Nicolas Gavoille (PwC Luxembourg), Laurent Rouach (PwC Luxembourg), Sardar Azimov (Cerway), Emmanuelle Abeya (Moselis), François Thiry (Polaris Architects - CNCD).  (Photo: PwC Luxembourg)

Nicolas Gavoille (PwC Luxembourg), Laurent Rouach (PwC Luxembourg), Sardar Azimov (Cerway), Emmanuelle Abeya (Moselis), François Thiry (Polaris Architects - CNCD).  (Photo: PwC Luxembourg)

Le cadre réglementaire du secteur de l’énergie élaboré au début des années 2000, et en constante évolution depuis, vise à mobiliser les acteurs du secteur immobilier pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Certains de ces acteurs font le choix volontaire d’aller encore plus loin, et c’est ainsi que le Luxembourg est rapidement devenu le fer de lance de la construction durable: plus de 14% des immeubles de bureau y sont aujourd’hui certifiés, taux le plus élevé d’Europe. La certification des bâtiments résidentiels, encore rare aujourd’hui, pourrait rapidement lui emboîter le pas.

Les experts de l’équipe Sustainability de PwC Luxembourg ont réuni architectes, secteur de la construction, promoteurs et bureaux d’étude pour discuter de la certification environnementale dans l’immobilier résidentiel lors du dernier «Petit-déjeuner du développement durable» tenu le 7 juillet. Accompagnés d’experts venus témoigner de leur expérience, ils ont présenté les principaux résultats d’une enquête sur la construction durable dans le secteur résidentiel et les opportunités liées à ces labellisations.

Des gains significatifs pour un coût limité 

Bénéficiant d’une conjoncture favorable et d’un attrait toujours grandissant, le marché immobilier luxembourgeois a réalisé une performance significative au cours des 10 dernières années. Porté par le développement économique et la croissance démographique, l’immobilier résidentiel devrait croître encore de 30% entre 2014 et 2020. «La demande de logement, élevée, reste supérieure à l’offre, pourtant en croissance. Le marché est sous tension et la très bonne qualité des logements produits, due à une réglementation exigeante, n’incite pas pour l’heure constructeurs et promoteurs à s’engager dans une démarche de certification environnementale de leurs produits. Cela pourrait changer à l’avenir, car c’est une réelle opportunité», explique Laurent Rouach, associé et sustainability leader, PwC Luxembourg.

Tous les acteurs du secteur sont tenus de respecter la réglementation en matière de performance énergétique. La certification, démarche volontaire, pousse la logique de la construction durable un cran plus loin. Quels en sont les avantages et les contraintes?

La consommation énergétique, déjà prise en compte par la réglementation, est un des nombreux critères évalués par les labels environnementaux. Les bâtiments certifiés doivent aussi répondre à des exigences de consommation d’eau, de qualité de l’air, de luminosité, d’isolation phonique, de mobilité… «Un logement certifié sera la garantie de charges réduites, d’un plus grand confort, d’une commercialisation plus rapide ou encore d’une valorisation dans le temps. C’est la valeur 'verte' qui permet de faire émerger la certification», ajoute Laurent Rouach.

Les professionnels de la construction interrogés sont encore hésitants à se lancer. Le surcoût par rapport à un programme non certifié serait le principal frein à la certification. Pourtant, «l’habitat au Luxembourg atteint déjà un très haut niveau qualité, tant en matière de confort que de performances énergétiques. Nous avons interrogé des experts du secteur de la construction luxembourgeois pour mieux connaître leurs pratiques en matière de construction durable. Triple vitrage ou protection solaire extérieure par exemple sont proposés dans la plupart des programmes de logements neufs. Le surcoût de la certification serait limité», explique Nicolas Gavoille, manager chez PwC Luxembourg. La complexité de la mise en place de la certification est aussi évoquée comme un frein. «La certification peut être complexe au démarrage, lorsqu’il s’agit de mettre en place de nouvelles façons de travailler. Mais une fois cette étape franchie, les avantages sont nombreux. Il nous permet en tant que constructeur et gestionnaire d’anticiper les réglementations environnementales à venir», explique Emmanuelle Abeya, directeur du développement et du patrimoine chez Moselis, Office public de l’habitat à la tête d’un patrimoine de plus de 12.000 logements en Moselle.

Le marché luxembourgeois est-il mûr pour la certification des bâtiments résidentiels? «Comparés à d’autres pays européens où la certification résidentielle est plus développée, les programmes au Luxembourg sont de taille plus modeste. Ces programmes intéressent peu, pour l’heure, les fonds d’investissement immobilier qui sont très demandeurs de biens certifiés, comme on le voit pour l’immobilier tertiaire. Cela pourrait changer avec de gros programmes dans le centre de Luxembourg», explique François Thiry, architecte-urbaniste gérant de Polaris Architects et président du Centre national de la construction durable.

Le signal du changement pourrait aussi venir des futurs acquéreurs et locataires. «Plus sensibles aux questions environnementales, mieux informés, les clients sont prêts à payer plus cher pour obtenir un bien de qualité supérieur, un des enseignements de notre enquête. Il y a là des opportunités à saisir pour les professionnels de l’immobilier qui sauront anticiper cette tendance de fond», conclut Laurent Rouach.

Pour télécharger l’étude réalisée par PwC Luxembourg, rendez-vous sur www.pwc.lu