François Bausch, mardi, lors de la signature du protocole d’accord avec son homologue française, Élisabeth Borne. (Photo: SIP / Jean-Christophe Verhaegen)

François Bausch, mardi, lors de la signature du protocole d’accord avec son homologue française, Élisabeth Borne. (Photo: SIP / Jean-Christophe Verhaegen)

Monsieur Bausch, les gouvernements français et luxembourgeois ont finalement annoncé un cofinancement de 240 millions, soit 120 millions d’euros chacun, à l’horizon 2028. Est-ce suffisant au vu des enjeux?

«Absolument. Car il faut bien être conscient que les 120 millions d’euros investis côté luxembourgeois viennent s’ajouter aux sommes déjà investies dans les infrastructures, que ce soit les travaux d’élargissement de la gare centrale de Luxembourg, ceux de la gare de Bettembourg ou les efforts entrepris en faveur du covoiturage. Le but de tout cela est d’augmenter fortement les capacités pour presque les tripler d’ici à 2028 par rapport à ce qui existe actuellement. Cela passe non seulement par le développement de l’offre ferroviaire, mais aussi par le développement des offres de P+R ou des lignes de bus transfrontaliers. Il ne faut pas perdre de vue que tout cela s’intègre dans une stratégie globale.

Comme vous l’aviez laissé sous-entendre fin janvier, l’accent est mis sur le ferroviaire. 110 millions sur les 120 millions luxembourgeois y seront consacrés. À quoi devront s’attendre les frontaliers?

«Bien évidemment, tout cela ne pourra se faire du jour au lendemain. Nous allons donc mettre en place les différents éléments par phase. La première débutera dès le changement d’horaires de décembre 2019 avec la mise en service du cinquième quai à la gare centrale, qui va accroître la capacité générale. Puis en 2023, avec l’entrée en fonction de la nouvelle ligne entre Bettembourg et Luxembourg et, enfin, une fois la gare de Bettembourg entièrement rénovée et adaptée et les adaptations côté français réalisées – comme l’allongement des quais en gare de Thionville –, nous arriverons aux objectifs fixés.

Le taux d’occupation des voitures se situe à 1,2 passager par véhicule.

François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures

Et qu’en est-il du projet de dédoublement de la voie entre Bettembourg et Thionville?

«Ce projet est inclus dans le document que nous avons signé ce mardi, mais il prendra plutôt la forme de la création d’une troisième voie entre Zoufftgen et Thionville, dédiée au transport de marchandises. Car si le trafic passager est important, il ne faut pas oublier que la multimodalité l’est tout autant, notamment dans le cadre d’une coopération économique qui vise notamment à faire circuler des trains non seulement vers le sud de la France, mais aussi vers la Chine, via le centre de Bettembourg. Cette nouvelle voie devrait être le dernier élément à voir le jour, donc vers 2028-2030.

Le covoiturage sera aussi valorisé, tout comme les P+R. Pouvez-vous détailler?

«Cet aspect est important, car actuellement le taux d’occupation des voitures se situe à 1,2 passager par véhicule, ce qui signifie que 250.000 sièges sont vides tous les matins. Pour remédier à cette situation, nous allons créer des P+R. Un nouveau, situé entre Thionville et la frontière qui sera dédié au covoiturage, et deux autres, en gare de Thionville et en gare de Longwy.

Un espace de co-working à l’étude à Belval

Qu’en est-il de la création de la zone franche transfrontalière du sud du pays dans laquelle les entreprises qui chercheraient à s’implanter au Luxembourg pourraient venir, même si sur territoire français, tout en bénéficiant d’une législation harmonisée?

«Le département de l’Aménagement du territoire de mon ministère a effectivement lancé une étude sur la faisabilité de créer, sur une friche industrielle du sud du pays, un espace bénéficiant d’un régime juridique commun permettant aux entreprises désireuses de s’installer au Luxembourg de le faire dans cette zone. Même si l’installation se ferait techniquement sur le sol français. L’étude porte sur un site de 30 hectares côté luxembourgeois et 60 hectares côté français. En cas de mise en place, ce serait un atout supplémentaire pour le pays.

Quid de l’idée de créer un espace de co-working à destination des frontaliers, mais du côté luxembourgeois?

«L’idée est aussi à l’étude, notamment du côté de Belval, et vise à permettre aux travailleurs non résidents de travailler quelques jours par mois, par exemple, dans cet espace sans avoir à régler les délicates questions de la fiscalité ou de sécurité sociale, qui sont pour le moins compliquées. L’avantage de cette solution est qu’elle permet de fluidifier le trafic sur les routes en allégeant la pression en direction de la capitale.

L’attractivité de l’aéroport de Luxembourg n’est pas liée à monsieur Vanneste.

François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures

Le Premier ministre a évoqué, dans une interview à Paris, l’idée de créer un parc d’énergies renouvelables transfrontalier en cas d’arrêt de la centrale de Cattenom.  Qu’en est-il concrètement?

«En tant que Luxembourgeois, nous nous devons de proposer une telle solution, mais dans les faits, la décision ne nous revient pas tant que l’arrêt de la centrale lorraine n’aura pas été décidé et appliqué. Donc pour le moment, il n’y a rien de concret.

Enfin, quel est le profil nécessaire pour succéder à Johan Vanneste à la tête de Lux-Airport? Dans quel délai? Quel sentiment vis-à-vis de ce départ précipité?

«C’est le choix personnel de Johan Vanneste de partir. L’attractivité de l’aéroport de Luxembourg n’est pas liée à monsieur Vanneste, car c’est un aéroport très peu congestionné, où il existe encore des slots libres, et c’est un aéroport central dans lequel nous investissons beaucoup. Monsieur Vanneste part, mais les atouts restent. Il a été proposé au conseil d’administration de Lux-Airport de nommer René Steinhaus comme directeur faisant fonction, je pense que c’est un bon choix. Selon moi, il faut que le futur directeur ait un profil commercial, mais aussi une vision globale sur l’ensemble de l’aéroport. Dans tous les cas, nous n’allons pas nous stresser pour trouver un successeur à monsieur Vanneste, car je suis certain que monsieur Steinhaus fera du bon travail.»