Les travailleurs frontaliers dépensent 17% de leur revenu brut au Luxembourg. (Photo: Maison Moderne/archives)

Les travailleurs frontaliers dépensent 17% de leur revenu brut au Luxembourg. (Photo: Maison Moderne/archives)

Dans une première étude sur le travail frontalier, le Conseil économique et social pointe l’importance de ces flux pour l’économie luxembourgeoise, qui deviendront encore plus conséquents à l’avenir.

Le Conseil économique et social vient de se pencher attentivement sur la question du travail frontalier et met en garde sur la sous-estimation de l’ampleur du phénomène. Dans un rapport d’une cinquantaine de pages, il pointe son apport essentiel pour l’économie du pays.

Il note qu’aujourd’hui, 200.000 personnes passent les différentes frontières pour venir travailler au Luxembourg. En 2019, 104.540 frontaliers venaient de France, 48.880 de Belgique et 48.440 d’Allemagne.

Ce flux représente pas moins de 45% de la population active du pays. Et, selon les calculs du CES, d’ici 2035 s’ajouteront 50.000 à 85.000 travailleurs supplémentaires en provenance de France, de Belgique et d’Allemagne.

Le vivier s’éloigne

Mais le vivier de travailleurs qualifiés s’épuise au niveau de la Grande Région, réserve traditionnelle pour l’emploi des entreprises luxembourgeoises, observe le CES. À l’avenir, il faudra aller recruter plus loin que dans ce périmètre de quelques dizaines de kilomètres autour du Luxembourg.

Selon le président du CES, Jean-Jacques Rommes, pour qui le «travail frontalier est vital», il s’agit désormais de «garantir la cohésion sociale et territoriale au sein de la Grande Région grâce à une coopération et une coordination transfrontalières renforcées».

L’étude indique d’ailleurs que, selon la Banque centrale du Luxembourg, ces travailleurs frontaliers dépensent 17% de leur revenu brut au Luxembourg, soit près de 2 milliards d’euros par an.

Pour le CES, il est donc temps de mieux protéger le travail frontalier. «Une harmonisation des cadres juridiques avec des définitions communes permettrait également de faciliter le travail frontalier. Une plus grande coopération entre États de la Grande Région pourrait par exemple amener des solutions au développement du télétravail à un niveau transfrontalier», pointe notamment le rapport.

«Éviter une ségrégation artificielle»

Il note aussi de fortes disparités dans la représentation sectorielle, les frontaliers étant peu représentés dans la fonction publique. Les CES estime donc que «ces disparités dans la représentation sectorielle font apparaître le besoin d’une conscience particulière auprès de nos décideurs politiques ayant le souci d’éviter une ségrégation artificielle trop prononcée entre salariés résidents, voire luxembourgeois, et frontaliers, et de promouvoir au contraire la meilleure cohésion sociale possible».

Il se prononce pour une étude approfondie sur les effets de la représentation sectorielle disparate des résidents et frontaliers.