Les remous de l’élection présidentielle américaine et surtout les avancées dans le développement de vaccins contre le Covid-19 continuent de dominer l’actualité économique et financière. Dès lors, les indicateurs économiques «classiques» passent souvent au second plan. On notera cependant qu’en octobre, les ventes au détail progressaient de 5,7% sur un an aux États-Unis. À l’inverse, la production industrielle reculait de 5,4% sur la même période. Le contraste entre ces deux chiffres est saisissant.
D’un côté, la consommation des ménages semble bien se reprendre, du moins jusqu’en octobre. Elle a donc dépassé de loin son niveau d’il y a un an, mais aussi son niveau de février, juste avant la crise. Il y a certes derrière ce chiffre l’effet de rattrapage lié à des achats qui n’ont pas pu être effectués en raison des mesures de confinement et de restrictions durant la première vague de la pandémie. Mais il y a aussi l’effet des mesures de soutien au revenu des ménages, qui ont été relativement généreuses depuis le début de la crise.
D’un autre côté, les données de production de l’économie américaine montrent davantage la réalité de la pandémie sur l’activité économique. Si la production industrielle se redresse de mois en mois, elle est encore très éloignée de son niveau normal. La faiblesse du niveau d’activité se révèle aussi sur le marché du travail: plus de 10 millions d’emplois manquent toujours à l’appel par rapport au début de cette année.
La fin programmée des mesures de soutien aux revenus des ménages et aux entreprises va révéler les dégâts de la crise de 2020.
Cela illustre que malgré un choc immense sur l’activité, le revenu des ménages a moins baissé que celle-ci grâce aux mesures rapides et fortes de soutien à l’économie. La deuxième vague de la pandémie en cours en Europe et en pleine accélération aux États-Unis ne fera qu’accroître ce fossé. L’indice d’activité de la Fed de Philadelphie, qui représente bien le cycle de l’activité aux États-Unis, s’est d’ailleurs assez nettement replié en novembre, passant de 32,3 à 26,3.
Tout ceci semble annonciateur d’une année 2021 paradoxale: alors même que l’on fêtera (probablement) l’arrivée de vaccins et la maîtrise de la pandémie, la fin programmée des mesures de soutien aux revenus des ménages et aux entreprises va révéler les dégâts de la crise de 2020, dans un contexte d’activité toujours faible.