Invités du Paperjam + Delano Club pour un webinar, la ministre de la Santé Paulette Lenert (LSAP) et le directeur de la Santé Jean-Claude Schmit ont répondu à de nombreuses questions au sujet de la situation sanitaire, de la vaccination ou des restrictions imposées.

Durant une heure, la ministre de la Santé, (LSAP), et , directeur de la Santé, ont répondu en direct aux questions  et animé par et .

La première est celle que l’on entend le plus souvent: quand va-t-on enfin sortir de cette crise? «Personne ne sait le dire avec certitude aujourd’hui», répond, hélas, Paulette Lenert. «Mais nous restons optimistes, et c’est bien une sortie de crise que nous visons, via un taux de vaccination élevé.» Certains pays avaient, de fait, déjà annoncé une sortie de crise, mais c’était «sans compter sur la pandémie qui va nous révéler ses secrets petit à petit». La ministre reste cependant «optimiste quant au fait qu’on va pouvoir s’en sortir».

73% de primo-vaccinés dans la population

Cependant, pour le moment, les chiffres se dégradent, avec un taux d’incidence qui monte. Pour quelles raisons? «Tous les experts avaient prévu cette 4e vague», analyse Jean-Claude Schmit. «Elle est due à plusieurs choses. Premièrement, certainement au fait que nous sommes en automne-hiver. Les gens sont plus à l’intérieur, plus proches les uns des autres, et donc le risque de contamination est plus grand. Puis, les vaccinations qui ont été faites en début d’année sont un peu moins actives. Il y a une perte d’efficacité au fil des mois.» Le directeur de la Santé attire cependant l’attention sur le constat que «l’on voit une grande différence entre les vaccinés et les non-vaccinés». L’incidence du virus est plus élevée chez les non-vaccinés que chez les vaccinés. 

La perte d’efficacité des vaccins est normale et justifie les rappels. Mais faut-il s’attendre à devoir en effectuer un tous les 6 mois? «C’est difficile à prévoir. Pour l’hépatite, il ya deux injections, puis un rappel après 6 mois et, vous êtes tranquille très longtemps. Ce sera peut-être le même scénario pour le Covid. L’avenir nous le dira, mais il est probable que la validité de ce booster sera plus longue que 6 mois», dit Jean-Claude Schmit. 

Signal encourageant: les primo-vaccinations augmentent à nouveau. «Ce qui est important car on sait qu’une partie de la population n’est pas vaccinée.» Aujourd’hui, 73% de la population a au moins eu une dose. Les mesures récentes ont-elles eu un effet? «Sans conteste, puisque les primo-vaccinations ont presque triplé», analyse Paulette Lenert. «C’était bien l’effet recherché et le but de la Semaine de la vaccination qui est en cours.»

Les experts sont clairs: il y a bien un bénéfice à vacciner les enfants.
Jean-Claude Schmit

Jean-Claude Schmitdirecteur de la Santé

Un des sujets du moment concerne la vaccination des enfants, le virus étant très virulent chez les moins de 12 ans qui, «par définition, ne sont pas vaccinés. Dans le secondaire, où il y a plus de vaccinés, c’est moins le cas. Et, dans la population des jeunes adultes, on voit aussi une forte circulation. Ce qui est bon signe, c’est que le virus circule moins dans les tranches d’âge bien vaccinées.» Le Conseil supérieur des maladies infectieuses a donné son feu vert pour commencer les vaccinations des enfants «dès que les vaccins seront disponibles, dès la seconde moitié de décembre», en vertu d’une priorisation qui sera décidée vendredi lors du conseil de gouvernement et qui, de manière assez évidente, ciblera les enfants vulnérables ou ceux vivant avec des personnes fragiles. D’autres détails seront aussi décidés vendredi, notamment en ce qui concerne la manière dont la communication se fera, ou encore si les moins de 12 ans seront concernés.

Beaucoup de parents s’interrogent quant à l’utilité de la vaccination pour les enfants. «C’est en effet une discussion moins aisée pour les enfants», convient Jean-Claude Schmit. Il faut peser les avantages et les risques. Mais il y a des enfants malades, dont des Covid longs, et des décès, certes pas au Luxembourg… Les études sur les effets secondaires sont rassurantes et certains pays vaccinent déjà très activement les enfants. Les experts sont clairs: il y a bien un bénéfice à vacciner les enfants.»

