Le CEO de Curve, Shachar Bialick, veut transformer 36 manières de payer en une seule. La sienne. (Photo: Curve)

Le CEO de Curve, Shachar Bialick, veut transformer 36 manières de payer en une seule. La sienne. (Photo: Curve)

La nouvelle génération d’entrepreneurs a encore plus faim que celle de leurs aînés. Et surtout, ils veulent «oublier» tous ceux qui ralentissent, bloquent ou facturent des services financiers sans valeur ajoutée. Au Paris Fintech Forum, mardi au palais Brongniart, des banquiers ont failli s’étrangler…

Le langage est cru comme un steak tartare. Assaisonné aussi. «Ce sont tes putain de 100 cartes de crédit en une. Ta porte d’accès à l’argent pour rien. Ton firewall personnel. Ton sacré compagnon de voyage. Eh oui, c’est une machine.»

Le site de Curve ne s’embarrasse pas de rondeurs. Après trois ans passés dans les forces spéciales israéliennes, Shachar Bialick va droit au but. Sa start-up a levé 74 millions de dollars, dont 55 millions dans une série B, l’été dernier, emmenée par Gauss Ventures.

En décembre, le jeune homme, pull jaune et tête de gendre idéal, a annoncé que sa technologie fonctionnerait sur les Garmin, Fitbit et autres Wena de Sony.

Mardi, au Paris Fintech Forum, le Britannique a annoncé que les clients européens pourraient utiliser Apple Pay.

Son but? Offrir tous les services en quelques clics sans laisser le temps à des clients déboussolés par les dizaines de technologies différentes de se perdre.

Sur la scène du Paris Fintech Forum, mardi matin, juste après les légendes Brett King et David Birch, pour qui le boom des fintech remonte à 2014, et après un Laurent Nizri, organisateur de l’événement, énigmatique sur la poursuite ou non de la conférence parisienne, la jeune génération a pris le pouvoir.

Son objectif? Se passer des acteurs traditionnels. Outre Bialick et ses 800.000 clients de Curve, néo-banque déjà valorisée à plus de 250 millions de dollars, on trouve Jean-Charles Samuelian, dont le projet Alan ressemble à une mutuelle de santé mais qui regroupe en réalité tout le processus des soins, de la prise de rendez-vous avec un médecin au remboursement, en passant par l’ordonnance digitale. «Je veux aller en profondeur», de tout ce qui ne va pas dans le domaine de la santé, «pour rendre les choses plus simples».

Près de 70.000 utilisateurs et 4.520 entreprises ont rejoint le mouvement de cette simplification sans intermédiaires.

C’est aussi pour se passer de banques incapables d’établir un «credit score» personnalisé que l’Espagnole Lupina Iturriaga a lancé Fintonic. Le client ne va pas tout le temps payer le même crédit, immobilier par exemple, en fonction de son profil de risque, mais il est sûr de ne pas être renvoyé parce qu’il ne correspond pas aux profils de risque de la banque à laquelle il s’adresse.

Une quinzaine de banques utilisent elles-mêmes cette plate-forme pour trouver de nouveaux clients. «Nous accumulons des données depuis 2012, mais évidemment nos analyses de risque se précisent au fur et à mesure», a expliqué la jeune femme. L’an dernier, Fintonic a prêté 100 millions d’euros.

Si l’Espagnole développe l’éducation financière de consommateurs qui n’ont pas d’autres habitudes que de se voir refuser un prêt bancaire, l’Américain Brandon Krieg a de son côté déjà attiré deux millions de clients – américains – sur sa plate-forme qui propose, outre des services bancaires classiques, des modules d’éducation financière et d’investissement, via des ETF.

En mars dernier, le New Yorkais a ajouté 73 millions de dollars aux 110 autres millions de dollars qu’il avait déjà levés depuis 2015.

100 millions de ménages américains sont exclus de la possibilité d’épargner, explique-t-il. Chez Stash, c’est possible à partir de 5 dollars! «Stash a pour mission de responsabiliser une nouvelle génération d’investisseurs, en donnant à chacun l’accès à des opportunités financières. Les investisseurs s’inscrivent dans l’application ou en ligne et choisissent parmi une courte liste d’investissements organisés pour eux. Le conseiller Stash aide à guider les investisseurs à partir de là, avec des conseils, du soutien et des recommandations», explique M. Krieg.

Des idées qui sonnent en creux comme des projets qui voient le jour au Luxembourg. Comme. Ou comme le Startalers de Gaëlle Haag.