Alors que le nombre d’infections au Covid-19 dans le monde n’a jamais été aussi élevé chez les jeunes enfants, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) veut se pencher en détail sur la problématique de la transmissibilité du virus chez les enfants, des incertitudes subsistant.
«Il est urgent d’obtenir des informations épidémiologiques plus détaillées sur les facteurs influençant la sensibilité des enfants et des adolescents aux nouveaux variants» du Covid-19, annonçait ainsi l’OMS le 15 septembre.
Une certitude: les enfants et les adolescents de tout âge peuvent être infectés et transmettre le virus à d’autres personnes. Et si les infections provoquent généralement une maladie moins grave et moins de décès que chez les adultes, «ils peuvent contribuer à la transmission dans la communauté», note l’OMS.
Des études «mitigées»
Reste que «la transmissibilité du Sars-CoV-2 à différents âges reste incertaine», constate l’OMS. Si «le nouveau coronavirus semble plus toucher les adolescents» et si des «preuves préliminaires» suggèrent que les enfants pourraient être moins infectieux que les adolescents et les adultes, les résultats des études menées pour le moment restent «mitigés».
La raison en est que «les études ont été menées à différents moments de la pandémie, lorsque les populations étaient soumises à différents niveaux de mesures de santé publique», explique l’OMS.
D’autre part, «on s’inquiète du fait que des symptômes légers aient pu conduire à moins de tests» et donc à «une baisse du nombre de cas identifiés d’infection chez les enfants et les adolescents», constate l’OMS. Des facteurs qui pourraient donc fausser les conclusions.
L’immunité collective en vue
Or, l’enjeu n’est pas des moindres: il apporterait des arguments importants afin de décider de la vaccination des plus jeunes, un sujet politiquement très sensible. Au Luxembourg, la vaccination est pour le moment ouverte aux adolescents de 12 ans et plus.
Mais, afin d’atteindre une immunité collective conséquente – au moins 85% de la population immunisée est nécessaire pour faire face au variant Delta –, cette limite pourrait évoluer, selon le directeur de la Santé, .
«Je suis presque certain que d’ici deux ou trois mois, on aura un vaccin autorisé pour les enfants», a-t-il ainsi déclaré dans une interview au Wort. «Je ne pense pas que les tout-petits vont être vaccinés en priorité, mais certainement ceux à partir de 6 ans», a-t-il ajouté, reconnaissant que cela posera «tout un débat de société».
Une vaccination nécessaire?
Le sujet ne fait déjà pas l’unanimité chez les scientifiques: Gérard Schockmel, médecin consultant en maladies infectieuses aux Hôpitaux Robert Schuman (HRS), déclarait, , ne pas voir la nécessité de vacciner les enfants. «La vaccination est nécessaire pour d’autres graves maladies de l’enfance, comme la diphtérie ou le tétanos. Mais le Covid n’est pas une maladie de l’enfance», explique-t-il. «Et, d’un point de vue social, dans la perspective d’atteindre l’immunité collective, ce n’est pas à eux de se faire vacciner parce que des adultes ne le veulent pas.»
Des études détaillées devraient permettre de déterminer la direction à prendre. Mais le débat est dans tous les cas loin d’être clos.