Le deuxième avis du groupe ad hoc sur l’obligation vaccinale s’avère très sensible puisqu’il sera compliqué pour le gouvernement de justifier le fait de prendre une décision contraire à ses recommandations. (Photo: Chambre des députés/Flickr)

Le deuxième avis du groupe ad hoc sur l’obligation vaccinale s’avère très sensible puisqu’il sera compliqué pour le gouvernement de justifier le fait de prendre une décision contraire à ses recommandations. (Photo: Chambre des députés/Flickr)

L’avis du groupe ad hoc d’experts sur l’obligation vaccinale se fait attendre, mais devrait être finalement rendu d’ici début juin. Difficile d’imaginer une volte-face alors que la situation n’a guère changé en vue de se préparer face à une potentielle vague automnale. Mais décider maintenant d’une obligation vaccinale semble une gageure pour le gouvernement.

Fin mai, début juin: les experts du groupe ad hoc sur l’obligation vaccinale devraient de manière imminente. Celui-ci est très attendu puisqu’il déterminera en grande partie la décision du gouvernement de mettre, ou non, en place la vaccination obligatoire pour les plus de 50 ans et le personnel soignant.

Le délai d’attente de l’avis des experts a cependant de quoi surprendre. Gérard Schockmel, un des experts du groupe ad hoc, insistait ainsi, en janvier, sur la nécessité de  afin d’être prêts à faire face à une probable nouvelle vague de Covid-19 en automne prochain. Le gouvernement s’était lui-même pour trancher.

En outre, l’évaluation des experts vise à mettre à jour un pour s’assurer du maintien de l’opportunité de l’obligation vaccinale, en faveur de laquelle les experts s’étaient prononcés sans ambiguïté. Or, la situation n’a guère évolué depuis, dans la perspective de l’automne.

Couverture vaccinale inchangée

Certes, avec l’arrivée des beaux jours, l’épidémie de Covid-19 a reflué au Luxembourg et en Europe. Mais l’objectif de la vaccination obligatoire n’a jamais été de se protéger pour le printemps ou l’été. C’est l’automne à venir qui représente un danger: avec des jours plus froids et des personnes qui se retrouveront davantage dans des lieux clos, les infections repartiront à la hausse. Et un nouveau variant, potentiellement plus contagieux ou plus virulent, peut toujours émerger d’ici là. Or, ce danger, envisagé en janvier par les experts, reste le même à l’heure actuelle.

Une meilleure couverture des plus de 50 ans aurait toutefois pu rendre caduque une telle obligation. Mais la situation vaccinale n’a guère évolué dans le pays: selon l’European Centre for Disease Prevention and Control, lors de la deuxième semaine de janvier (quand le groupe d’experts a rendu son avis), 10,3% des personnes de plus de 60 ans et 13% des 50-59 ans n’étaient pas vaccinées. Selon les chiffres du 19 mai, elles sont respectivement 10% et 12,6% à ne toujours pas l’être. La protection de la catégorie la plus vulnérable de la population ne s’est donc pas améliorée.

Mauvais timing politique

Par contre, la décrue de l’épidémie – prévue avec l’arrivée de la saison estivale – a changé la donne d’un point de vue psychologique – et donc politique. Car il paraît bien plus difficile au gouvernement d’imposer, à l’heure actuelle, une obligation vaccinale à une population qui ne se sent plus menacée – même si cela est à tort – par le Covid-19. Et encore plus alors qu’aucun pays européen ne se lance actuellement dans une telle aventure.

Le deuxième avis du groupe ad hoc se révèle donc très sensible, puisqu’il sera compliqué pour le gouvernement de justifier le fait de prendre une décision contraire à ses recommandations. Le Premier ministre, (DP), n’avait-il pas ainsi , après la présentation du premier avis des experts: «Nous avons besoin d’une vaccination obligatoire. Cette question est tranchée. Non pas par des politiciens, mais des experts indépendants».

Texte de loi prêt

«Nous ne sommes pas liés par cet avis, mais, évidemment, si nous l’avons demandé, c’est pour s’en inspirer», a aussi récemment expliqué à Paperjam la ministre de la Santé, (LSAP), en marge d’une conférence de presse. «Cet élément est important pour prendre une décision politique», a-t-elle ajouté, plus modérée que le chef du gouvernement.

Le texte de loi, dont le ministère de la Justice est en charge, serait en tout cas d’ores et déjà prêt à être dégainé en cas de feu vert. Mais le sera-t-il? Adopter l’obligation vaccinale à l’approche de l’été, alors que le Covid paraît loin, sera très difficile à assumer devant les électeurs. Y renoncer exposera le gouvernement à des critiques déplorant une absence de cohérence et de courage politique. Le piège semble prêt à se refermer.