Cinq jours d’expériences musicales très attendues pour Les Aralunaires 2019. (Photo: Sébastien Cuvelier)

Cinq jours d’expériences musicales très attendues pour Les Aralunaires 2019. (Photo: Sébastien Cuvelier)

Les Aralunaires, festival aussi pointu que déjanté qui rassemble les mélomanes à Arlon chaque année, revient du 1er au 5 mai pour une édition 2019 qui s’annonce franchement festive et toujours empreinte du second degré belge qui caractérise l’événement.

Après avoir fêté leur dixième anniversaire comme il se doit en 2018, Les Aralunaires mettent une fois de plus la barre haut en termes d’organisation et de programmation pour ce nouveau cru très prometteur. Avec un savant mélange d’artistes très émergents, de talents locaux et de poids lourds de la scène internationale, le festival mise à nouveau sur la mixité des influences et place les artistes dans des endroits toujours aussi insolites, son autre marque de fabrique et atout indéniable.

Du lourd en tête d’affiche

Un trio de tête on ne peut plus éclectique promet de grands moments de live pour ces Aralunaires 2019. D’un côté, on retrouve les japonais de Mono, monument du post-rock qui se produira le 3 avril à L’Entrepôt pour une date belge exclusive, en apportant notamment dans ses bagages Arabrot, autre sommité du genre.

De l’autre, le même soir, ce n’est pas moins que l’un des trois fondateurs de la techno de Detroit Kevin Saunderson et son groupe Inner City – interprètes des anthologiques «Big Fun» et «Good Life» – qui feront une apparition à Arlon, en plein cœur de leur tournée mondiale qui célèbre leur 30e anniversaire.

Pour cet événement, les organisateurs ont souhaité proposer à Inner City un retour aux sources, une performance «à l’ancienne» dans la petite salle torride et électrique du Palais, comme le précise Sébastien Cuvelier, en charge de la programmation: «On y est allé sans trop y croire vu la dimension de leur tournée. Du coup, pour se démarquer, on a proposé une performance ‘old school’ dans ce qui pourrait ressembler à un club underground du Detroit des années 90. C’est probablement ce qui a convaincu Saunderson de faire cette escale unique en Belgique.»

Enfin, la nouvelle sensation qui dynamite les codes de la chanson française, Aloïse Sauvage, viendra distiller ses expérimentations musicales le 5 mai à L’Entrepôt. Cette actrice/danseuse/rappeuse/circassienne repérée dans le «120 battements par minute» de Robin Campillo et nouvelle égérie «street cred» de la scène LGBTQ n’y proposera pas un concert mais «un spectacle intense, graphique, aérien; un débordement de désirs et d’énergie qui, toujours, reste dans l’élégance extrême». Voilà sa promesse.

Le melting-pot arlonais

Si Les Aralunaires savent choisir avec soin les artistes internationaux qui apparaissent en gros dans le programme, ils ont aussi imposé leur expertise année après année en termes de promotion de la jeune scène émergente, pluriculturelle et locale, notamment grâce aux nombreux concerts gratuits qui constituent le «Lab».

Le public pourra, par exemple, profiter des performances des artistes luxembourgeois Kuston Beater, Marly Marques et C’est Karma ainsi que de celle de Maxime Primus le dimanche 5 mai, qui créera sa musique à partir d’objets chinés sur place au marché aux puces. Les spectateurs pourront aussi découvrir la techno ougandaise de Nihiloxica et le claviériste du phénomène Angèle sous le nom d’Ariel Ariel, sans oublier le label indépendant Dear Deer avec ses quatre concerts et son karaoké live sur la scène de l’ancien Café du Nord le samedi soir.

Puis, comme un écho à la présence de grands pontes de la musique électronique, le belge Otton proposera une house «chic, 100% live et pleine de voix féminines chaleureuses, inspirées de la scène de Detroit». French79, le français qui monte, promet un moment plus musclé, que Sébastien Cuvelier décrit comme «à la Rebotini, avec une succession de montées et de descentes qui vont clairement emporter les festivaliers».

Le groupe de techno ougandais Nihiloxica (Photo: Grace Holyoake Ward)

Le groupe de techno ougandais Nihiloxica (Photo: Grace Holyoake Ward)

La ville comme terrain de jeu

Le festival des Aralunaires, c’est une programmation audacieuse et bien ficelée certes, mais ce sont aussi des concerts à travers toute la ville, dans des endroits excentriques, voire farfelus. Trois performances relevant de cette catégorie semblent d’ores et déjà immanquables:

- Le jeudi 2 mai, le pianiste Laake envahira l’église Saint-Donat qui surplombe Arlon avec un mélange de néo-classique et de boucles électro, accompagné d’une violoncelliste pour un instant de poésie musicale qui ne manquera probablement pas d’être une fois de plus mémorable – on se souvient du sublime concert de Fishbach au bout de la même nef en 2017.

- Le samedi 4 mai, le centre de tri postal d’Arlon sera mis à disposition de manière tout à fait exceptionnelle avant sa destruction pour le concert de la multi-instrumentaliste Esinam qui compose, joue et interprète son set solo en fusionnant world music et électro, dans un univers à la fois très personnel et hybride...

- Le dimanche 5 mai enfin, c’est armé d’un maillot de bain qu’il faudra aller danser à la piscine de l’Athénée pour le concert aquatique et ludique de la gantoise Charlotte Adigéry, petite protégée des cultissimes Soulwax, et son projet WWWater. Au menu: voix soul rythmée, posée sur des sonorités minimalistes et croisée avec ses racines caribéennes. À propos de cette matinée franchement et fraîchement tentante, le programmateur des Aralunaires conclut: «Les gens ont été assez timides sur le concert aquatique l’année dernière, mais la vidéo a fait son petit effet et à mon avis il vaut mieux arriver en avance cette fois!»

Tout le programme, les dernières surprises et les informations pratiques concernant le festival sont à retrouver sur .