Économiste, prospectiviste, essayiste. Les mots clés figurant sur la biographie Wikipedia de Jeremy Rifkin résument l’œuvre de l’auteur du best-seller «La troisième révolution industrielle.»
C’est en tant que visionnaire sur ce que pourrait être l’économie du futur qu’il était invité ce matin par le ministre de l’Économie à se présenter devant la presse.
Aux côtés d’Étienne Schneider qui était rejoint par Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce, et de Christian Scharff, président d’IMS, Jeremy Rifkin a dévoilé sa vision pour un avenir économique qui s’écrit d’ores et déjà avec les outils disponibles.
Communication, mobilité et énergie, ce triptyque sera en effet au centre d’une économie davantage collaborative et participative, selon l’économiste. Le tout supporté par une infrastructure transversale, dénommée internet.
Dans la société digitale, chacun d’entre nous peut être un acteur.
Jeremy Rifkin
«Ce changement de business model ne se fera pas du jour au lendemain, c’est un processus», précise Rifkin. L’un des challenges pour les entreprises sera à la fois de composer avec des défis verticaux (inhérents à leur secteur, NDLR) et des enjeux transversaux», indique en substance l’économiste.
Change management
Il a conseillé plusieurs chefs de gouvernement, Jeremy Rifkin cite ainsi l’Allemagne – où il a travaillé pour Angela Merkel – et son importante mutation vers l’énergie solaire. Il cite également en référence la région du Nord-Pas de Calais qui s’est engagée dans la voie de cette nouvelle économie.
«Le Luxembourg peut jouer le rôle de laboratoire pour introduire ce nouveau modèle économique», indique l’économiste qui voit dans l’engagement du pays un bon exemple pour atteindre l’agenda 2020 d’une Europe smart et digitale.
Le gouvernement luxembourgeois a donc aussi décidé de s’entourer des conseils de Jeremy Rifkin et de son équipe, pour un mandat de 450.000 euros répartis entre le gouvernement et la Chambre de commerce.
Des atouts, des chantiers
«Nous sommes dans une phase de transition vers une ‘sharing économie’ où l’on investira moins dans les objets que dans les services qu’ils peuvent rendre», déclare Étienne Schneider, qui prolongeait en quelque sorte ce matin le vœu d’un Luxembourg 3.0 exprimé durant le discours d’ouverture de la Foire de printemps.
Selon le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, le Luxembourg, qui a entrepris une diversification économique depuis 10 ans, dispose d’ores et déjà d’atouts pour se tourner vers un nouveau projet ambitieux. Le réseau en construction de bornes électriques pour voitures, les infrastructures ICT et de logistique sont ainsi cités.
Nous voulons franchir les prochaines étapes pour parvenir à un nouveau modèle économique.
Étienne Schneider, vice-Premier ministre
Le gouvernement compte bien sur l’apport de Jeremy Rifkin pour que la vision devienne réalité et pour garder une certaine avance sur d’autres territoires qui vont forcément se positionner de la même manière.
À l’échéance des 10 prochains mois, les données seront collectées, les équipes se rencontreront et les acteurs privés seront sollicités par l’intermédiaire d’IMS et de la Chambre de commerce, parties prenantes de ce projet construit autour d’un mode PPP et concernant les sociétés de toute taille.
Ce nouveau paradigme, qui est envisagé alors que le PIB des grandes puissances stagne ou recule et que le réchauffement climatique est, plus que jamais, un enjeu majeur, implique cependant plusieurs défis.
L’un d’entre eux sera d’assurer la neutralité d’internet et la sécurité des données face aux terroristes notamment. S’il sera favorisé par l’usage des technologies, il conviendra aussi de provoquer un certain changement culturel dans les habitudes de consommation et de consentir à de nouveaux investissements. Du travail pour les prochaines séances.