Quel bilan faites-vous de cette année parlementaire?
– «Nous avons été extrêmement actifs, il y a eu plus de 400 questions parlementaires et projets de loi. En ce qui concerne le Covid, je ferais deux commentaires. Tout d’abord, nous avons toujours défendu de façon conséquente et permanente, et nous étions les seuls à le faire, le principe de ne pas laisser l’État s’immiscer dans la vie privée des gens, donc nous avons toujours voté contre les lois Covid. L’État est parfaitement dans son droit de prendre les dispositions sanitaires et hygiéniques qu’il veut, mais dans la vie privée des gens, qui est un droit constitutionnel, il n’a rien à y faire.
Nous avons également toujours revendiqué un renforcement de la résilience du Grand-Duché face à des crises de toutes sortes, donc nous avons tiré des conséquences de cette crise du Covid-19. Par exemple, nous avons revendiqué un changement de la loi hospitalière, et introduit une proposition de loi. Nous voulons plus d’industrie pharmaceutique en Europe pour être plus indépendants de la Chine. Nous avons fait un certain nombre de propositions sur le renforcement du secteur sanitaire et hospitalier, nous voulons des réserves stratégiques.
Vous avez l’impression d’avoir été entendus?
«Il est toujours difficile de mesurer l’impact de ce que nous disons, car il y a une majorité automatique à la Chambre, et le gouvernement est toujours dans une logique de bloc. À mon avis, il y a un impact, notamment concernant les propositions sur la résilience du pays. Le gouvernement les refuse au Parlement, mais cela ne veut pas dire que notre propre travail n’est pas pris en compte. Donc l’impact est difficilement quantifiable et immédiat, mais je suis certain que nous exerçons une influence.
La crise sanitaire a-t-elle été bien gérée par le gouvernement selon vous?
«Il faut dire tout d’abord que le gouvernement, comme nous tous, a été totalement surpris par l’émergence de cette situation, donc, compte tenu de la surprise générale et de la solidarité dans le pays, je crois que l’ensemble du pays a raisonnablement bien réagi dans une première phase.
Après, de nombreuses questions ont été soulevées. Pourquoi, par exemple, empêcher un petit commerce d’ouvrir, mais pas les grands supermarchés? Pourquoi un ministre de l’Éducation nationale dit que l’on ne peut pas contracter le Covid-19 à l’école alors que le contraire est vrai? Surtout, la gestion dans les Cipa a été catastrophique et la ministre Cahen refuse d’en tirer les moindres conséquences.
Donc je dirais qu’au début nous avons eu une solidarité remarquable et une efficacité assez irréprochable, mais qu’il y a ensuite eu beaucoup de faiblesses, beaucoup d’incohérences, et aussi beaucoup d’ingérence dans la vie privée des gens, donc je serais nuancé. Plus la crise avance, plus il y a de problèmes.
Qu’est-ce qui aurait pu être mieux fait selon vous?
«Dans les Cipa, par exemple, il aurait fallu prendre des mesures conséquentes. Nous sommes en général pour une vaccination volontaire, mais il faut des exceptions. Lorsque vous êtes en contact quotidien avec des personnes vulnérables, il faut établir un cordon sanitaire, et là, rien n’a été fait dans ce sens. Il y a eu des instructions très générales, mais pas spécifiques, c’était de la négligence.
Je ne peux pas imaginer voter pour une Constitution de ce type-là.
Quels dossiers vous ont marqué durant cette année parlementaire, hors Covid?
«Pour nous, la grande priorité pour le moment est la défense de la Constitution, car nous sommes en train de vivre quelque chose de très tragique. C’est la rupture d’une promesse électorale faite par quatre grands partis politiques, qui avaient promis en 2018 un référendum sur la révision de la Constitution. Or, par peur d’essuyer un échec, ils sont en train de ne pas tenir leurs promesses, et ils discréditent de ce fait la culture politique dans le pays; la promesse d’un référendum n’aura pas été tenue. Et je vois qu’il y a déjà des fissures dans leur projet de révision.
Pour nous, l’électorat doit pouvoir se prononcer sur cette nouvelle Constitution qui lui est proposée, c’est une question qui est essentielle. On ne peut pas promettre un référendum et ne pas le faire. Le deuxième sujet très important pour nous est celui du logement. Notre député a présenté un grand nombre de propositions au Parlement qui ne coûtent rien, mais qui libéreraient immédiatement des logements.
Au Luxembourg, il y a beaucoup de personnes qui retiennent des logements libres ou des terrains, parce qu’ils veulent les garder pour leurs enfants, et ils ne veulent pas louer. Nous demandons donc plus de flexibilité dans le droit locatif, pour pouvoir conclure des contrats de location à durée déterminée. Ce qui nous surprend, c’est que ces modifications faciles à réaliser pourraient libérer rapidement des logements.
Or, on ne les fait pas parce qu’on ne veut pas introduire un élément libéral dans le droit locatif, et c’est une erreur. On ne peut pas essayer d’exercer des pressions, d’introduire de nouvelles impositions, alors que d’autres voies beaucoup plus efficaces et plus rapides sont possibles.
Et quelle est votre position sur le fond de la révision de la Constitution?
«Lors de notre récent congrès national, nous avons fait une analyse quant au contenu des propositions. Nous avons soulevé beaucoup de problèmes en ce qui concerne le fond. On assiste à une politisation de la Constitution, or le but de la Constitution n’est pas de fixer des objectifs politiques, mais d’organiser le fonctionnement de l’État. Nous critiquons également le fait que la souveraineté luxembourgeoise sera réduite au profit de l’Union européenne. Nous critiquons les dispositions qui régissent le droit de la famille, ainsi que le retour du droit de vote des étrangers, ce qui est contraire au résultat du référendum de 2015.
Vous voterez donc contre cette révision?
«Absolument, je ne peux pas imaginer voter pour une Constitution de ce type-là.»