Les voitures, qui sont de plus en plus électroniques et de plus en plus électrifiées, comptent jusqu’à 1.400 puces électroniques. (Photo: Shutterstock)

Les voitures, qui sont de plus en plus électroniques et de plus en plus électrifiées, comptent jusqu’à 1.400 puces électroniques. (Photo: Shutterstock)

La pénurie de microprocesseurs qui touche le secteur automobile «était impossible à prédire», assure le conseiller de la Febiac, Guido Savi. Une multiplication de facteurs face à un secteur à flux tendu.

La pénurie mondiale de semi-conducteurs – matériau qui a la vertu de combiner des caractéristiques électromagnétiques à la fois isolantes et conductrices –, et donc de microprocesseurs, n’est pas sans effet sur le marché automobile au Luxembourg. Paperjam a décidé de consacrer une série d’articles à ce phénomène et à ses conséquences, notamment sur la livraison des véhicules neufs, mais aussi sur les marchés du leasing et de l’occasion.

Avec une première interrogation: comment se fait-il que personne n’ait vu cette crise arriver? 

Clés, sièges chauffants, eCall, ABS, correcteurs de trajectoire… Partout, des microprocesseurs. Certains modèles automobiles, principalement ceux qui sont «électrifiés», en comptent de 100 à 1.400. En 2020, les 8 milliards de véhicules produits dans le monde en ont nécessité 4 milliards. Depuis janvier, AlixPartners a déjà revisité ses prédictions à plusieurs reprises pour stabiliser son estimation des pertes des constructeurs à 90 milliards d’euros en 2021… alors que l’industrie génère 1.700 milliards d’euros de revenus.

«La pénurie était impossible à prédire», assure le conseiller de la Febiac, Guido Savi. «Dans la chaîne logistique, si les constructeurs assemblent les véhicules, 80% des pièces sont fournies par les équipementiers. Qui, eux, se sont retrouvés face à plusieurs facteurs en même temps.»

Il y a d’abord la crise du Covid, qui tient les clients éloignés des concessions automobiles, et même des voitures elles-mêmes (2,6 millions de voitures n’ont pas été produites en 2020). Puis, les usines, qui ralentissent et stoppent la production face à une demande en berne. Et une augmentation de la demande de microprocesseurs dans d’autres secteurs électroniques, qui amène les usines de production de ces puces, surtout en Asie, à réorienter leur production pour satisfaire cette nouvelle demande.

Comme l’industrie automobile joue sur une marge relativement faible, elle ne constitue pas de stocks.

L’électrique, technologie addictive

«Il n’est même pas possible de s’en passer», explique l’expert de la Febiac. «Même quand les microprocesseurs ne sont pas liés au bon fonctionnement de la voiture, par exemple, pour les sièges chauffants ou pour l’eCall, le véhicule que vous allez présenter à l’homologation n’est pas conforme à celui que vous aviez présenté dans votre cahier des charges.»

Cela tombe d’autant plus mal que la part des «électriques» – hybrides, plug-in ou électriques – dans les nouvelles immatriculations au Luxembourg avait atteint 33%? «Pas vraiment», explique-t-il. «Comme l’expliquait le patron de BMW, rien ne sert de croire que l’on peut forcer les tendances et l’adoption par le public. Au Luxembourg, il y a une bonne tendance, grâce au développement des infrastructures de recharge, aux primes de l’État, pour l’acquisition de ce type de véhicules, et à l’offre croissante de modèles. Pour l’instant, les clients vont avoir de six à neuf mois de retard. Mais quelqu’un qui a déjà goûté à l’électrique ne revient pas au moteur thermique…»

Quant à savoir si les plans européens d’essayer de relocaliser une partie de la production de ces éléments stratégiques auraient changé la donne, l’expert est sceptique. «Je n’en suis pas sûr. Vraiment, il faut regarder la problématique dans son ensemble!»