Si les enjeux ne sont pas aussi importants que ceux portés par le lancement du satellite Astra en 1988 réalisé par la toute jeune SES, la pression reste forte ce mardi. Tous les acteurs du secteur spatial luxembourgeois ont en effet les yeux rivés sur le pas de tir de SpaceX, situé sur la base de Cap Canaveral en Floride où est logé GovSat-1, le premier satellite militaire luxembourgeois.

Décidée en juillet 2014 et concrétisée en février 2015, la création de cet engin spatial doit non seulement répondre aux exigences de dépenses militaires vis-à-vis de l’Otan – hausse de 50% du budget de la Défense jusqu’en 2020 – mais aussi permettre de bénéficier de la présence sur son sol de personnels hautement qualifiés – civils ou militaires – et de créer un nouveau marché. Celui de la location de communications hautement sécurisées.

Secteur hautement concurrentiel 

Qualifiée dès 2015 de «triple win» par Étienne Schneider (LSAP), ministre de l’Économie, cette stratégie doit permettre au Luxembourg d’accroître sa réputation dans le secteur spatial, déjà auréolé du succès du géant de Betzdorf, leader mondial des opérateurs satellites. Et donc d’accroître les chances du pays de bénéficier d’une part conséquente d’un marché de communications sécurisées estimé par une étude du bureau Euroconsult à quelque 240 milliards d’euros d’ici à 2026, dont 2,2 pour le seul domaine militaire.

Et la compétition s’annonce dense puisque si le cabinet spécialisé recensait, en 2006, 11 pays dotés d’un programme spatial à vocation militaire, leur nombre devrait dépasser la barre des 30 en 2021. D’où l’importance de tirer son épingle du jeu en étant parmi les «first movers», d’autant plus que d’autres pays ont d’ores et déjà planifié le même type de lancement, comme c’est le cas pour le Japon avec son DSN-1 dont la mise sur orbite est prévue mi-mars depuis la base de Kourou.

Accord pour un deuxième satellite

Destiné à assurer des connexions hautement sécurisées et à très haut débit, le satellite militaire luxembourgeois s’adresse avant tout aux organisations internationales et aux États, que ce soit dans le cadre de missions stratégiques liées à la Défense ou humanitaires. Pour le moment, «entre 15 et 25%» des capacités de GovSat-1 ont été allouées, selon les dernières données livrées par Patrick Biewer, CEO de LuxGovSat. Des capacités utilisées par l’Otan et l’État luxembourgeois. Reste donc aux commerciaux de la joint-venture créée entre SES et l’État luxembourgeois à prospecter envers des institutions telles que Frontex, l’agence européenne en charge de la surveillance des frontières de l’Union ou des organisations en charge d’analyser les images de catastrophes naturelles.

Le potentiel de cette niche, dotée «d’une croissance annuelle de 7%» selon Karim Michel Sabbagh, CEO de SES, semble avoir convaincu le gouvernement qui a validé, mi-janvier, l’idée d’un deuxième satellite militaire. Intégré dans les «Lignes directrices de la Défense luxembourgeoise à l’horizon 2025»,  cet accord de principe ouvre la voie également d’autres investissements, comme la création d’un hôpital militaire, accessible au public, et spécialisé dans les biotechnologies ou le développement d’«un pôle gouvernemental aérien au Findel». Selon les dernières informations en provenance de Floride, les conditions météo actuelles donnent une probabilité que le lancement ait lieu de 40%.