Vincent Ravalec (réalisateur) estime que la VR pose encore beaucoup  de questions, notamment dans le domaine de la fiction. (Photo: Carole Muller - Fischer)

Vincent Ravalec (réalisateur) estime que la VR pose encore beaucoup de questions, notamment dans le domaine de la fiction. (Photo: Carole Muller - Fischer)

Pour Stéphane Hueber-Blies, producteur chez a_Bahn, ça ne fait pas de doute: «Luxembourg s’est inscrit dans le paysage européen de la réalité virtuelle et se fait connaître pour cela. Le Film Fund a compris une chose: la réalité virtuelle doit faire partie intégrante du cinéma.» Sous-entendu, ce n’est pas le cas en France, où les aides sont cantonnées aux départements «Nouvelles Écritures» ou «Multimédias», et donc limitées. Aussi, pour le film Fan Club, réalisé par Vincent Ravalec, et dont le tournage vient de s’achever, a_Bahn a réussi à obtenir 790.000€ d’aides du Film Fund en optant pour une demande classique de financement, via la grille de points qui rétribue les contributions luxembourgeoises, alors que le Centre national du cinéma (CNC) français ne contribue que pour 250.000€.

Et, en effet, sur le plateau, on détecte de nombreuses têtes connues du cinéma luxembourgeois: Aude-Laurence Biver, Astrid Roos et Jean-François Wolff dans des rôles importants, ou encore Harald Rude, premier assistant, Amandine Klee à la caméra, Ambroise Gayet à la régie, ou Pascal Charlier, à la machinerie. «C’est très excitant pour toute l’équipe, parce que c’est une première pour tout le monde», affirme Stéphane Hueber-Blies, qui souligne que ce tournage aura valeur de formation pour les techniciens. C’est peu dire que la réalité virtuelle n’en est qu’au stade de l’enfance, surtout pour ce qui concerne la fiction.

«On sait que la VR fonctionne pour le documentaire, la formation, la musique, le porno. Mais pour la fiction, on n’est pas encore très avancé, surtout pas pour un long métrage», estime le réalisateur Vincent Ravalec, qui s’intéresse à ce média depuis quelques années et a réalisé plusieurs «petits films», notamment pour le Musée d’Orsay.

Fan Club est tourné en 10 jours au château de Meysembourg, dans la Petite Suisse luxembourgeoise. C’est environ quatre fois moins qu’un long métrage classique, parce qu’une grande partie du travail se fait en amont, mais surtout en aval, en postproduction. Les prises de vue elles-mêmes vont nettement plus vite qu’à l’accoutumée, mais «nécessitent plus de préparation, puisqu’on ne peut pas être dans la pièce, sinon on apparaîtrait à l’image. On ne peut donc pas intervenir auprès des comédiens», détaille le réalisateur, qui suit les images dans une pièce à l’écart, sur un écran de téléphone qu’il balaye pour visionner les 360°. D’où l’importance de choisir «des comédiens chevronnés qui connaissent le théâtre et peuvent se débrouiller seuls» et de créer «un environnement visuel global qui passe par les décors, les costumes, dans lequel les spectateurs sont immergés».

L’histoire: une star de télévision grand public accepte de passer un week-end en compagnie de son fan-club – week-end qui vire au cauchemar. Cette dernière sera découpée en neuf épisodes d’environ sept minutes, présentés comme un puzzle, car les dispositifs de vision sont encore assez fatigants pour les spectateurs peu habitués.

Les questions de diffusion des films VR sont encore nombreuses. Le Film Fund est sur le point d’investir dans un dispositif développé par MK2, qui circulerait entre différents lieux culturels. «C’est encore un peu l’inconnu, mais c’est pour cela qu’il est important d’être dans le bateau dès maintenant», conclut le producteur.