David Wagner: «Nous avons pu assister à un dépassement impressionnant des capacités d’accueil et de soin dans la partie du monde considérée comme étant la plus riche et la plus développée du monde» (Photo: Jan Hanrion / Maison Moderne)

David Wagner: «Nous avons pu assister à un dépassement impressionnant des capacités d’accueil et de soin dans la partie du monde considérée comme étant la plus riche et la plus développée du monde» (Photo: Jan Hanrion / Maison Moderne)

Je ne serai certainement ni le premier ni le dernier à l’affirmer: la crise du Covid constitue le prélude à une apocalypse. Non pas l’apocalypse telle qu’on l’entend communément, au sens de «fin du monde», mais bel et bien dans son sens originel et étymologique, à savoir du «dévoilement».

Aux yeux des tenants su système économique et politique actuel, la crise économique que nous traversons et dont nous ne voyons actuellement que les prémisses n’aurait pour seule et unique cause «la faute à pas de chance», la malchance s’étant cette fois-ci incarnée sous les traits d’un virus qui serait apparu par malchance sur les étals d’un marché chinois.

Or, il n’en est rien.

Depuis longtemps, de nombreux penseurs de la question environnementale (à l’instar de Daniel Tanuro pour n’en citer qu’un) ont pointé du doigt le risque d’une telle pandémie. Ces penseurs étant toutefois convaincus du lien étroit entre le mode de production capitaliste dans un contexte de libéralisation des échanges commerciaux et de capitaux au niveau mondial, ils ne furent que peu entendus dans les grands médias traditionnels.

Le SRAS-CoV2 n’est pas le premier virus dont la propagation est liée au modèle économique dominant. Zika, Chikungunya, Ebola, H5N1 (sans oublier, sous nos latitudes, l’expansion de la maladie de Lyme due à la prolifération accrue des tiques) sont autant de maladies qui sont intimement liées aux pratiques d’extraction et de production culminant dans la déforestation, l’élimination des écosystèmes naturels et dont une des conséquences est la réduction de la distance entre certaines espèces sauvages et l’être humain. Le tout enveloppé par un dérèglement climatique dont les dégâts écosystémiques sont de nature exponentielle.

Venons-en ensuite à la gestion du secteur sanitaire. Lors du déclenchement de la pandémie sur le sol européen, à commencer par l’Italie, nous avons pu assister à un dépassement impressionnant des capacités d’accueil et de soin dans la partie du monde considérée comme étant la plus riche et la plus développée du monde en termes d’infrastructures publiques. Quant au Luxembourg, il a frôlé la catastrophe si la France avait pris la décision de réquisitionner son personnel médical. Et que dire de l’incapacité de la plupart de certains États de fournir leurs populations en masques, conséquente à la réorganisation des capacités de production à travers le globe?

Si les dégâts économiques se font d’ores et déjà ressentir et risquent de s’accroître de manière historique, il y a fort à craindre que les directions politiques de nos États ne se détourneront pas de la voie libérale actuelle. Au plus interviendront-elles économiquement en faveur de l’«économie», en renflouant – à nouveau – le système bancaire ou en faveur des grands groupes. Tout continuera donc comme avant. Pour la gauche politique ainsi que pour les organisations de travailleurs, les luttes s’annoncent énormes et ne pourront se contenter de «réformettes».

Devant l’accumulation de crises existentielles qui se posent à l’humanité, il s’agira de reprendre le pouvoir politique et économique – et donc aussi bancaire – en main, car la minorité des «1%» les plus privilégiés ne peut définitivement plus continuer à sacrifier l’humanité au nom du profit de quelques-uns.

Cet article a été rédigé

Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine, il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.

Votre entreprise est membre du Paperjam Club, vous pouvez réclamer un abonnement à votre nom.