«En tant qu’économiste maintenant, je peux dire que le programme d’Emmanuel Macron est très intéressant», estime Carlo Thelen. (Photo: Sébastien Goossens)

«En tant qu’économiste maintenant, je peux dire que le programme d’Emmanuel Macron est très intéressant», estime Carlo Thelen. (Photo: Sébastien Goossens)

Monsieur Thelen, quel va être l’impact de la victoire d’Emmanuel Macron au Luxembourg, selon vous?

«En tant que citoyen, il est évident qu’il s’agissait du seul choix possible pour satisfaire tout le monde. En tant qu’économiste maintenant, je peux dire que le programme d’Emmanuel Macron est très intéressant. C’est un des seuls candidats qui a mis en avant l’Union européenne, mais aussi le libre-échange et le marché intérieur. Il s’est également montré en faveur de l’entrepreneuriat.

Enfin, et c’est un point très important pour le Luxembourg, il n’est pas contre les places financières, car il sait très bien qu’elles sont nécessaires pour avoir une économie qui fonctionne.

D’ailleurs, dans la loi dite ‘Macron’, adoptée durant son court passage au gouvernement, il a réussi à mettre en place de nombreux outils concernant l’organisation du temps de travail, qui vont parfois même bien plus loin que ce que nous avons réussi à faire ici.

Cette élection est-elle un signal positif pour le milieu économique luxembourgeois?

«Emmanuel Macron était, encore une fois, la seule alternative valable pour ce second tour de l’élection présidentielle française. Reste maintenant à voir s’il obtiendra une majorité favorable au sein du Parlement et espérer que le paysage politique français engagera des réformes courageuses. En tout cas, c’est un bon début et le milieu économique luxembourgeois est très certainement satisfait.

C’est aussi le seul candidat qui avait réussi à mettre en perspective l’imbrication de la France et de l’Europe et qui avait compris que l’intérêt de son pays passait fatalement par l’intérêt de l’Europe.

Industrie 4.0, digitalisation, nouvelles technologies… Le Luxembourg a plutôt tendance à se tourner vers l’Allemagne quand il s’agit de prendre exemple. Mais Emmanuel Macron a montré qu’il avait également une vision bien précise sur ces sujets. La France peut-elle redevenir une terre d’inspiration pour le Luxembourg?

«Vous savez, on regarde toujours vers les deux pays. Mais en effet, Emmanuel Macron a déjà eu pour le numérique des idées très intéressantes. Il a d’ailleurs mis en place des structures en matière d’incubation de start-up qui nous ont interpellés positivement. Même s’il est vrai que beaucoup de jeunes entrepreneurs vont plutôt vers Berlin.

Je pense que les choses s’équilibrent et qu’il faut continuer à regarder des deux côtés. Inutile de mentionner que nous avons un business club aussi bien à Berlin qu’à Paris avec lesquels nous travaillons étroitement pour connaître les meilleures pratiques dans les deux pays.

Au final, on peut dire que nous sommes contents pour la France, car tout autre choix aurait assombri le pays et aurait signifié pour nous de se tourner exclusivement vers l’Allemagne.»