Alors qu’une sortie de crise s’approche, la pratique du télétravail devrait d’ores et déjà faire l’objet d’une étude scientifique pour en mesurer les conséquences à tous les niveaux. (Photo: Shutterstock)

Alors qu’une sortie de crise s’approche, la pratique du télétravail devrait d’ores et déjà faire l’objet d’une étude scientifique pour en mesurer les conséquences à tous les niveaux. (Photo: Shutterstock)

Le début d’année reste marqué par une actualité tournant largement autour d’un virus et de ses variants. Face à cette situation, le télétravail reste prisé dans de nombreuses entreprises. S’il peut représenter un gain dans la «work-life balance», il ne doit pas éluder les questions de cohésion au sein des entreprises et la dépendance de secteurs à la présence in situ de travailleurs. En particulier l’horeca. 

Des avenues et des autoroutes fluides, des sièges espacés dans les transports en commun, un trafic sans encombre hormis quelques travaux. L’état des lieux de la mobilité en ce début d’année paraît idéal. Il renvoie pourtant à une autre réalité: celle de secteurs économiques qui comptent sur la présence de travailleurs – résidents et frontaliers – pour prospérer.

Entre la frilosité des uns face au virus, la fatigue des autres de devoir présenter CovidCheck et pièce d’identité et la volonté de certains de ne pas se faire vacciner, les restaurateurs continuent de trinquer. Une promenade dans les rues de la capitale à l’heure du déjeuner suffit pour se rendre compte de l’effet du télétravail.

La contribution des entreprises qui veulent limiter la propagation du virus en évitant aux salariés de se croiser trop souvent au bureau est légitime. La demande des employés de vouloir mieux concilier leur «work-life balance» est compréhensible. Mais à mesure qu’une sortie de crise s’approche, la pratique du télétravail devrait d’ores et déjà faire l’objet d’une étude scientifique pour en mesurer les conséquences à tous les niveaux, des individus aux organisations.

Dans une interview livrée à Paperjam (numéro de janvier 2022), le représentant du patronat au Comité économique et social, , et l’économiste Michel-Edouard Ruben mettaient en garde contre les dérives du travail à distance, dont l’éventuel recours systématique à des compétences basées à l’étranger, alors que le modèle luxembourgeois s’est construit sur une importation – massive – de talents. Ce phénomène sera peut-être marginal, mais il mériterait d’être surveillé pour en comprendre l’impact sur les caisses publiques… et celles des commerçants.

Face à des coûts en hausse tant pour les employeurs que pour les employés (notamment l’immobilier), quel modèle d’entreprise prévaudra à l’avenir? Où doit se situer la force de travail «télétravaillable»? Comment faire tourner le moteur économique du pays dans un futur décarboné? Ces questions devraient être abordées dans un esprit de dialogue national en réunissant toutes les forces vives concernées afin d’anticiper d’éventuels effets indésirables du télétravail et d’éviter le piège d’une télé-entreprise où les contacts humains passeraient inexorablement par une plateforme, via un écran.

Sans anticiper les conclusions de pareils échanges et travaux, il n’est pas certain que cette dystopie soit rentable à long terme pour fidéliser les collaborateurs et encourager ce qui permet aux entreprises de se distinguer face à leurs concurrentes: les idées.

Cet édito a été rédigé pour  parue le 26 janvier 2022.

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