d’administrations qui ont choisi le logiciel libre, comme Linux ou LibreOffice. Ce sont d’ailleurs souvent des administrations en relation avec la Défense ou la Sécurité intérieure. Prenez DuckDuckGo, ou même la solution française Qwant, qui vous permet de faire des recherches sans que cela ne puisse servir à votre profilage. Quand vous y pensez cinq minutes, c’est même fou que les sites gouvernementaux permettent à Google d’obtenir des informations tellement personnelles sur vous.

Cela fait d’ailleurs un moment que vous publiez des critiques assez précises sur le fait que ces sociétés américaines, y compris les géants du cloud, s’affranchissent du RGPD. Et c’est aussi ce qui explique la création de votre société…

«Oui, mais même avec le RGPD, ces sociétés transfèrent vos données, nos données, vers les États-Unis et ensuite les revendent bien souvent à des sociétés pour des besoins de marketing. Ils font quelque chose d’illégal, parce que ces données échappent ensuite à notre contrôle. Sans parler des transferts entre sociétés sœurs, comme les données de WhatsApp qui sont transférées à Facebook, réseau social auquel WhatsApp appartient!»