Katharine Pulvermacher , directrice exécutive du Microinsurance Network. (Photo: Microinsurance Network)

Katharine Pulvermacher , directrice exécutive du Microinsurance Network. (Photo: Microinsurance Network)

Un nouveau rapport sur le paysage de la micro-assurance, publié hier par le Microinsurance Network, révèle que 75% des personnes à faibles et moyens revenus ne disposent pas d’une assurance adéquate. Delano s’est entretenu avec sa directrice exécutive, Katharine Pulvermacher, pour en savoir plus.

Comme l’explique Mme Pulvermacher, ce rapport «est la seule recherche de ce type» qui ne s’intéresse pas seulement au nombre de personnes couvertes, mais examine également les types de couvertures et met en évidence les lacunes en matière de protection. Selon les conclusions du rapport, le nombre de clients des marchés émergents bénéficiant du filet de sécurité d’une assurance est «alarmant» et cela plaide pour que les gouvernements et les compagnies d’assurances redoublent d’efforts dans ce domaine, faute de quoi ils risquent d’aggraver les lacunes existantes, surtout si l’on ajoute à cela les conséquences des crises climatique et sanitaire.

L’émergence du Covid-19 parmi les ménages à faibles revenus des marchés émergents a été «absolument terrible», ajoute Katharine Pulvermacher, qui cite le fait que, dans certains de ces pays, les travailleurs sont employés de manière informelle et ne bénéficient pas d’une protection des revenus. «Les assureurs ne sont pas connus pour leur approche centrée sur le client», note la CEO, et il peut être déroutant pour les clients potentiels de voir l’avantage immédiat d’être couverts.

Les contraintes réglementaires font partie des lacunes à combler et la volonté politique de fournir une protection «n’est pas aussi forte que nous le souhaiterions», explique Mme Pulvermacher. De plus, bien que les acteurs mondiaux aient souvent la volonté de répondre à la demande sur ces marchés, «peu d’entre eux comprennent vraiment» comment ils peuvent le faire.

Un exemple: le Sénégal

L’une des études de cas décrites par Mme Pulvermacher, également présentée dans le rapport, est le travail d’AXA, en partenariat avec la Compagnie nationale d’assurance agricole du Sénégal, pour développer une assurance indexée pour les petits agriculteurs contre les dommages causés par la sécheresse. Les primes sont subventionnées à 50%, ce qui les rend plus accessibles aux agriculteurs.

Les demandes d’indemnisation ont été élevées en raison des récentes sécheresses dans la région, et Mme Pulvermacher a déclaré que non seulement les agriculteurs ont été payés rapidement après la demande d’indemnisation, mais que le système s’est avéré être «une aubaine» étant donné que les paiements ont eu lieu «juste au moment où le confinement était en cours».

Une réponse unifiée

Du 2 au 6 novembre, des experts travaillant notamment avec des ONG, des agences de développement et des acteurs du secteur des assurances devraient se réunir en ligne pour aborder ces préoccupations et chercher des moyens d’encourager les gouvernements et les assureurs à intensifier leurs efforts lors de la conférence internationale sur l’assurance inclusive.

S’il y a un bon côté à cette conférence, c’est peut-être le fait qu’elle a attiré environ 500 personnes par le passé, mais étant donné qu’elle se tient en ligne cette année, elle est plus inclusive, ajoute Mme Pulvermacher, en partie grâce à la réduction des contraintes de coûts et de ressources, ce qui permet à un plus grand nombre de membres de la base d’y participer. Jusqu’à présent, des acteurs locaux, nationaux et régionaux de 116 pays différents se sont joints à la conférence.

Si Katharine Pulvermacher se réjouit que le Luxembourg ait officiellement engagé 1% de son RNB dans l’aide au développement, elle note que toutes les banques centrales gouvernementales ne peuvent pas avoir une «profondeur de couverture», étant donné le choc économique. Néanmoins, elle reste favorable à une «réponse unifiée et collaborative» pour soutenir ces économies. «Au cours des dernières années, il y a eu un changement d’élan», déclare Mme Pulvermacher. Et, malgré la pression accrue sur l’économie mondiale, elle affirme que l’élan «devient plus fort... [Nous voyons que nous sommes] dedans ensemble».