Pour Klein, ce débat devra permettre de sensibiliser le public, voire lui permettre d'interagir.  (Photo: Annabelle Denham)

Pour Klein, ce débat devra permettre de sensibiliser le public, voire lui permettre d'interagir.  (Photo: Annabelle Denham)

Monsieur Klein, comment vous êtes-vous préparé à ce débat? Quel est, selon vous, l’aspect le plus périlleux de cet exercice? 

«En tant que professeur d’économie, j’ai évidemment pu me baser sur les présentations standards de la théorie keynésienne comme je les utilise également pour mes cours. Ensuite, en tant qu’équipe, il fallait quand même retourner aux textes originaux de Keynes ainsi que sur les différentes interprétations de son analyse par des contemporains et ceci surtout dans le contexte de la crise de 2008. Ainsi, nous avons pu établir une structure générale de notre présentation pour défendre les thèses proposées par Keynes. Ensuite, nous nous sommes concertés pour ajuster nos argumentations et présentations respectives. La préparation du 'Rebuttal' était probablement la partie la plus difficile de la préparation, étant donné qu’il fallait anticiper la ligne de défense de nos 'opposants', et donc se préparer à différents scénarios. 

Pensez-vous que le format apporte une autre dynamique à un message que vous pourriez faire passer dans une conférence plus traditionnelle?  

«Le format de ce débat est très intéressant, même si les différentes interventions individuelles peuvent paraître courtes. Il s’agit donc de présenter les temps forts de cette théorie et de les présenter de façon convaincante à un public averti. La même tâche revient à nos 'opposants' pour relever les failles principales de cette même théorie. Ainsi, chacun pourra évaluer les arguments proposés par les deux équipes, surtout que chaque auditeur est impliqué dans le débat par les deux votes auxquels il doit se soumettre au début et à la fin du débat.

Les interventions limitées dans le temps, les votes ainsi qu’un certain 'esprit de compétition' entre nos deux équipes devraient stimuler l’attention du public et peut-être même inciter l’un(e) ou l’autre à se (re)plonger personnellement dans ce sujet, qui est et restera encore pour un bon moment d’actualité. 

Que pensez-vous que ce débat sur Keynes puisse apporter au public, dans le contexte économique et social de la fin 2015?

«Ce débat devrait contribuer à une prise de position plus nuancée dans le débat actuel sur la situation économique en Europe et surtout dans la zone euro. Il s’agit de voir qu’une crise comme celle de 2008 nécessite une politique conjoncturelle, ne serait-ce que pour limiter les dégâts causés par cette crise. À côté de cet aspect conjoncturel, l’Europe doit également faire face à des problèmes structurels qui résultent, entre autres, d’une politique keynésienne mal appliquée. De même, il est également intéressant de lier les changements structurels que nous observons, notamment ceux liés aux nouvelles technologies, aux prévisions que Keynes faisait déjà en 1931 et qui sont reprises d’une certaine façon par Jeremy Rifkin dans ses développements sur la Troisième révolution industrielle. Un projet qui devrait être rediscuté dans le contexte luxembourgeois, étant donné que J. Rifkin a été retenu comme consultant par le ministère de l’Économie pour appliquer son analyse à notre pays.

En conclusion, on peut espérer que le public aura une confirmation, par ce débat, que la théorie de Keynes ne se résume aucunement à la recommandation d’accroître la dépense publique; au contraire, un certain nombre de ses développements permettent de le considérer comme un précurseur de cette nouvelle branche de l’économie, appelée économie comportementale (behavioural economics), qui a recours à des éléments de la théorie économique standard et de la psychologie pour faire ses analyses; branche qui se développe fortement ces temps-ci.»

Les inscriptions au débat «Economic crisis: Keynes was right!» sont accessibles sur le site du Paperjam Club

Marc Wagener et Carlo Klein (faculty member, Miami University - Luxembourg Campus) défendront le point de vue pour.
Hilmar Schneider (directeur général au Liser) et Christos Koulovatianos (professeur d’économie à l’Université du Luxembourg) défendront le point de vue contre.