Pour la deuxième fois en quelques mois, les commentaires qu’aurait faits Jean-Claude Juncker suite à ses échanges avec Theresa May se sont retrouvés publiés. (Photo: Commission européenne/archives)

Pour la deuxième fois en quelques mois, les commentaires qu’aurait faits Jean-Claude Juncker suite à ses échanges avec Theresa May se sont retrouvés publiés. (Photo: Commission européenne/archives)

À en croire le Frankfuter Allgemeine Zeitung, l’ambiance au cours du dîner de travail qui s’est déroulé lundi dernier entre Theresa May et Jean-Claude Juncker n’aurait pas été au beau fixe. La faute, selon le quotidien allemand, à l’état d’esprit de la Première ministre britannique, présentée non seulement comme «découragée et déprimée», qui «ne sourit plus que devant les photographes» et comme une femme «anxieuse», qui aurait «demandé de l’aide» aux Européens. Basé sur des déclarations qu’aurait tenues Jean-Claude Juncker à son entourage proche, l’article, paru ce week-end, se trouve au cœur d’une vive polémique au Royaume-Uni.

Dans un tweet publié dimanche soir, Nick Timothy, ancien collaborateur de Theresa May aujourd’hui journaliste, déclare que la publication de ses propos ne peut résulter que d’une fuite du côté européen. Et le Britannique de livrer le nom de Martin Selmayr, le directeur du cabinet du président de la Commission européenne. Objectif, selon lui: rappeler «que certains à Bruxelles ne veulent pas d’un accord (sur le Brexit, NDLR) ou alors un accord punitif».

<blockquote class="twitter-tweet" data-lang="fr"><p lang="en" dir="ltr">After constructive Council meeting, Selmayr does this. Reminder that some in Brussels want no deal or a punitive one <a href="https://t.co/VDlhFx8bdl">https://t.co/VDlhFx8bdl</a></p>&mdash; Nick Timothy (@NickJTimothy) <a href="https://twitter.com/NickJTimothy/status/922187237219020800?ref_src=twsrc%5Etfw">22 octobre 2017</a></blockquote>

<script async src="//platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>Quelques heures plus tard, le principal intéressé s’est défendu, par tweet interposé, en affirmant d’une part ne pas être à l’origine de la fuite et d’autre part en démentant que le Luxembourgeois ait tenu de tels propos envers Theresa May. Le chef de cabinet estime par ailleurs que ni lui ni Jean-Claude Juncker n’avaient intérêt à «affaiblir Theresa May» et s’interroge sur la manœuvre cachée derrière cet article. «Tout cela prouve que certains ont intérêt à dégrader les relations constructives entre Jean-Claude Juncker et Theresa May. Mais qui? Voilà la vraie question.»

<blockquote class="twitter-tweet" data-lang="fr"><p lang="en" dir="ltr">I deny that 1/we leaked this; 2/Juncker ever said this; 3/we are punitive on Brexit. It&#39;s an attempt 2 frame EU side &amp; 2 undermine talks. <a href="https://t.co/pGhCxExpHu">https://t.co/pGhCxExpHu</a></p>&mdash; Martin Selmayr (@MartinSelmayr) <a href="https://twitter.com/MartinSelmayr/status/922347332531900416?ref_src=twsrc%5Etfw">23 octobre 2017</a></blockquote>

<script async src="//platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>

<blockquote class="twitter-tweet" data-lang="fr"><p lang="en" dir="ltr">But it seems some have interest in undermining constructive relations <a href="https://twitter.com/JunckerEU?ref_src=twsrc%5Etfw">@JunckerEU</a> &amp; PM May. Who? is the real question <a href="https://t.co/vThPiZWheF">https://t.co/vThPiZWheF</a></p>&mdash; Martin Selmayr (@MartinSelmayr) <a href="https://twitter.com/MartinSelmayr/status/922343543192121344?ref_src=twsrc%5Etfw">23 octobre 2017</a></blockquote>

<script async src="//platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>

Au-delà de la passe d’armes entre les deux hommes, la polémique porte plus sur la multiplication des incidents de ce type, des commentaires de Jean-Claude Juncker sur Theresa May ayant déjà été publiés en mai dernier, une fois encore dans les colonnes du Frankfuter Allgemeine Zeitung, dans un article signé du même journaliste. Suite à la rencontre entre les deux dirigeants à Londres, le quotidien allemand avait assuré que le président de la Commission estimait que Theresa May «vit sur une galaxie», qu’il «quittait Downing Street dix fois plus pessimiste» qu’il ne l’était, avant de s’emporter sur les exigences britanniques avec une phrase devenue célèbre: «L’Europe n’est pas un club de golf!» De son côté, Theresa May avait minimisé l’information, la qualifiant de «ragot bruxellois».

La publication de ce nouvel article intervient dans un moment délicat pour la Première ministre britannique, repartie vendredi d’un Conseil européen avec un signe léger des dirigeants européens: celui d’entamer des discussions «en interne» sur la deuxième phase des négociations, qui porte sur les contours de la future relation entre Bruxelles et Londres. Toujours malmenée à la fois par les travaillistes et une partie de son camp, de moins en moins enclins à accepter un hard Brexit, Theresa May bénéficie d’une marge de manœuvre politique de plus en plus réduite, faute «d’avancées significatives» dans les négociations. De nouvelles réunions entre les parties doivent avoir lieu dans les semaines à venir, avant le prochain Conseil européen, prévu en décembre.