Le FMI appelle à la solidarité pour arriver à vacciner au moins 40% de la population de chaque pays d’ici la fin de l’année 2021, et 70% d’ici la mi-2022. Une condition indispensable pour une reprise équilibrée de la croissance. (Photo: Shutterstock)

Le FMI appelle à la solidarité pour arriver à vacciner au moins 40% de la population de chaque pays d’ici la fin de l’année 2021, et 70% d’ici la mi-2022. Une condition indispensable pour une reprise équilibrée de la croissance. (Photo: Shutterstock)

Dans son dernier exercice prévisionnel, le Fonds monétaire international revoit ses perspectives de croissance à la baisse, à 5,9% contre 6% il y a un trimestre, et avertit des risques liés à «une reprise entravée et des lignes de fracture persistantes».

Si la reprise de l’économie se poursuit, elle est en perte de vitesse, souligne le FMI, «freinée par la pandémie».

«Sous l’effet du variant Delta, extrêmement transmissible, le bilan mondial du Covid-19 s’est alourdi de près de cinq millions de décès, et les risques sanitaires sont nombreux, ce qui empêche un retour complet à la normale. Des flambées de la maladie dans des maillons essentiels des chaînes d’approvisionnement mondiales ont provoqué des ruptures plus longues que prévu, ce qui a attisé l’inflation dans de nombreux pays. Dans l’ensemble, les risques pesant sur les perspectives économiques ont augmenté et les arbitrages des pouvoirs publics sont devenus plus complexes», détaillent les experts de l’institution de Washington.

Si la révision à la baisse des perspectives semble modeste – -0,1% pour 2021 et statu quo à +4,9% pour 2022 –, cet ajustement masque toutefois de fortes dégradations pour certains pays.

Les perspectives détaillées de croissance du Fonds monétaire international. (Image: FMI)

Les perspectives détaillées de croissance du Fonds monétaire international. (Image: FMI)

Les perspectives pour le groupe des pays en développement à faible revenu se sont considérablement assombries (-0,9% de croissance par rapport aux dernières prévisions) en raison de l’aggravation de la dynamique de la pandémie. Les perspectives sont également, à court terme, plus difficiles pour le groupe des pays avancés (-0,1%), en partie en raison de ruptures d’approvisionnement. Ces changements à la baisse ont été partiellement compensés par le relèvement des projections pour certains pays exportateurs de produits de base, du fait de la hausse des prix correspondants.

La «dangereuse» divergence des perspectives économiques entre les pays reste une préoccupation majeure pour le FMI. «La production globale du groupe des pays avancés devrait retrouver sa trajectoire d’avant la pandémie en 2022 et la dépasser de 0,9% en 2024. En revanche, la production globale du groupe des pays émergents et des pays en développement (à l’exclusion de la Chine) devrait rester inférieure de 5,5% à la prévision prépandémique en 2024, ce qui se traduirait par un ralentissement plus marqué de l’amélioration des conditions de vie.»

Lutter contre la fracture vaccinale

Ces différences sont d’abord une conséquence de la «grande fracture vaccinale» et des fortes disparités en ce qui concerne l’aide apportée par les pouvoirs publics, analyse le Fonds monétaire international.

«Alors que dans les pays avancés, plus de 60% de la population est entièrement vaccinée et que certaines personnes reçoivent actuellement des injections de rappel, environ 96% de la population des pays à faible revenu n’est toujours pas vaccinée. En outre, dans de nombreux pays émergents et pays en développement, qui font face à un durcissement des conditions de financement et à un risque accru de désancrage des anticipations d’inflation, les autorités mettent plus rapidement un terme à leurs dispositifs de soutien, malgré des déficits de production plus élevés.»

Les ruptures d’approvisionnement constituent la deuxième source d’inquiétude du FMI.

«D’une part, les flambées de Covid-19 et les perturbations liées au changement climatique ont provoqué des pénuries d’intrants essentiels et entraîné une baisse de l’activité manufacturière dans plusieurs pays. D’autre part, ces pénuries, conjuguées à la libération de la demande refoulée et au rebond des prix des produits de base, ont entraîné une accélération de la hausse des prix à la consommation, par exemple aux États-Unis, en Allemagne et dans de nombreux pays émergents et pays en développement. C’est dans les pays à faible revenu, où l’insécurité alimentaire est la plus criante, que les prix des denrées alimentaires ont le plus augmenté, alourdissant le fardeau des ménages les plus pauvres et attisant le risque de troubles sociaux.»

La solution à ces deux difficultés reliées par la pandémie reste la vaccination – la priorité «absolue», selon le FMI, pour qui il faut impérativement vacciner au moins 40% de la population de chaque pays d’ici la fin de l’année 2021 et 70% d’ici la mi-2022. Ce qui passe notamment par la levée des restrictions commerciales sur les flux de vaccins et de leurs intrants, des aides au financement et des transferts de technologie.