Alex Bogdanov est un avocat d’origine russe qui développe des outils pour donner aux citoyens les moyens de muscler leurs demandes de changement. Son entreprise, Zesty Lawyer, est hébergée dans l’incubateur de l’Université du Luxembourg. (Photo: Simon Verjus/Maison Moderne)

Alex Bogdanov est un avocat d’origine russe qui développe des outils pour donner aux citoyens les moyens de muscler leurs demandes de changement. Son entreprise, Zesty Lawyer, est hébergée dans l’incubateur de l’Université du Luxembourg. (Photo: Simon Verjus/Maison Moderne)

Après un an de mesures destinées à contenir le Covid, les manifestations mondiales sont désormais généralisées, même en Estonie, pays d’ordinaire plutôt paisible.

Lorsque le gouvernement estonien a annoncé une réforme controversée qui permettrait à la police d’entrer dans le domicile d’une personne qui ne se conforme pas aux mesures de prévention des maladies contagieuses, cela a déclenché des semaines de protestation. «Pour eux, ce type d’amendement était sans précédent», explique l’entrepreneur et avocat Alex Bogdanov. «C’est bien de protester, mais vous devez canaliser cette énergie dans tous les outils disponibles pour avoir un impact réel.»

Alex Bogdanov avait en tête un outil très spécifique. Fin mars, il a lancé en Estonie, une plateforme de justice qui utilise un algorithme pour rédiger des lettres de plainte, en l’occurrence des lettres qui pourraient être envoyées aux politiciens pour remédier aux défaillances politiques.

500.000 mails envoyés au Parlement estonien

Selon l’avocat, dans les premiers jours suivant son lancement, le Parlement a reçu environ 500.000 courriels de plaintes via sa plateforme. «Apparemment, cela a fonctionné. Maintenant, il y a plus d’initiatives. Les gens protestent contre l’enseignement à distance pour les écoles, et le Parlement a réagi en abolissant  l’enseignement à distance et en rouvrant les écoles», explique l’expatrié russe.

Bogdanov a développé la plateforme comme l’un des nombreux outils de justice en tant que service dans le cadre de son entreprise, Zesty Lawyer, hébergée dans l’incubateur de l’Université du Luxembourg. «Je ne suis pas spécialement porté sur la politique, il se trouve simplement qu’il y a des applications politiques à cet outil. L’idée est de capter le pouvoir de la foule pour le canaliser vers les moyens légaux pour défendre ses droits.»

Il voit l’Estonie, qui compte 1,3 million d’habitants, comme un terrain d’essai idéal, et espère à l’avenir publier régulièrement des classements par ministère et par région. «De cette façon, vous pouvez voir des statistiques sur la façon dont chaque autorité traite les plaintes reçues. Pour les élections, notamment.» En fin de compte, il espère plus tard étendre le site à toute l’Europe occidentale.

Au cours de la première année de la pandémie au Luxembourg, l’avocat a lancé pour aider les entreprises et les consommateurs à résoudre une série de problèmes liés au Covid-19, comme la renégociation des contrats, en répondant à une série de questions. Un algorithme aide alors l’utilisateur à déterminer les bonnes actions à entreprendre pour obtenir justice.

L’entrepreneur se concentre actuellement sur des fonctionnalités qui aideraient à résoudre les différends entre les locataires et les propriétaires, et qui géreraient les communications, les rapports d’inspection des biens et les garanties.