L'enjeu de la réunion du Comité permanent du travail et de l'emploi tient dans la définition d'un nouveau cadre sur le temps de travail des salariés. (Photo: Christophe Olinger)

L'enjeu de la réunion du Comité permanent du travail et de l'emploi tient dans la définition d'un nouveau cadre sur le temps de travail des salariés. (Photo: Christophe Olinger)

La réunion qui débute ce jeudi, à 9h, au château de Senningen, s’annonce cruciale. Non seulement en raison des enjeux majeurs portés par la question de la flexibilisation du temps de travail, mais aussi quant à la poursuite du dialogue social entre partenaires sociaux tant les divergences de points de vue semblent importantes. À tel point que les avancées nées de ce type de réunion se font de plus en plus rares ces derniers mois. L’illustration de cette situation tient dans les propos musclés tenus de part et d’autre au cours des dernières semaines.

Alors que le gouvernement a annoncé plusieurs réformes ayant attrait à la vie des salariés, congé parental et congés pour raisons familiales en tête, l’interprétation faite de ces mêmes mesures change du tout au tout, selon que l’on se place du côté des syndicats ou du point de vue du patronat. Saluées par les premiers, les mesures sont perçues par le second comme «des concessions accordées aux salariés». Une vision qui pousse l’Union des entreprises luxembourgeoises à attendre du Comité permanent du travail et de l’emploi de jeudi une contrepartie de la part du gouvernement.

L'UEL possède une conception pervertie du contenu et des missions du dialogue social.

André Roeltgen, président de l'OGBL

«Nous demandons juste l’application de l’accord que nous avons avec le gouvernement dans le cadre d’une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle», indique Nicolas Henckes, secrétaire général de l’UEL à Paperjam.lu. «Nous nous attendons donc à ce que le ministre (Nicolas Schmit, (LSAP) ministre du Travail, ndlr) applique la directive européenne afin de nous permettre de nous battre à armes égales face à la concurrence internationale.» Autrement dit, que le gouvernement valide la flexibilisation du temps de travail pour permettre aux entreprises qui le souhaitent d’adapter la durée de travail de leurs salariés en fonction des carnets de commandes.

Une idée à laquelle s’oppose farouchement, et sans surprise, André Roeltgen, président de l’OGBL. Dans l’édito du dernier magazine du syndicat, ce dernier estime que l’UEL «tente d’imposer une loi (…) qui introduirait une flexibilisation accrue des horaires de travail dans l’intérêt exclusif des employeurs» et que cette position témoigne «d’une conception pervertie du contenu et des missions du dialogue social et du droit du travail». Pas de quoi garantir des échanges sereins aujourd'hui.

Nous sommes là pour obtenir notre part de l’accord.

Nicolas Henckes, secrétaire général de l'UEL

Tous s’accordent pourtant sur la nécessité de réformer l’actuelle loi, jugée comme n’étant plus adaptée aux réalités du marché du travail actuel. Pour Patrick Dury, président du LCGB, les discussions doivent avant tout «être basées sur le bon sens, même si cela ne peut se traduire dans les textes». Le syndicaliste plaide donc pour une gestion flexible «qui doit permettre également aux salariés de tirer leur épingle du jeu» au travers principalement d’une implication des délégations du personnel.

Dernière réunion sur ce thème, les négociations de jeudi pourraient pourtant ne pas aboutir. Car pour l’UEL, les choses sont claires: «Nous sommes là pour obtenir notre part de l’accord, éventuellement avec des modifications esthétiques», estime Nicolas Henckes. «Nous préférons même ne pas avoir d’accord du tout que de ne pas avoir gain de cause.»

Dans une telle hypothèse, ce sera alors à Nicolas Schmit de devoir trancher, le risque étant pour lui de se mettre à dos l’une ou l’autre partie. L’UEL promet d’ores et déjà au gouvernement qu’en cas de décision qui n’abonderait pas dans son sens, «les relations futures seraient bien plus tendues qu’elles ne le sont aujourd’hui».