«La Station F n’est pas un incubateur, mais un campus 100% privé qui regroupe plusieurs initiatives indépendantes entre elles.» Martin Guérin, le CEO de l’accélérateur luxembourgeois Nyuko, aime être précis. Il a fait partie de la délégation luxembourgeoise qui, mardi, visitait la structure gigantesque mise en place par le milliardaire Xavier Niel à Paris, dans le cadre de la visite d’État.

Autre aspect qui a retenu l’attention de celui qui est également le CEO du Luxembourg City Incubator (LCI): des tarifs «low cost» – 195 euros mensuels par poste de travail en coworking – pour un service minimum. «Il n’y a pas d’accompagnement des entrepreneurs, mais cette formule correspond bien aux besoins des start-up plus matures qui savent se débrouiller toutes seules.»

Faciliter l’échange de start-up

Un constat qui n’empêche pas Karin Schintgen, la CEO de la Host, de voir une philosophie identique dans l’approche des deux structures. «C’est un système qui ressemble au nôtre, dans le sens où il héberge des incubateurs ou des accélérateurs qui ont chacun leur propre modèle d’activité», explique-t-elle.

Et d’ajouter que des discussions ont eu lieu avec Xavier Niel, le propriétaire de la Station F, en vue d’une coopération entre les deux structures: «L’idée serait de faciliter le transfert de nos start-up vers Paris et inversement. L’idée vient de notre part et nous espérons qu’elle pourra se concrétiser.»

Avoir un point d’attache à la fois à Paris et au Luxembourg est une pratique intéressante.

Martin Guérin, CEO de Nyuko

Il existe déjà plusieurs start-up parisiennes basées à Station F qui sont intéressées par l’idée de venir s’installer au Luxembourg. On peut parler, par exemple, de Postmii, qui faisait partie de la délégation luxembourgeoise au CES de Las Vegas de cette année. Contactée par Paperjam, la jeune pousse dit être en relation avec l’espace de coworking pour start-up European American Enterprise Council (EAEC) pour une installation au Luxembourg dans le courant de l’année.

La start-up Finarta, elle, est implantée à la fois au Grand-Duché et à la Station F. Elle a d’ailleurs pitché à Paris lors de la visite de la délégation luxembourgeoise. «Avoir un point d’attache à la fois à Paris et au Luxembourg est une pratique intéressante que j’encourage», précise Martin Guérin.

Il existe par ailleurs déjà une présence luxembourgeoise sur place. Il s'agit de la société de capital-risque Expon capital, qui dispose d'un bureau depuis l'ouverture du campus.

Un campus dédié aux jeunes pousses

Pour David Foy, le monsieur ICT de Luxinnovation, la Station F doit être une source d’inspiration pour l’ensemble de l’écosystème start-up local. «Il m’a paru intéressant de voir que la structure faisait appel à de grosses sociétés du numérique, comme Google ou Amazon, pour sponsoriser différents programmes d’accompagnement, ce qui lui permet de ne pas avoir d’intérêt commercial direct, et ainsi de pouvoir accueillir des start-up de tous les domaines sans se focaliser sur un secteur en particulier», détaille-t-il.

Un modèle rendu possible grâce à l’ampleur de la structure, qui s’étend sur 34.000m2 et héberge plus d’un millier de start-up. Une taille critique qui lui permet de faciliter les synergies. Des administrations publiques ont des bureaux sur place, par exemple, ce qui facilite grandement la vie des start-up.

«Les différents incubateurs sont trop dilués au Luxembourg, ce qui ne favorise pas le partage et les échanges», ajoute David Foy. «L’idéal serait de pouvoir rassembler tout le monde dans un même endroit, un peu comme ce que l’on est en train de faire avec l’Automotive Campus à Roost.» L’idée est lancée.