Pour les économistes, les questions sont plus nombreuses que les réponses. Mais la tendance ne serait pas à l’alarmisme.  (Photo: Nader Ghavami)

Pour les économistes, les questions sont plus nombreuses que les réponses. Mais la tendance ne serait pas à l’alarmisme.  (Photo: Nader Ghavami)

2019 devrait être marquée par une tendance macroéconomique stable, si l’on excepte les effets d’événements imprévisibles comme le Brexit.

Cet article est paru dans l'édition mars 2019 du .

Des nuages à l’horizon, mais une météo qui ne tournerait pas à l’orage. Les spécialistes et autres économistes continuent de proposer des scénarios en demi-teinte pour décrire l’année 2019 sur le plan économique.

Les discours du début d’année laissent transparaître une forme de stabilisation. «Si vous observez la tendance à court ou moyen terme, elle va vers une stabilisation de l’économie globale après un ralentissement de fin 2018», pointait ré­cem­ment Oliver Rakau, chief german economist chez Oxford Economics, un des leaders de l’intelligence économique au niveau mondial.

M. Rakau était l’invité, le 5 février dernier, d’une conférence-débat organisée par le Statec sur les perspectives de 2019. «En considérant les fondamentaux, en particulier dans la zone euro, qui sont par exemple la bonne santé du marché du travail, des politiques fiscales et de la Banque centrale européenne accommodantes, tous ceux-ci sont en faveur de la consommation domestique et de l’investissement, par exemple dans l’immobilier», ajoutait Oliver Rakau.

 Il pourrait y avoir des répercussions pour l’Europe dans un contexte où les États-Unis continuent d’avoir un grand besoin d’importation de biens.

Oliver RakauChief german economistOxford Economics

Mais ces fondamentaux pourraient être perturbés par une baisse de la confiance des con­som­mateurs, qui est pourtant en hausse. Parmi les facteurs qui pourraient troubler leur moral, la «guerre commerciale» plus ou moins larvée entre les États-Unis et la Chine est régulièrement citée.

«La question la plus importante est l’ampleur de l’impact sur le commerce mondial, notait Oliver Rakau. Il pourrait y avoir des répercussions pour l’Europe dans un contexte où les États-Unis continuent d’avoir un grand besoin d’importation de biens.»

Quant au Brexit, l’espoir n’est pas perdu non plus. «Nous pensons qu’un accord sera négocié d’ici à la fin mars ou un peu plus tard si un délai est accordé. Le scénario d’un retournement de situation avec un ‘remain’ nous semble plus probable. Mais une sortie sans accord représente une voie risquée. Nous espérons qu’un accord soit trouvé, tout simplement parce qu’il en va de l’intérêt des deux parties.» Un accord qui interviendrait à quelques jours de la «deadline», cette fameuse date du 29 mars prochain qui se rapproche inexorablement.

Savoir raison garder

Les signaux sont toujours verts, mais les turbulences – a priori passagères – rendent plus que jamais la mission des prévisionnistes périlleuse.

«Il y en a partout: la France et les ‘gilets jaunes’, le Royaume-Uni et le Brexit, l’Allemagne et une croissance moins élevée que prévu, l’Italie et sa situation délicate… Faire des prévisions dans ce contexte est délicat», confiait ré­cemment Muriel Bouchet, nouveau directeur de la Fondation Idea, en visite à la rédaction de Paperjam.

«Beau­coup de choses que l’on craignait soit ne sont pas arrivées, soit n’ont pas eu les effets dévastateurs annoncés. Le meilleur exemple, c’est l’élection de Trump. Il faut donc relativiser tout ce qui est annoncé par les uns et les autres», tempérait à cette occasion son collègue Michel-Édouard Ruben.

Dans un monde où l’émotion est partagée et souvent décuplée en instantané par les réseaux sociaux, peut-être faut-il savoir raison garder. Reste que la Commission européenne a tout de même revu ses prévisions d’hiver à la baisse, comparativement aux chiffres avancés à l’automne dernier: les équipes du commissaire Moscovici tablent sur un taux de croissance de 1,5% pour 2019.