Philippe Ledent, expert economist chez ING Belux. (Photo: ING)

Philippe Ledent, expert economist chez ING Belux. (Photo: ING)

Cette semaine, je devrais vous parler des quelques indicateurs publiés confirmant que la reprise économique est en marche ou du moins dans les starting-blocks. En zone euro, l’indice IFO qui mesure la confiance des entreprises a bien progressé, démontrant, si c’était encore nécessaire, que la récession est bel et bien derrière nous.

L’indice de confiance des entreprises françaises, publié par l’Insee, ne dit rien d’autre. Avec la perspective de la levée des mesures de restriction et de confinement, la confiance se relève particulièrement dans le secteur des services, ce qui est une très bonne nouvelle. Aux États-Unis, les statistiques de chômage restent bien orientées, démontrant cette fois que les plans de relance associés aux progrès de la campagne de vaccination permettent de fixer l’économie américaine sur une trajectoire solide de croissance. D’ailleurs, selon toute vraisemblance, le PIB américain devrait revenir à son niveau d’avant-crise dès ce deuxième trimestre 2021.

Bref, voilà de quoi confirmer les perspectives économiques partagées par la plupart des institutions d’une reprise synchronisée au niveau mondial en deuxième partie d’année. Et pourtant, je pense qu’il faut surtout retenir le cri d’alerte du FMI au sujet de la pandémie. Dans une étude publiée le 19 mai dernier, mais qui n’a vraiment trouvé écho que cette semaine, l’économiste en chef du FMI, Gita Gopinath, propose un plan d’action pour éradiquer au plus vite la pandémie et les risques qu’elle fait peser sur les scénarios économiques. Car il ne faut pas se leurrer, alors que la plupart des gouvernements peaufinent ou mettent en application leur plan de relance, confiants que la vaccination l’emportera sur la maladie, le risque de l’émergence de nouveaux variants, éventuellement plus dangereux et plus résistants aux vaccins, reste bien présent compte tenu du faible taux de vaccination dans une part importante du monde.

Avec le transfert des doses excédentaires commandées par la plupart des pays développés et ces investissements, il serait possible, selon le FMI, d’atteindre un taux de vaccination d’au moins 40% dans chaque pays du monde d’ici la fin de l’année.
Philippe Ledent

Philippe Ledentexpert economistING Belux

Éliminer ce risque ne coûterait, selon le FMI, que 50 milliards USD (pour rappel, le PIB mondial dépasse 80.000 milliards USD). Ce plan passe par des investissements dans les capacités de production de vaccins, un meilleur tracing et tracking, ou encore une meilleure prise en charge des malades aussi longtemps que la vaccination n’est pas réalisée. Avec le transfert des doses excédentaires commandées par la plupart des pays développés et ces investissements, il serait possible, selon le FMI, d’atteindre un taux de vaccination d’au moins 40% dans chaque pays du monde d’ici la fin de l’année, et de 60% d’ici le milieu de 2022.

Voilà de quoi contrer sérieusement la propagation de la pandémie, et de quoi minimiser le risque de se retrouver à la case départ de la pandémie. Le FMI estime qu’un tel plan pourrait avoir, au-delà des vies humaines préservées, un rendement de 9.000 milliards USD à l’échelle de la planète. Gardons à l’esprit que la bataille n’est pas terminée, et que le beau scénario de reprise qui se dessine reste à la merci de la pandémie. Alors, éliminons ce risque au plus vite!