Actif depuis le début des années 2000 au sein de la Confédération générale de la fonction publique, Romain Wolff assure que le syndicat n’est pas qu’un club d’hommes. (Photo: Mike Zenari)

Actif depuis le début des années 2000 au sein de la Confédération générale de la fonction publique, Romain Wolff assure que le syndicat n’est pas qu’un club d’hommes. (Photo: Mike Zenari)

Après 12 années au poste de secrétaire général de la Confédération générale de la fonction publique (CGFP), vous en êtes désormais le président. Historiquement, le pouvoir se trouve plutôt entre les mains du secrétaire général. Allez-vous revoir cette conception?

«Je ne crois pas qu’il y aura de grands changements dans le fonctionnement du syndicat, mais nous allons plutôt mettre en place une répartition des rôles, avec Steve Heiliger, le nouveau secrétaire général, et avec Claude Heiser, le premier vice-président. Quand j’ai succédé à Jos Daleiden, chose pas évidente quand son prédécesseur était le fondateur et qu’il a occupé cette fonction pendant 38 ans, la situation était effectivement différente. Les temps ont changé.

Quelle vision souhaitez-vous mettre en place?

«La CGFP de demain ne va pas radicalement changer par rapport à celle d’avant le 12 décembre. Bien sûr, nous allons travailler dans l’intérêt de nos membres, de tous ceux qui travaillent de près ou de loin dans la fonction publique. Toutefois, nous n’allons pas seulement veiller à la revalorisation du point indiciaire, mais être attentifs à bien d’autres choses sur le plan moral et sur le plan social. Nous souhaitons également, comme dans le passé, travailler dans l’intérêt du pays.

Pour un syndicat qui se veut représentatif, l’absence de femmes dans les instances dirigeantes est flagrante. Tenez-vous à ce côté «club d’hommes»?

«J’espère bien que les choses changeront à l’avenir avec une évolution au sein des instances dirigeantes des organisations sectorielles. Quelques femmes occupent déjà ces postes et nous espérons que dans un proche avenir, nous aurons la possibilité d’avoir au moins une femme au bureau exécutif. Cela ne pourra cependant se faire qu’en parallèle d’un changement de mentalité pour permettre aux femmes d’avoir encore plus de temps de s’engager pleinement dans le syndicalisme.

Parmi les critères de l’accord salarial signé en décembre 2016 avec le gouvernement se trouvent les questions relatives à la flexibilisation du temps de travail. Êtes-vous favorable à la valorisation du télétravail annoncée récemment?

«C’est important, car cela rejoint la thématique de la conciliation entre vie professionnelle et vie privée. Dans ce cadre, le télétravail est une très bonne chose, même si cela représente aussi des dangers, dans le sens notamment d’une obligation de disponibilité au-delà d’une tâche complète. Il faudra donc veiller à ce que les droits sociaux et statutaires des personnes qui choisiront de travailler depuis chez elles soient respectés.

En cette période pré-électorale, quels sont les éléments indispensables à défendre ou à voir mettre en place?

«Vous savez très bien que nous n’allons pas nous positionner pour ou contre un parti politique et que nous garderons notre neutralité. Jamais nous ne dirons de voter pour tel ou tel candidat. Mais cela ne veut toutefois pas dire que nous ne parlerons pas aux hommes politiques pour défendre nos positions. À savoir bénéficier d’une fonction publique multilingue, motivée, bien formée et rémunérée d’une manière correcte.

Ce qui est le cas dans l’accord salarial qui prévoit une prime unique en 2017 et une revalorisation du point indiciaire en 2018…

«Effectivement, c’est un bon accord. Pas seulement parce qu’il comporte ces éléments, mais surtout d’autres qui vont bien au-delà. Et c’est justement le point fort de ce texte. Les aspects financiers ne représentent qu’une toute petite partie, la très grande majorité concerne des aspects sociaux. C’est notamment le cas pour le compte épargne-temps qui est un élément important. Au-delà, la CGFP trouve que la réforme fiscale, par exemple, est une bonne chose car les personnes physiques sont elles aussi gagnantes. Si certaines voix disent que la réforme fiscale va trop loin, alors je dis non. Absolument pas, elle pourrait aller plus loin pour les personnes physiques qui l’ont préfinancée.

Et qu’en est-il des éléments que vous aimeriez mettre en place pour améliorer la fonction publique?

«Le thème de la digitalisation est important, car nous sommes en train de nous y adapter. Idem en ce qui concerne la flexibilité, plus précisément les horaires d’ouverture des administrations, ou bien encore la simplification administrative. Même si c’est parfois très compliqué quand on constate que les textes législatifs deviennent de plus en plus complexes et viennent de plus en plus de Bruxelles. Mais Bruxelles, c’est nous, ce sont les hommes politiques que nous avons élus.»