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Amélioration de l'attrait de la Grande Région en tant que site économique

Le CICM est d'avis que l'attrait du site pourrait être amélioré par l'élaboration d'une politique économique commune de la Grande Région, dotée de compétences propres. Il s'agit bien sûr d'un processus de longue haleine.

Le CICM propose que les décideurs se concentrent ainsi sur un secteur économique pluridisciplinaire représentatif de la culture et des citoyens de la Grande Région, afin d'établir une première approche effective dans le sens d'une politique économique commune.

Le secteur touristique, qui fonctionne en étroite collaboration avec le commerce et l'artisanat local et régional, ainsi que les petites industries, pourrait être un secteur économique opportun.

Au cours d'une "phase initiale" visant à améliorer l'attrait de la Grande Région en tant que site économique (p.ex. 2003-2007), le marketing commun du site pourrait se concentrer sur le secteur touristique et en faire un pilier capital, commercialisant ainsi la Grande Région en tant que région culturelle centrale, diversifiée et homogène dans l'opinion publique européenne. C'est surtout dans le secteur touristique que les avantages propres à un site et les spécificités régionales peuvent être représentés en commun. Le secteur touristique recèle en outre une offre vaste et variée d'initiatives et d'évènements à caractère interrégional.

Le projet "Luxembourg - Grande Région, Capitale Culturelle 2007" peut représenter une chance unique d'élaborer une image exemplaire de la Grande Région, qui pourrait également être utilisée pour élaborer une politique commune dans le secteur touristique.

Une attention toute particulière devrait toutefois être accordée à la construction des infra-structures nécessaires, car le secteur touristique se caractérise dans l'ensemble des régions membres par l'extrême faiblesse de ses infrastructures.

Au-delà de la phase initiale, les décideurs devraient concentrer la politique économique commune sur un ensemble de domaines et de secteurs importants au cours d'une "phase d'extension" (p.ex. 2005-2012).

Pour ce qui est de cette phase d'extension de la politique - dans le sens de la Grande Région en tant que site économique -, le Mémorandum "Vision 2020", publié par le CICM en novembre 2002 avait déjà fourni une base de réflexion large.

Le CICM distingue cinq piliers essentiels sur lesquels la politique régionale de la Grande Région devrait reposer:

- Rapprochement des conditions-cadres de la politique économique:

Rapprochement des politiques des charges sociales et des impôts, politique fiscale coordonnée envers les PME, suppression des entraves administratives dans l'activité économique transfrontalière, libre accès de toutes les entreprises aux appels d'offres publics de la Grande Région, simplification et homogénéisation des processus administratifs pour les entreprises avec la création de "first stop shops".

- Politique stratégique commune en matière de formation et de sciences:

Mise en place du bilinguisme dans tous les établissements de formation, formation en économie comme matière d'enseignement dans tous les établissements d'enseignement général, qualification de diplômés de l'enseignement supérieur dans le secteur de l'entrepreneuriat, création de cursus de formation au contenu coordonné dans le domaine technico-commercial.

- Amélioration de la mobilité par une infrastructure bien élaborée:

Elimination des carences existantes dans tous les moyens de transport suprarégionaux (route, rail, eau), meilleure coordination des moyens de transport de proximité pour les personnes afin de favoriser la mobilité des salariés, meilleures liaisons entre la Grande Région et les conurbations européennes.

- Promotion économique interrégionale commune:

Création d'un marché des capitaux homogène et interrégional, harmonisation des mesures de promotion économique en faveur des entreprises individuelles, critères homogènes d'aménagement de l'espace et de planification après accord mutuel, lutte commune contre le travail au noir, création de parcs industriels transfrontaliers.

- Offensive d'innovation pour l'économie, en particulier pour l'artisanat et les PME:

Promotion du transfert de technologie entre établissement d'enseignement supérieur et économie, création d'un centre interrégional d'innovation pour les PME et l'artisanat, création d'un réseau de coopération interrégionale d'établissements d'enseignement supérieur et d'entreprises.

Stratégie de marketing efficiente de la Grande Région

En vue d'un marketing efficace de la Grande Région en tant que site, la phase d'élargissement devrait prendre en considération en particulier les aspects suivants:

- Développement d'un programme de missions économiques communes dans des pays tiers et dans d'autres régions membres de l'UE;

- Développement d'un plan directeur en vue de la création d'infrastructures et de parcs industriels (transfrontaliers).

Le développement graduel d'une politique économique commune n'est réalisable que par un travail minutieux acharné au sein des organisations, institutions et organes interrégionaux de la Grande Région. A long terme, il faudra en arriver à une politique concertée d'étapes opérationnelles ("phase de consolidation" p.ex. 2008-2020).

Une nouvelle architecture institutionnelle pour la Grande Région

Le CICM suit avec beaucoup d'intérêt les discussions actuelles portant sur une nouvelle architecture de la Grande Région, étant donné qu'une certaine institutionnalisation du Sommet de la Grande Région sera nécessaire dans un avenir proche, d'autant que la Grande Région sera confrontée à une nouvelle orientation de la politique régionale européenne à partir de 2007.

En tant qu'organe politique central de la coopération transfrontalière et interrégionale, le Sommet devra plus que jamais donner des impulsions au développement de la Grande Région à l'avenir.

En raison d'une situation de plus en plus concurrentielle émanant d'autres régions frontalières de l'UE, en particulier des pays candidats, et d'un remaniement des fonds structurels européens (régions objectif 1, régions objectif 2), les représentants politiques des régions vont devoir prendre ensemble des décisions importantes concernant la politique économique de la région dans son ensemble et la représentation de leurs intérêts au sein de l'UE. Une telle procédure établira par conséquent des politiques interrégionales importantes comme p.ex. la politique interrégionale du marché du travail, la politique en matière d'infrastructures, la politique en matière d'innovation, l'implantation de nouvelles branches d'activité économiques etc.

Le CICM salue de ce fait les propositions présentées par le président de la Commission politique, Jacques Santer, à la presse début de la semaine en rapport avec un "cadre institutionnel élargi". La structure susmentionnée se constituant d'un organe exécutoire ("Conseil Interrégional") au centre, autour duquel seraient rassemblé un Secrétariat Général, des groupes de travail et cinq agences, ainsi qu'un Comité économique et social, un Conseil des Parlementaires, une Représentation des Communes, tout comme une Convention Interrégionale ("Forum de discussion sur des questions d'avenir"), semblent représenter, aux yeux du CICM, une structure adaptée en vue de mettre en place durablement des politiques interrégionales communes.

Une politique concertée et à long terme pour les PME

Le CICM exige l'application des mesures prises par le 6ème Sommet de la Grande Région en vue de "la promotion d'une culture d'entreprise et d'une politique concertée pour les PME". Le CICM avait espéré plus d'initiatives de la part de la présidence sarroise en rapport avec ce sujet, d'autant plus que la Sarre se caractérise par un tissu économique fortement marqué par des PME-PMI.

Les PME, dans le domaine de l'artisanat en particulier, représentent des piliers essentiels pour le développement de perspectives économiques équitables entre les régions membres et apporter une contribution capitale à la consolidation de l'économie et à la préservation du tissu économique traditionnel dans les centres urbains à forte concentration démographique et les régions rurales en retard de développement.

Le CICM espère dès lors que la présidence lorraine va à nouveau mettre à l'ordre du jour le sujet d'une politique concertée, en tant que partie intégrante une politique plus globale de promotion économique.