Face au déblocage actuel des négociations, Londres souhaite mettre en place un nouveau type de discussion avec en ligne de mire le Conseil européen du 14 décembre prochain. (Photo: Commission Européenne)

Face au déblocage actuel des négociations, Londres souhaite mettre en place un nouveau type de discussion avec en ligne de mire le Conseil européen du 14 décembre prochain. (Photo: Commission Européenne)

Face au constat d’échec des négociations autour du Brexit, quatre mois après leur lancement officiel, Londres tente de reprendre la main. Selon Bloomberg, le gouvernement britannique doit présenter mardi un plan visant à intensifier les pourparlers avec Bruxelles et à rompre avec le schéma actuel de négociation, basé sur des rencontres par session de quatre jours, une fois par mois.

David Davis, ministre britannique en charge du Brexit, plaiderait donc sur des échanges «plus continus». Seule option capable, selon lui, de permettre aux deux parties «d’accomplir les progrès nécessaires», selon une source anonyme citée par l’agence de presse économique.

60 milliards d’euros réclamés par Bruxelles

Pour Londres, ce changement de stratégie relève de la nécessité au vu de l’unité affichée par les 27 sur ce dossier, tous refusant d’aborder la question de la future relation économique entre l’Union et le Royaume-Uni sans le règlement des questions relatives aux droits des citoyens, à la frontière nord-irlandaise, sans oublier l’épineuse question du règlement de la facture britannique.

Bruxelles réclame 60 milliards d’euros pour les engagements financiers passés réalisés par le Royaume-Uni, notamment en ce qui concerne les prêts entre États membres ou le financement des pensions des personnels de l’Union européenne.

Des «mesures d’urgence» au menu

Au cœur de toutes les crispations, cette question financière se révèle être un véritable dilemme pour Theresa May, qui s’est déjà engagée à verser quelque 20 milliards d’euros au cours de la période de transition de deux ans qu’elle appelle de ses vœux, une fois le Brexit acté, en mars 2019. Affaiblie politiquement, car tiraillée entre partisans d’un «soft» et d’un «hard» Brexit au sein même des Tories, la Première ministre, qui avait fait campagne en faveur d’une rupture nette avec l’Union, doit veiller à respecter ses promesses de campagne.

Notamment celle qui assurait que le divorce avec Bruxelles permettrait au Royaume-Uni de récupérer «des milliards de livres sterling» en lien direct avec l’arrêt du versement de la contribution annuelle au budget européen. Toujours selon Bloomberg, la réunion du cabinet du Premier ministre de ce mardi doit également être l’occasion d’évoquer «les mesures d’urgence» à mettre en place en cas d’arrêt définitif des négociations.

Avancées soumises à la réalisation de «progrès significatifs»

Des mesures qui devraient concerner «58 secteurs de l’économie, dont les services financiers» et couvrant «environ 88% de l’économie», à en croire les chiffres avancés par l’agence de presse. Le porte-parole de Theresa May, cité lundi par les médias britanniques, indiquait que le gouvernement «se penchera sur les préparatifs du Brexit pour tous les résultats.» Fidèle à la dernière position britannique en date, le porte-parole assurait que Theresa May était «confiante dans le fait d’obtenir un accord».

Lors du dernier Conseil européen, Theresa May était repartie de Bruxelles avec un léger encouragement des 27 qui avaient accepté de réaliser des travaux préparatoires «en interne» pour la seconde phase de négociations, celle devant définir les contours de la future relation économique entre les deux entités. Le déclenchement de cette discussion est toutefois soumis à la réalisation «de progrès significatifs» au cours des prochaines semaines.

Jusqu’à 75.000 postes supprimés dans la City

Le 14 décembre, date du prochain Conseil européen, s’annonce donc crucial pour les Britanniques dans leur volonté d’atteindre la seconde phase des négociations, d’où l’accélération du rythme. Sans accord à cette date, plusieurs diplomates, aussi bien britanniques qu’européens, pointent du doigt le risque d’échec des négociations et le départ du Royaume-Uni sans accord. Un scénario auquel se prépare le gouvernement officiellement depuis plusieurs semaines.

Selon une étude menée par la Banque d’Angleterre, citée par la BBC, l’impact du Brexit sur l’emploi au Royaume-Uni ne serait pas anodin, puisque l’institution évoque une suppression d’emploi pouvant aller jusqu’à 75.000 postes, et ce, uniquement dans la finance.