Guy Wagner, chief investment officer de la Banque de Luxembourg (Photo: BLI)

Guy Wagner, chief investment officer de la Banque de Luxembourg (Photo: BLI)

Lors d’un point presse au Luxembourg, Guy Wagner, chief investment officer de la Banque de Luxembourg, a donné son avis sur les perspectives des marchés financiers. Malgré un environnement actuel marqué par des taux d’intérêt bas et des dettes publiques élevées dans les pays industrialisés, il reste encore des opportunités d’investissement – surtout au niveau des actions de qualité – ainsi que des titres à dividendes, dit l’économiste luxembourgeois.

Assouplissement monétaire quantitatif dans la zone euro, niveau élevé des dettes publiques et d’intérêt bas caractérisent l’environnement actuel. Pour les épargnants, il devient par conséquent de plus en plus difficile d’investir leur argent de manière lucrative. Entretemps, les emprunts d’État avec une échéance de cinq ans d’émetteurs solides comme l’Allemagne, offrent des rendements négatifs, c’est-à-dire que l’investisseur doit payer pour prêter de l’argent à ces émetteurs. Guy Wagner, chief investment officer de la Banque de Luxembourg et administrateur-directeur de la société de gestion BLI - Banque de Luxembourg Investments, commente les perspectives pour l’année courante: «Le rapport risque/rendement s’est clairement détérioré pour les principales classes d’actifs. Pour les marchés obligataires, cette conclusion découle directement du niveau bas des taux.»

Risque accru et potentiel de rendement à long terme plus faible

La situation est différente pour les emprunts d’État américains: «Avec un taux à 10 ans autour de 2%, les États-Unis font presque partie des pays à rendement élevé et leur marché obligataire pourrait ainsi continuer à attirer des capitaux, surtout dans un contexte d’appréciation du dollar.» La détérioration du rapport risque/rendement pour les marchés boursiers résulte du fait qu’en Europe notamment, la progression des cours boursiers a très peu reposé sur la hausse des bénéfices des sociétés. En d’autres mots: «Les actions sont devenues plus chères. Le corollaire en est que leur risque a augmenté et que leur potentiel de rendement a diminué.»

Marchés boursiers: augmentation de la volatilité

La volatilité sur les marchés devrait en principe augmenter. Le degré d’endettement élevé rend le système économique et financier extrêmement fragile et particulièrement vulnérable en cas de choc quelconque ou d’intensification des tendances déflationnistes. Selon l’économiste luxembourgeois, un investisseur devrait également être conscient du fait suivant: «Il existe une grande différence entre parler d’une volatilité accrue et la vivre dans la pratique.»

Actions: pas de concessions sur la qualité

Le manque d’alternatives fait en sorte que les actions restent le placement par défaut, même si elles sont devenues plus chères. Si le découplage entre une situation économique fragile et des marchés boursiers en hausse est de nature à inquiéter, il peut encore durer pour autant que le risque de déflation reste contenu. Guy Wagner: «Les investisseurs ne devraient pas faire de concessions sur la qualité des entreprises retenues. Endettement faible, rentabilité élevée, revenus diversifiés et dividende resteront les principaux critères de sélection.»

L’or a aujourd’hui sa place dans un portefeuille diversifié

À noter aussi que dans un environnement économique marqué par des tendances déflationnistes et une insuffisance de la demande, aucun pays ne sera intéressé à avoir une monnaie trop forte, pense l’économiste luxembourgeois. «Le risque de dévaluations compétitives est justement une des raisons qui font que l’or a aujourd’hui sa place dans un portefeuille diversifié.»

L’euro continue sa baisse

Depuis mai 2014, l’euro a perdu 22,5% par rapport au dollar américain. «À court terme, le report probable d’une première hausse des taux de juin à septembre devrait ralentir quelque peu le rythme d’appréciation du dollar», dit Guy Wagner. «Néanmoins, la tendance haussière du dollar devrait rester en place tant que le scénario d’une remontée des taux d’intérêt aux États-Unis ne sera pas définitivement écarté et pour autant que les autorités américaines ne supposent pas à un renforcement supplémentaire de leur monnaie.»