Selon Claude Turmes, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) ne respecte aucune règle de conduite digne d'une agence indépendante. (Photo: Christian Aschman / archives)

Selon Claude Turmes, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) ne respecte aucune règle de conduite digne d'une agence indépendante. (Photo: Christian Aschman / archives)

Mis en veilleuse depuis l’été 2016, le dossier du glyphosate – l’herbicide mieux connu notamment sous le nom du «Roundup» que produit la firme Monsanto – vient de refaire surface à la faveur d’une décision de la Commission européenne qui a décidé de relancer la procédure visant à prolonger pour une période de 10 ans la licence d’autorisation de ce produit dans l’Union européenne.

En juin 2016, l’exécutif européen avait déjà tenté de relancer cette autorisation, mais il s’était heurté à un vote négatif de la France et de Malte et à sept abstentions – dont celle du Luxembourg – qui avaient bloqué la décision. En partie du moins puisque la Commission avait tout de même choisi de prolonger l’autorisation du glyphosate pour 18 mois, dans l’attente d’un rapport du comité des risques de l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) – dont fait partie Monsanto – qui a conclu que la substance active du glyphosate «ne devrait pas être classée comme cancérogène», ce que soutient également l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa).

Sur base de ces conclusions – en opposition avec celles d’autres études menées notamment au niveau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) – la Commission européenne va donc une nouvelle fois tenter de prolonger d’ici la fin 2017 l’autorisation de l’utilisation du glyphosate dans l’UE, à la majorité qualifiée des États membres, alors qu’une initiative citoyenne, conduite par divers mouvements et partis écologistes – s’y oppose fermement et a réuni, pour tenter d’y parvenir, 750.000 signatures à travers une pétition lancée au début de cette année.

Une plainte devant la CJUE

En complément de celle-ci, l’eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes (Déi Gréng) vient d’indiquer qu’une action devrait bientôt être menée devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) contre l’Efsa qui ne respecterait «aucun code de conduite sur les études qu’elle soutient», et qu’une majorité à rassembler au sein du Parlement européen pourrait conduire à la mise sur pied d’une commission d’enquête chargée de se pencher sur les pratiques de cette même Autorité européenne de sécurité des aliments.

«Il faut en finir avec le glyphosate», martèle Claude Turmes, pour qui «des centaines de milliers d’agriculteurs bio démontrent que se passer des herbicides et des pesticides est possible», aidés par les développements de la technique – dans le traitement mécanique des mauvaises herbes par exemple – et de nouveaux produits phytosanitaires.

Etgen et Dischbourg divisés

Pour accompagner les agriculteurs et les viticulteurs à investir dans ce sens, Claude Turmes indique encore vouloir défendre au niveau de son groupe la création d’un fonds européen antiglyphosate.

Quant à la situation de ce produit sur le marché luxembourgeois, il évoque un «consensus» obtenu par Déi Gréng pour que le Grand-Duché s’abstienne toujours de se prononcer – une abstention qui équivaut à un vote négatif – au niveau de la majorité européenne qui est requise pour valider l'initiative de la Commission.

Selon Claude Turmes, ce consensus serait consécutif à la volonté du ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen (DP) – «poussé par la Centrale paysanne» – d’autoriser la poursuite de la commercialisation du glyphosate au Grand-Duché; tandis que la ministre de l’Environnement, Carole Dischbourg (Déi Gréng), y serait quant à elle opposée.