Située dans le nord du Luxembourg, la ville de Wiltz était autrefois le siège d’un commerce florissant de tanneries. Avec des racines remontant au 16e siècle, la commune comptait 28 tanneries en 1868. Les deux plus grandes tanneries, Ideal et Lambert, employaient à elles deux environ 1.500 personnes à leur apogée.
En 1880, Eugène Thilges, l’un des principaux marchands de cuir, s’est fait construire une villa tentaculaire avec les bénéfices du commerce. Considéré comme un magnat local, Thilges possédait également un hôtel dans la ville, des parties du château de Wiltz et d’autres propriétés. Il a été maire de 1925 à sa mort, en 1934.
À la fin de la Première Guerre mondiale, en 1918, alors que les troupes allemandes battaient en retraite, la villa a hébergé un général français. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le bâtiment subit d’importants dégâts au niveau de la toiture et de l’extérieur, alors que la région fut impliquée dans la bataille des Ardennes, lors de la libération de l’Europe de ses occupants nazis par les troupes alliées.
En 1963, la commune rachète la villa pour 7 millions de francs afin d’en faire le nouvel hôtel de ville. En 1965, le bureau de l’état civil s’y installe, suivi par d’autres services. Les travaux de rénovation lancés en 2016 ont pris plusieurs tournures inattendues.
Amiante et xylophages
La commune prévoyait initialement de dépenser 800.000€ pour réorganiser les espaces de bureaux, rendre le bâtiment accessible aux personnes à mobilité réduite et effectuer quelques retouches. L’année suivante, en 2017, elle a ajouté la somme colossale de 5 millions d’euros au projet.
Lors des travaux lancés en 2016, de l’amiante avait été découvert, obligeant toute l’administration à déménager. De plus, des vers à bois avaient endommagé des poutres, compromettant la stabilité de la villa. La toiture était également bancale et a dû être démontée et remontée.
C’est ainsi qu’a commencé une refonte complète pour protéger le bâtiment, conserver son caractère historique, mais aussi l’adapter aux besoins des résidents de Wiltz.
«La Villa Thilges appartient au patrimoine historique et architectural de la ville de Wiltz», a déclaré un porte-parole de la ville à Delano. «Elle rappelle l’époque de l’industrie du cuir, qui a façonné la ville pendant des décennies.»
Une transformation en bureaux
Abandonner le bâtiment pour une nouvelle construction spécialement conçue n’était tout simplement pas une option pour la commune. «La construction d’un nouvel hôtel de ville à un autre endroit aurait certainement été plus rapide et plus facile à mettre en œuvre», a déclaré le maire, Fränk Arndt, lors de l’inauguration le 2 juillet. «Mais nous aurions de toute façon dû effectuer des travaux de rénovation à la Villa Thilges, car le bâtiment a une valeur architecturale et historique importante pour Wiltz. Il aurait été dommage de laisser ce bâtiment remarquable inoccupé.»
Les travaux, qui ont impliqué 41 entreprises artisanales, ont redonné à la villa sa gloire d’antan, en conservant des caractéristiques historiques comme les plafonds en bois et en stuc. Classée monument national en 2017, la villa a bénéficié d’une remise à neuf coordonnée avec le Service des monuments luxembourgeois. L’extérieur a été nettoyé, et une nouvelle fenêtre a été ajoutée au toit pour permettre la transformation de l’étage mansardé en bureaux, ajoutant 350m2 de surface au sol.
Toutefois, de nouveaux éléments ont également été ajoutés, tels que des jardins verticaux intérieurs dans certains bureaux afin d’améliorer la qualité de l’air et l’environnement de travail des employés. Le budget final s’est élevé à 7,1 millions d’euros.
Bien que la villa soit normalement fréquentée par les résidents locaux pour leurs diverses démarches administratives, le bâtiment devrait figurer, cette année, au programme des , du 24 septembre au 3 octobre. Le programme complet n’a pas encore été annoncé.
Et si vous souhaitez voir d’autres traces de l’empreinte de la famille Thilges sur la ville, jetez un coup d’œil quelques portes plus loin. Le bâtiment Karlshausen, situé au 18, Grand-Rue, a également été construit en 1769 par la famille. Plus tard, la famille Simon – de la brasserie éponyme – et les Bohler – comme la clinique – ont habité à cette adresse.