René Schlechter: «Certains parents séparés ont instrumentalisé la crise du Covid19 et les mesures sanitaires pour mettre en question le droit de leur enfant d’avoir un contact régulier et serein avec l’autre parent.» (Photo: Jan Hanrion / Maison Moderne Publishing SA)

René Schlechter: «Certains parents séparés ont instrumentalisé la crise du Covid19 et les mesures sanitaires pour mettre en question le droit de leur enfant d’avoir un contact régulier et serein avec l’autre parent.» (Photo: Jan Hanrion / Maison Moderne Publishing SA)

Les mesures prises pour lutter contre la pandémie nous ont tous obligés à rester chez nous. Avec la fermeture des écoles et des maisons relais, la généralisation du congé pour raison familiale a permis aux familles de s’organiser pour gérer la crise. Mais les incertitudes quant à l’évolution de la pandémie pèsent sur le mental de tous.

Pour beaucoup d’enfants, la famille est un lieu où ils peuvent trouver confiance, protection et confort. Ainsi beaucoup de familles n’ont pas trop mal vécu les contraintes imposées par le confinement. Les enfants ont pu profiter de la plus grande disponibilité de leurs parents et les parents ont apprécié de partager plus de temps avec leurs enfants.   

Mais le confinement et les mesures de distanciation accentuent aussi les inégalités. Il est autrement plus difficile et pénible de vivre le confinement si on vit à six dans une chambre dans un foyer pour réfugié, que si la famille dispose d’une maison avec jardin équipé d’un trampoline.

Malheureusement, il faut aussi craindre que du fait des mesures sanitaires, des enfants soient plus exposés aux conflits familiaux et à la violence. Ces enfants, qui déjà en temps normal, subissent des actes de violence physique, psychologique ou sexuelle, sont encore plus livrés à leurs parents maltraitants. Ils sont plus isolés et vulnérables. Les stratégies de survie, qu’ils ont pu développer, ne fonctionnent plus. La situation est aggravée par le fait que les enfants n’ont pas accès aux amis d’école, aux enseignants, aux travailleurs sociaux, ni à l’espace et aux services sécurisés qu’offrent les écoles.

Les services d’aide et les acteurs de la protection de l’enfance doivent, nonobstant les contraintes qui découlent des mesures sanitaires, veiller à garantir, voir à améliorer leur accessibilité et leur réactivité.
René Schlechter

René SchlechterPrésidentORK

Si les chiffres concernant les violences envers les enfants ne semblent pas, pour le moment, montrer une augmentation notable des cas, il faut cependant prendre en considération que les enfants victimes de violences sont plus isolés et se trouvent davantage sous le contrôle des parents.

Les services d’aide et les acteurs de la protection de l’enfance doivent, nonobstant les contraintes qui découlent des mesures sanitaires, veiller à garantir, voir à améliorer leur accessibilité et leur réactivité. Ils devraient d’ailleurs être considérés comme essentiels et dotés de ressources en conséquence.

En temps de confinement et de distanciation sociale, faute de pouvoir trainer avec leurs camarades dehors, les jeunes passent beaucoup de temps devant leurs écrans pour jouer, pour visionner des vidéos, mais évidemment aussi pour rester en contact avec leurs copains et leurs copines. Certains enfants ou jeunes peuvent, poussés par l’ennui, adopter des comportements plus audacieux, s’exposer comme cible à des actes de harcèlement ou être la victime de prédateurs sexuels.

Je voudrais finir par un aspect, qui a beaucoup occupé l’Ombudman pour enfant et jeunes. Certains parents séparés ont instrumentalisé la crise du Covid19 et les mesures sanitaires pour mettre en question le droit de leur enfant d’avoir un contact régulier et serein avec l’autre parent. Cela aussi peut être considéré comme relevant de la violence psychologique. Il aurait été opportun de la part des autorités de la Grande Région d’émettre également des règles claires et facilement accessibles quant au droit de visite, notamment aussi pour les enfants, dont un des parents vit au-delà d’une frontière éventuellement fermée. Les règles sanitaires ne devraient en aucun mettre en question le droit de l’enfant de rester en contact avec ses deux parents.

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