Barbara Brecko: «Rien n’empêche le confort, l’originalité, le dépaysement. Il faut cependant raisonner en lieu de travail et en lieu de vie, 8 heures par jour en moyenne.» (Photo: Blitz Agency)

Barbara Brecko: «Rien n’empêche le confort, l’originalité, le dépaysement. Il faut cependant raisonner en lieu de travail et en lieu de vie, 8 heures par jour en moyenne.» (Photo: Blitz Agency)

En amont de l’événement «10x6 Architecture: Co-living & Co-working» organisé par le Paperjam Club le mercredi 24 juin à l’Abbaye de Neumünster, l’une des intervenantes, Barbara Brecko (Ginkgo Solutions Facilities), partage sa vision du co-working.

Quelle est votre vision du co-working à Luxembourg?

Barbara Brecko. – «Née de l’envie de partager, l’idée même de co-working a fait son apparition à San Francisco en 2006. Deux femmes travaillant en solo depuis chez elles (Tara Hunt et Chris Messina) avaient pour habitude de travailler dans un café. Elles eurent ensuite l’idée de partager des bureaux dans un loft et la grande (ou la petite!) histoire du co-working était lancée, avec ou sans tiret!

J’ai vu le phénomène arriver au Luxembourg il y a maintenant 4 ou 5 ans. Outre le côté sympathique de se retrouver dans un même espace pour travailler, les startuppers ont pu cultiver leur envie de travailler ‘nomade’, en toute liberté, et surtout en ne payant que le temps passé, à moindres frais; de ce point de vue, tous les voyants sont au vert.

J’émettrais tout de même quelques réserves concernant la confidentialité et la sécurité. Soyons honnêtes, tous les métiers ou les corps de métiers ne peuvent pas «co-worker» pour des raisons évidentes: un avocat, un comptable, un professionnel du secteur financier ne peuvent évidemment pas co-worker. Bien que nos réseaux Wi-Fi soient évidemment très sécurisés (niveau PSF), un espace de co-working est par définition ouvert: cela signifie que n’importe qui peut circuler autour de vous, voir sur quoi vous travaillez, capter des informations sensibles.

A contrario, le co-working fonctionne très bien pour des métiers créatifs ou consultatifs: designers, développeurs, consultants, professionnels du marketing, etc. Nous en faisons tous les jours l’expérience dans nos espaces de co-working. Loin de vouloir brider la liberté des professionnels, je dirais: ‘dis-moi ce que tu fais, je te conseillerais ou non de co-worker’. Il existe par exemple chez Ginkgo des bureaux de passage pour les nomades, celles et ceux qui transitent au Luxembourg et qui souhaitent se poser en toute tranquillité une ou plusieurs heures. C’est un bon compromis, je trouve.

Quant aux échanges et au plaisir de partager, nos espaces détente (cuisines, terrasses, fitness, lounges, salons) se prêtent bien volontiers aux synergies. On y tisse des liens, et parfois des amitiés se créent. La liberté est aussi dans le choix.

Le co-working risque-t-il de remplacer un jour le fonctionnement classique des entreprises?

«En tout état de cause, je ne crois pas, exception faite peut-être pour les métiers créatifs à 100%, bien que je pense très sincèrement que la concentration nécessite encore et toujours l’isolement. Ce que je pense, en revanche, c’est que l’entreprise du futur sera plus simple, plus fluide, plus souple. Elle devra composer avec la vie et l’envie des collaborateurs et se rendre flexible. Certaines entreprises l’ont déjà compris et l’appliquent à leurs installations en aménageant des espaces privatifs ET des espaces collaboratifs, des ‘cool offices concepts’.

C’est une évolution que nous suivons depuis un moment pour l’adapter (ou non!) à nos centres. Suivre une mode de ‘cool attitude à la californienne’ comme chez Google ou Apple est certes très tentant, car c’est souvent ludique, mais nous essayons à chaque instant d’envisager la meilleure valeur ajoutée pour l’entreprise qui s’installera chez nous. Rien n’empêche le confort, l’originalité, le dépaysement. Il faut cependant raisonner en lieu de travail et en lieu de vie, 8 heures par jour en moyenne.

S’agissant du réel fonctionnement de l’entreprise de demain, c’est un vaste sujet qui dépasse largement le cadre de cette intervention. De mon point de vue, le fonctionnement vu comme organisation ne changera pas radicalement. La seule chose qui changera certainement dans un futur proche c’est que la direction, les ressources humaines s’appliqueront à mieux considérer les affinités et les compatibilités des collaborateurs dans les open spaces pour encourager l’harmonie et favoriser la productivité. Co-worker, c’est bien, mais bien travailler ensemble, c’est encore mieux!»

Vous pouvez vous inscrire  à l’événement 10x6 Architecture: Co-living & Co-working.