Pierre Richard apporte son humour tendre au film «Les âmes de papier». (Photo: Ricardo Vaz Palma)

Pierre Richard apporte son humour tendre au film «Les âmes de papier». (Photo: Ricardo Vaz Palma)

On se demande beaucoup ces jours-ci si l’on peut rire de tout… Même de la mort? À cette question, Vincent Lannoo et son scénariste François Uzan répondent clairement par l’affirmative. «Les âmes de papier» met en scène Paul (Stéphane Guillon) écrivain qui n’arrive pas à oublier sa femme décédée et écrit pour les autres… des oraisons funèbres.

C’est ce qui va l’amener à rencontrer Emma (Julie Gayet), une jeune veuve, qui lui fait une demande inédite: raconter son mari disparu à son fils de 8 ans. Ce qui doit arriver arrive, une idylle se noue entre eux. Mais plutôt que de verser dans la comédie romantique hollywoodienne, le film bascule quand ressurgissent les fantômes du passé. Les personnages devront apprendre à faire leur deuil et seront curieusement aidé par les morts eux-mêmes.

Le film, coproduit par Claude Waringo pour Samsa Film, a été tourné en partie à Luxembourg, essentiellement pour les intérieurs puisque l’action se passe à Paris. On se souvient d'ailleurs du Tweet peu aimable de Stéphane Guillon qui disait s'ennuyer à mourir à Luxembourg. Il s’ouvre cependant sur une scène tournée au cimetière Notre-Dame qui donne d’emblée le ton puisqu’on ne peut s’empêcher de sourire à l’écoute de l’hommage cocasse qu’une veuve rend à son mari («Tu étais un con mais je t’aimais»). Sourire qui s’élargit quand une fanfare débarque (un clin d’œil à Kusturica?), menée par notre trompettiste national Gast Waltzing, qui signe par ailleurs l’entêtante musique du film.

Durant tout le film, le spectateur sera balancé entre l’émotion et le rire. «J’aime la manière dont ce film confronte la mort et l’humour. Comme seul, a priori, Woody Allen est capable de le faire. Car, à mes yeux, il n’y a que deux manières de vaincre la mort. Celle de Roméo et Juliette qui meurent ensemble la main dans la main et ne seront donc jamais séparés. Et puis la plus belle de toutes selon moi: celle d’en rire», explique le réalisateur Vincent Lannoo.

Ce rire, c’est aussi par les personnages secondaires qu’il arrive. Victor, le voisin de palier de Paul est particulièrement croustillant. Obsédé par les archives dans lesquelles il vit littéralement, il fait tout ce qu’il peut pour sortir son ami de la solitude. C’est un Pierre Richard très investi qui joue ce rôle. «J’avais envie d’un Pierre Richard qui me refasse rire, qui soit capable de refaire des chutes… mais avec une dimension émotionnelle encore plus grande. Et j’ai eu le bonheur d’assister à une vraie rencontre avec Stéphane (Guillon). C’était magique», se souvient le réalisateur.

Coproduction oblige, la liste technique comprend plusieurs luxembourgeois. Qui sont parfaitement à leur place. Les décors de Véronique Sacrez, notamment, sonnent toujours justes. «Elle a fait un travail magnifique sur les différents intérieurs, notamment l’appartement de Victor qui, à l’écran, réussit à paraître aussi magique qu’il était décrit au scénario. Et ce, jusque dans les moindres détails. Par exemple, toutes les archives du ghetto de Varsovie sur lesquelles Victor travaille sont de vraies archives de musée. Dans son tiroir, il y avait des lettres de dénonciation non ouvertes envoyées à Pétain. Cela a forcément aidé Pierre à être totalement dans son personnage», salue Vincent Lannoo.

Si ce n’est pas le film de l’année, c’est une jolie comédie où l’émerveillement est au rendez-vous.