Nicole Max joue dans le film Fieber. Le décor reproduit bien l'ambiance de l'époque. (Photo: Amour Fou Luxembourg)

Nicole Max joue dans le film Fieber. Le décor reproduit bien l'ambiance de l'époque. (Photo: Amour Fou Luxembourg)

Le festival Diagonale a lieu chaque année à Graz et se focalise sur le cinéma autrichien. Par le biais de la coproduction, «Fieber» de Elfi Mikesch a pu y être présenté. Amour Fou Luxembourg et Amour Fou Vienne sont en effet les coproducteurs de ce film tourné au Luxembourg, au Tyrol du Sud, en Styrie et à Novi Sad. Le film est interprété par Eva Mattes, Martin Wuttke, Nicole Max, Carolina Cardoso, Sascha Ley, Luc Feit, André Jung...

Ce ne sont pas les comédiens ou le scénario qui a été cette fois salué, ce sont les décors, signés par Christina Schaffer, une habituée des plateaux luxembourgeois.

Le jury, constitué du critique de cinéma suisse Florian Keller, du producteur autrichien Dieter Pochlatko et de la rédactrice allemande du ZDF Claudia Tronnier, a commenté sa décision comme suit: «Avec le Prix Diagonale du meilleur décor pour un long-métrage de fiction, nous honorons une artiste pour la prestation exceptionnelle qu'elle fournit dans son travail. Dans un film qui recrée, d'une façon très touchante, une géographie imaginaire de la mémoire, la décoratrice réussit à mêler souvenirs et réalité d'une façon poétique, et ceci à plusieurs niveaux. Le mélange savant entre les photographies, la texture des tissus, les papiers peints et les dessins orientaux parvient à créer une atmosphère expressive.»

Un travail sociologique

La chef décoratrice nous explique aussi son travail. «Je me base d’abord sur mes sentiments à la lecture du scénario, j’imagine les couleurs et les textures.» Pour ce projet précis, elle a été très heureuse du travail avec la réalisatrice Elfi Mikesch, qui «avait une vision très poétique et métaphorique, me laissant beaucoup de marge de manœuvre».

Après une première approche, basée sur ses impressions, Christina Schaffer effectue un travail de recherche avec des documents d’époque, des images, des reconstitutions… «C’est un travail presque sociologique pour transformer une histoire, une situation en couleurs.» C’est ainsi que pour le film Schatzritter, elle s’était basée sur un livre historique autour des chevaliers où un bleu, un vert et un rouge spécifiques revenaient régulièrement. Ce sont donc ces couleurs qui l’ont guidées pour le film.

Dans le travail de décorateur, il y a aussi une part non négligeable de fabrication ou de transformation pour obtenir des meubles «d’époque» sans avoir à les acheter ou à louer des reproductions onéreuses. Christina se souvient ainsi avoir transformé une chaise des années 40 en un fauteuil Renaissance.

La chef décoratrice n’a pas de projet de film dans l’immédiat, ce qui ne l’inquiète pas vraiment: «C’est le rythme normal du métier, il faut vivre avec cela.» Elle pose un regard bienveillant sur le cinéma luxembourgeois, y compris dans les développements récents des aides à la production. «Je trouve que cela fait sens d’axer les aides sur des projets luxembourgeois. J’aime beaucoup travailler avec des jeunes réalisateurs, y compris sur des courts-métrages. Ils nous poussent à ouvrir les yeux et à se remettre en question.»

Fieber est projeté au Ciné Utopia