Près de deux ans après les premiers essais, Anna Salewski a lancé Scroble cette semaine pour transformer l’expérience de shopping, aussi bien pour les utilisateurs que pour les marques. (Photo: Scroble)

Près de deux ans après les premiers essais, Anna Salewski a lancé Scroble cette semaine pour transformer l’expérience de shopping, aussi bien pour les utilisateurs que pour les marques. (Photo: Scroble)

Une cinquantaine de marques participent dès son lancement à l’application de Scroble, sortie cette semaine. L’aventure facilite la vie des fashionistas et autres amateurs de fringues, de sapes et de pièces collector. Mais elle a un intérêt stratégique pour les vendeurs.

«97% des clients sortent d’un magasin de vêtements les mains vides.» À partir de cette statistique, Anna Salewski a construit un business. Et si les clients potentiels pouvaient «scanner», d’une manière ou d’une autre, une pièce qu’ils ont croisée dans un magasin sans vouloir ou sans pouvoir l’acheter tout de suite?

Et si ces mêmes clients pouvaient l’acheter facilement, dans la boutique, dans une autre boutique ou même en ligne sur le site internet de la marque?

Et si les vendeurs, qu’ils soient une boutique ou une marque, pouvaient accéder aux données, non personnelles, des clients potentiels, pour savoir quel produit n’intéresse jamais personne et quel produit semble tenter une majorité de clients?

Et si ces données servaient à éviter un des principaux maux de la mode: la surproduction, jusqu’à en renverser le business model? Au lieu de produire à l’aveugle sans savoir ce qui marchera en fin de compte, si les marques pouvaient, sur une idée de leurs acheteurs, ajuster leurs commandes et donc la production avant même de distribuer les pièces en magasin?

Ce sont toutes ces promesses auxquelles répond Scroble. La start-up a lancé son application cette semaine, après six mois de tests. «Nous nous étions surtout fixé le nombre de 50 marques à nous rejoindre», explique la CEO. La start-up avait mené une première phase pilote en 2020, ce qui lui avait permis d’embarquer Microsoft, la Chambre de commerce de Luxembourg et les programmes Ernst & Young Innovation dans l’aventure.

Deux articles sur cinq vendus à prix réduit

Selon le Forum économique mondial, «au cours des 15 dernières années, l’industrie a doublé sa production, tandis que la durée pendant laquelle les vêtements sont portés avant d’être jetés a diminué d’environ 40%. Lorsqu’ils sont jetés, 73% sont brûlés ou enfouis dans une décharge. Ce qui est collecté pour le recyclage – environ 12% – finira probablement par être déchiqueté et utilisé pour rembourrer des matelas, ou transformé en isolant ou en chiffons de nettoyage. Moins de 1% de ce qui est collecté sera utilisé pour fabriquer de nouveaux vêtements. L’industrie perd 560 milliards de dollars en valeur à cause des vêtements moins portés et à peine recyclés.»

40% des articles de mode sont vendus à prix réduit.

Zara propose 24 nouvelles collections de vêtements chaque année, H&M en propose de 12 à 16 et les rafraîchit chaque semaine, assure HBR, dans un dossier qui juge illusoire de croire que la mode sera un jour vertueuse.

«Notre modèle est unique au monde», affirme Anna Salewski. La volonté de la start-up n’est pas encore de rassembler trop de marques tout de suite, histoire de bien gérer le développement du projet. Mais les idées ne manquent pas: il est déjà possible dans l’application de partager avec sa communauté une pièce trouvée quelque part, histoire d’avoir l’assentiment de ses amis et proches. 

L’application propose à la fois des pièces «isolées» ou des looks complets et renvoie à chaque fois vers la marque, vers ses localisations ou son site internet.

Il est possible que Scroble ajoute prochainement une fonction dédiée aux influenceurs professionnels ou des mécanismes de récompense des utilisateurs. L’application est disponible au téléchargement, ou .

Cet article a été rédigé pour la newsletter Paperjam Trendin’, le rendez-vous hebdomadaire incontournable pour suivre l’actualité de l’innovation et des nouvelles technologies.