Wouter Gesquiere, H ead of Private Banking Client s (ING). (Photo: ING)

Wouter Gesquiere, H ead of Private Banking Client s (ING). (Photo: ING)

Dans le cadre de l’«Apero Talk with Nathalie Reuter: Les grands enjeux du Private Banking au Luxembourg» organisé par le Paperjam + Delano Club jeudi 31 mars, Wouter Gesquiere, head of Private Banking chez ING, partage sa vision et son expérience dans le secteur des banques privées.

Les contraintes réglementaires de compliance et leurs coûts de mise en œuvre ne cessent de progresser. Comment le secteur du private banking s’adapte-t-il?

Wouter Gesquiere. – «Il est indéniable que cette évolution constitue un défi important pour le secteur, mais y répondre favorablement est indispensable pour toutes les banques de la place. En termes de conséquences, cela induit des investissements importants, une adaptation de l’organisation de la banque, faire appel à de nouveaux outils informatiques ou encore un renforcement des équipes de compliance.

Pour certains, cette mise en œuvre s’appuie sur la force d’un groupe international qui leur permet de bénéficier d’effets d’échelle. Pour d’autres, cela se traduit par une réduction de couverture de marchés afin de limiter la complexité.

Le rôle du banquier privé a également évolué, car il doit se concentrer davantage sur cet exercice de maintien en conformité de ses dossiers clients. Il est donc essentiel de lui apporter le support nécessaire, afin qu’il puisse continuer d’assumer son rôle de banquier-conseiller de la clientèle.

Dans cet environnement, il est indispensable pour la banque privée d’avoir une offre de service à valeur ajoutée, permettant de dégager des marges suffisantes afin de couvrir les coûts liés à cette exigence réglementaire.

Quelles sont les conséquences du contexte international actuel sur le secteur des banques privées?

«Le risque géopolitique est plus que jamais d’actualité avec le conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine. La réaction de la communauté internationale s’est fortement focalisée sur un régime important de sanctions à l’encontre de la Russie. Outre cette dernière, ces sanctions touchent indirectement toutes les banques privées. Certains acteurs sont par ailleurs plus impactés encore en raison de leur exposition directe à la clientèle d’oligarques et autres russes fortunés.

Pour certaines banques privées, cette situation débouchera certainement sur une remise en question du périmètre commercial en termes géographiques de manière forcée à court terme, mais potentiellement dans la durée également.

Comment le contexte macro-économique actuel influence-t-il le secteur des banques privées?

«Depuis plusieurs mois, les marchés financiers sont confrontés à une hausse significative de l’inflation. Cette dernière a été fortement poussée par des déséquilibres entre l’offre et la demande dans le contexte de la pandémie que nous subissons depuis deux ans. Alors que l’horizon semble s’éclaircir pour ce qui est de la crise sanitaire, le monde est secoué depuis plusieurs semaines par la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine. Outre le drame humain d’un tel conflit, les conséquences immédiates au niveau économique se sont fait ressentir par une poussée spectaculaire de l’inflation, notamment sur les produits énergétiques et matières premières.

Cette guerre aura bien sûr un impact économique direct très important dans les pays impliqués dans le conflit, mais touchera également nos économies européennes. Cette combinaison de forte inflation et faible croissance n’est guère favorable aux marchés financiers. En même temps, les politiques monétaires sont en train de devenir moins accommodantes (poursuite de la hausse des taux attendue par la FED, arrêt progressif des programmes d’achat d’obligations par la BCE).

Les classes d’actifs traditionnelles sont d’ailleurs mal orientées depuis plusieurs semaines. Les performances de gestion sont ainsi sous pression et la volatilité liée à l’incertitude pourra bien rester présente pendant un moment. C’est dans un environnement de ce type que nous devons nous focaliser sur les fondamentaux et ce qui constitue toujours la base de notre métier en banque privée: accompagner nos clients, faire l’impasse sur le court terme tout en gardant le cap au niveau de la stratégie d’investissement et l’horizon d’investissement.»