Toujours en lien avec la vaccination, ceux qui ont fait le choix de ne pas la subir vont voir leur vie changer avec la nouvelle loi Covid, au plus tard le 18 décembre, et l’instauration du protocole 2G. Mais quid de ceux qui ne peuvent pas se faire vacciner ou bien ne peuvent pas bénéficier d’un rappel vaccinal? «Il y aura des solutions de repli», assure la ministre. «Peut-être via un certificat et la mise à disposition de tests.» 

Je suis rassurée de vivre dans une société où l’on traite celui qui est malade sans se demander s’il est coupable par rapport à sa maladie. Je mets en garde par rapport à ce genre de réflexion.
Paulette Lenert

Paulette Lenertministre de la Santé

L’obligation vaccinale n’est en tout cas pas à l’ordre du jour. «On ne peut pas vacciner quelqu’un de force», dit Paulette Lenert. «Mais une obligation qui prévoit des sanctions administratives ou va dans le sens d’empêcher l’accès à certaines activités, c’est compatible. Maintenant, il faut trouver une balance. Le Luxembourg est assez réticent à aller sur cette voie de l’obligation en pleine crise, cela polarise beaucoup. On préfère travailler pour convaincre les réticents. Les règles 2G restreignent les activités pour les non-vaccinés, c’est encore autre chose que d’imposer les choses, j’y vois une grande nuance. Juridiquement, il y a certainement moyen d’agencer une obligation vaccinale mais, à ce stade, ce n’est pas envisagé. C’est le moyen de dernier recours que l’on cherche à éviter.» De même, le télétravail ne restera qu’une recommandation car «le gouvernement a une préférence pour la flexibilité.»

Pas question non plus de facturer les soins de santé aux non-vaccinés. «Notre société fonctionne sur un principe de solidarité. Si l’on ouvre cette porte, on va créer une brèche soulevant beaucoup de questions éthiques. Je suis rassurée de vivre dans une société où l’on ne se les pose pas, où l’on traite celui qui est malade sans se demander s’il est coupable par rapport à sa maladie. Je mets en garde par rapport à ce genre de réflexion», prévient la ministre de la Santé.

La durée de validité du pass sanitaire semble aussi inquiéter. Elle fait l’objet de discussions au niveau européen. «On cherche un consensus pour une durée uniforme. On attend des nouvelles dans les jours à venir.» 

Et des milliers d’invitations pour une 3e dose vont arriver dans les prochains jours. 

«En tout cas, la vaccination fonctionne bien. Nous faisons des choses qui ont du sens», affirme Jean-Claude Schmit.

Il a aussi été question du variant Omicron. «Il n’y a, actuellement, pas de cas au Luxembourg. Il en a été question, mais il s’agissait d’un Luxembourgeois vivant à l’étranger. L’OMS est maintenant un peu plus rassurante en ce qui concerne ce variant. Il semble qu’il se transmette un peu plus. Mais rend-il plus malade? Là, cela ne semble pas être le cas», affirme Jean-Claude Schmit. 

Autre sujet: le CovidCheck entreprise, qui sera obligatoire le 15 janvier. Des contrôles auront en tout cas lieu, sur le terrain, «comme prévu dans les attributions classiques de l’ITM».

Le protocole 2G appliqué aussi dans les cantines et réfectoires

3G pour entrer sur son lieu de travail, mais 2G (vacciné ou guéri) pour les réfectoires et les cantines. «Les contacts y sont intenses puisqu’on ne porte pas le masque. On veut donc avoir une ligne, une organisation uniforme pour tout le secteur», indique la ministre. 

Autre interrogation: le fait qu’un CovidCheck soit valide six mois si on est guéri, mais est illimité si on est vacciné. «Il n’est pas illimité», corrige Jean-Claude Schmit. «Beaucoup de pays discutent par ailleurs du fait d’en diminuer la validité. En tout cas, on sait qu’une infection est moins efficace que la vaccination quant à une réinfection.»

En cette période de fêtes, où les contacts sont nombreux en famille et entre amis, Jean-Claude Schmit conseille «la vaccination, et des précautions, comme le masque quand cela est nécessaire». Deux à trois autotests par semaine, préférer le masque chirurgical à celui en tissu et le porter en extérieur quand il y a du monde sont aussi des mesures recommandées. «Restons prudents, même si cela n’est pas inscrit dans la loi», conclut la ministre de la Santé. Convaincue que les mesures prises porteront leurs fruits et vont contribuer à contenir le virus. 

Avec l’espoir de voir l’horizon se dégager dans le courant de l’année prochaine. À défaut de pouvoir prédire une véritable et définitive sortie de crise.