Circuit Foil et le List à 18 millions d’euros sur quatre ans pour inventer le cuivre de demain, qui se retrouvera dans les smartphones, les voitures électriques, les satellites ou les avions. Pour le List, il s’agit du deuxième plus grand partenariat public-privé après celui signé fin 2016 avec Goodyear, d’un montant de près de 50 millions d’euros. Soutenu par le ministère de l’Économie, celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et le Fonds national de la recherche, ce partenariat devrait attirer au Luxembourg une main-d’œuvre hautement qualifiée au service de produits à haute valeur ajoutée. Le CEO du List, , se réjouissait, lors de la conférence de presse organisée avec Circuit Foil, d’attirer au Luxembourg toujours plus de chercheurs de haut niveau, la recherche étant l’un des axes prioritaires suivis par les autorités pour préparer le pays de demain. Un constat partagé par Benoit Duez, external exploration concept leader au sein de l’usine Goodyear de Colmar-Berg. «C’est vraiment très impressionnant de voir les moyens que met le gouvernement dans la recherche. Quand on discute avec des pays voisins, ils sont souvent admiratifs du Luxembourg, qui est l’une des plus petites nations d’Europe, mais qui investit avec de grands moyens dans ce domaine.» En février 2020, le ministre de l’Éducation, (DP), avait d’ailleurs annoncé l’objectif d’y investir l’équivalent de 1% du PIB d’ici 2023. Les cinq centres de recherche et l’Université du Luxembourg se sont ainsi vu attribuer près de 1,5 milliard d’euros sur la période 2018-2021.
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Le partenariat entre Goodyear et le List porte, de son côté, sur 16 projets (et plus de 30 sous-projets) déclinés en 5 programmes de recherche, et va durer jusqu’à fin 2022. «Le List est notre plus gros partenaire public au Luxembourg, mais nous collaborons aussi avec l’Université du Luxembourg», confirme Benoit Duez. «Ces différents partenariats couvrent des domaines comme la science des matériaux, la data science, l’ingénierie des procédés ou l’évaluation de la performance des pneus.» Et, au regard d’une multinationale comme Goodyear, qu’apporte un chercheur par rapport à un ingénieur? «Un chercheur en thèse ou post-doctorant aborde une problématique scientifique d’une manière un peu différente d’un ingénieur. Les ingénieurs ont plutôt une vision applicative sur le produit, alors que le chercheur travaille sur le développement fondamental ou la compréhension du phénomène. Chercheurs et ingénieurs sont très complémentaires.» Au sein du centre d’innovation, Goodyear compte d’ailleurs 10 à 15% de personnes qui ont un PhD.
Des équipements de pointe
Dans le cadre de son partenariat avec le List, le fabricant de pneus peut accéder à des équipements qu’il ne possède pas. «Par exemple, quand on parle de l’optimisation des modèles pour prédire la performance des pneus, le List a un visual wall afin de pouvoir visualiser à grande échelle les modèles créés de manière virtuelle, ce qui est vraiment exceptionnel. Le List dispose également d’une batterie de machines qui permettent de caractériser les matériaux, de leur plus petite taille à une taille plus macroscopique, et ils ont les spécialistes qui vont avec, se réjouit Benoit Duez. Nous n’aurions pas un taux d’utilisation assez grand pour rentabiliser l’investissement dans de telles machines, alors que le List peut les proposer à différentes entreprises.»
L’équipement des instituts de recherche est en effet un argument de poids pour favoriser les échanges entre le privé et le public, comme le confirme Nicoleta Popa, head of global R&D construction chez ArcelorMittal. Le groupe sidérurgique a en effet fêté cette année les 10 ans de la chaire qui le lie à l’Uni et qu’il finance à hauteur de 1,6 million d’euros. «Il faut savoir que, dans notre centre de recherche, on n’a pas tous les équipements nécessaires pour réaliser les essais, par contre l’Uni a un super laboratoire, avec les bons outillages pour faire les tests, démontrer les nouvelles règles de calcul, la résistance ou la durabilité de nouvelles solutions. Il y a aussi à l’Uni un centre HPC, avec des serveurs très puissants sur lesquels nous pouvons faire des simulations numériques.»
Depuis le début de la chaire, près d’une douzaine de projets ont déjà été menés, et plus d’une vingtaine d’articles publiés dans des revues. «Beaucoup de doctorants ont reçu des prix aussi, ce qui prouve la qualité de la collaboration, et c’est très motivant», complète Nicoleta Popa. De nombreuses entreprises n’hésitent également pas à embaucher des thésards ou des post-doctorants avec lesquels ils ont collaboré. « L’avantage est qu’ils ont eu un accès direct à notre entreprise pendant toute leur thèse et ils connaissent donc très bien notre fonctionnement, nos produits, et ils sont force de proposition pour poursuivre leurs travaux», précise Ralph Useldinger, head of group analytics and fundamental R&D au sein de Ceratizit, à Mamer. Le groupe spécialisé dans les solutions d’outillages de coupe et de matériaux durs pour la protection contre l’usure travaille à la fois avec le List, les départements de physique et d’ingénierie de l’Uni et le SnT. «Chacun apporte quelque chose de différent. Le List est notamment très bien équipé pour l’analyse des matériaux et le dépôt de couches minces dures, avec le département d’ingénierie de l’Uni, on regarde des techniques d’assemblage, par exemple avec le laser, ou de la modélisation pour optimiser nos processus. Avec le SnT, on travaille en autres sur le machine learning.» Pour Ralph Useldinger, «c’est un atout de travailler avec des acteurs locaux spécialisés car les distances sont très courtes, ce qui facilite la communication et l’esprit d’équipe, et nous pouvons ainsi contribuer au développement de la communauté scientifique du Luxembourg. D’autant plus que nous avons la chance, en l’occurrence, d’avoir beaucoup d’instituts spécialisés dans le domaine des matériaux.»
Cet article a été rédigé pour parue le 15 juillet 2021.
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