Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. (Photo: Maison Moderne) 

Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. (Photo: Maison Moderne) 

Au cœur de l’Union européenne, le Luxembourg demeure un environnement particulièrement attractif pour de nombreux acteurs évoluant dans le domaine des services financiers. Ses atouts? Avant tout un haut niveau d’expertise, un cadre réglementaire adapté et une grande stabilité, répond Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. 

Il y a quelques mois, le Brexit poussait de nombreux acteurs de la City londonienne à relocaliser une partie de leurs activités dans un des pays membres de l’Union européenne afin de préserver un accès au marché unique. Ce bouleversement, malgré son caractère regrettable, a constitué une occasion d’évaluer l’attractivité de la place financière luxembourgeoise vis-à-vis d’autres centres européens. Luxembourg a plutôt bien tiré son épingle du jeu, confirmant sa position de plateforme privilégiée par de nombreux acteurs pour établir leurs véhicules d’investissement. 

Facteurs d’attraction

Malgré une évolution forte du cadre réglementaire et fiscal ces dernières années, le Luxembourg est parvenu à préserver son attractivité. «Elle se fonde aujourd’hui sur trois principaux facteurs», confie . «Le premier réside dans l’expertise luxembourgeoise dans les domaines d’activité clés de la Place, que l’on parle de la banque privée ou des fonds d’investissement. Nous disposons localement d’un savoir-faire reconnu, avec un ensemble d’outils adaptés aux besoins des gestionnaires d’actifs. Le deuxième atout est sans aucun doute la dimension internationale de la Place luxembourgeoise, avec une ouverture vers l’extérieur profondément inscrite dans son ADN.» Pour un acteur désireux de développer des affaires à travers l’Union européenne et au-delà, Luxembourg, avec son environnement multilingue et multiculturel, son approche et son expertise transfrontalières, demeure une des Places parmi les plus appréciées des gestionnaires. «Enfin, le troisième facteur, c’est la stabilité qu’offre le pays. Cela peut sonner comme convenu, mais c’est un élément que citent tous les investisseurs parmi les principales raisons pour lesquelles ils ont choisi Luxembourg», explique Nicolas Mackel. 

Luxembourg reste aujourd’hui l’un des principaux hubs financiers pour les investissements internationaux.
Nicolas Mackel

Nicolas MackelCEOLuxembourg for Finance

La fiscalité n’est pas déterminante

Et la fiscalité? «Si elle est toujours prise en compte au moment de choisir une localisation ou une autre, la fiscalité n’est pas un facteur déterminant», poursuit le CEO de Luxembourg for Finance. Si l’on considère l’ensemble des décisions de relocalisation prises en faveur du Luxembourg ou d’autres Places dans le cadre du Brexit, très peu ont été prises sur la base d’un critère fiscal. «Souvent, 30, 40, parfois 50 critères ont été analysés par les acteurs avant d’arrêter un choix», explique Nicolas Mackel. «Si la fiscalité avait été déterminante, tous ces acteurs auraient opté pour l’Irlande, où le taux d’impôt sur les sociétés est de 12,5%, alors qu’il est de 25% au Luxembourg. Or, une grande partie de ces acteurs sont venus à Luxembourg, d’autres à Francfort, Paris ou Amsterdam.»

Harmonisation

Il faut dire que la fiscalité internationale a considérablement évolué ces dernières années, suite à la dernière crise financière ou encore à la mise en lumière de montages, considérés comme abusifs, permettant à des acteurs internationaux de réduire leur base d’imposition. Dans ce nouveau contexte, le Luxembourg a été partie prenante des évolutions, coopérant activement au développement d’une fiscalité internationale harmonisée. «Après avoir intégré le nouveau cadre fiscal défini au niveau de l’OCDE, avec BEPS, et transposé au niveau de l’Union européenne ATAD 1 et 2, DAC de 1 à 6, le Luxembourg reste aujourd’hui l’un des principaux hubs financiers pour les investissements internationaux», poursuit Nicolas Mackel. «C’est la preuve que notre réussite est liée à notre spécialisation, parce que cela a du sens de structurer ses investissements au départ du Luxembourg. Nous avons pu démontrer que nous sommes un grand centre financier international, pour d’autres raisons que la fiscalité.» 

Aujourd’hui, nous nous situons dans la moitié supérieure du tableau des juridictions européennes à la fiscalité sur les sociétés la plus élevée.
Nicolas Mackel

Nicolas MackelCEOLuxembourg for Finance

Agir avec raison

Ce n’est toutefois pas parce que le cadre a fortement évolué que la fiscalité ne constitue plus un levier sur lequel chaque État peut jouer. «Si l’on dispose de moins de marge de manœuvre en la matière que par le passé, il est faux et même nocif d’affirmer qu’il n’y a plus aucune différence entre les juridictions en matière fiscale», ajoute Nicolas Mackel. «Une saine concurrence, dans un cadre qui permet à tout le monde de jouer correctement, est bénéfique pour l’économie, pour les entreprises.»

Sur un plan fiscal, il y a tout du moins une réflexion à mener autour du taux d’imposition des sociétés afin de garantir l’attractivité du Luxembourg. «Aujourd’hui, nous nous situons dans la moitié supérieure du tableau des juridictions européennes à la fiscalité sur les sociétés la plus élevée», poursuit Nicolas Mackel. «Il existe une marge de manœuvre pour réduire ce taux, et ce dans une optique de préservation de l’attractivité, pour continuer à attirer des acteurs et rester une place financière importante. On ne peut pas le faire uniquement à travers la fiscalité. On ne peut pas le faire non plus sans attractivité fiscale.» À ce niveau, assure le CEO de Luxembourg for Finance, il faut agir avec raison dans le respect du cadre international commun.