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Mifid II vise à renforcer la directive Mifid de 2007 pour un meilleur fonctionnement des marchés financiers et une meilleure protection des investisseurs. 

Le 3 janvier prochain, la directive européenne Mifid II entrera enfin en application. Elle vise à renforcer la directive Mifid de 2007 pour un meilleur fonctionnement des marchés financiers et une meilleure protection des investisseurs.

Véritable casse-tête législatif, elle a finalement été repoussée d’un an pour éliminer toutes les zones de flou. Mais cette fois, plus d’échappatoire.

L’heure n’est donc plus de savoir si les acteurs financiers sont prêts pour cette mini-révolution, mais plutôt de voir ce qui va changer dans la relation entre un investisseur et son banquier. «On peut vraiment parler d’un accroissement de la transparence en faveur de l’investisseur», observe Denis Costermans, directeur associé chez EY Luxembourg, pour résumer cette évolution en une brève formule.

«Je ne connais pas une autre industrie qui devra agir dans un cadre aussi transparent, poursuit l’expert. Les banques agiront de manière extrêmement transparente vis-à-vis de leurs clients qui, eux, seront exposés à un volume important d’informations.» Dès 2018, les institutions bancaires auront l’obligation de faire un rapport complet à leurs clients de tous les coûts et charges qui leur sont comptabilisés par rapport à leurs investissements. Des frais qui concernent la banque elle-même, mais aussi les fonds dans lesquels elle investit pour le compte de son client. Celui-ci sera donc informé de manière détaillée de tout ce qu’il a à payer: droits d’entrée, coûts de conseil, droits de garde, coûts transactionnels, frais de gestion du fonds, etc. «Ces informations sont déjà accessibles aujourd’hui, explique Denis Costermans. Mais désormais, on va les rapporter à la valeur exacte de l’investissement.»

Avec Mifid II, les investisseurs connaîtront donc très clairement l’ensemble des frais par rapport à chaque fonds dans lequel ils envisagent de placer de l’argent. «Grâce à ces informations anticipatives, ils seront en mesure de comparer l’intérêt des différents produits proposés, mais aussi de comparer les banques entre elles. Un peu comme un consommateur lambda dans un supermarché. Il n’est pas question ici de mettre en exergue des frais supplémentaires, mais d’arriver à un niveau de transparence jamais atteint», insiste le spécialiste d’EY Luxembourg. D’autant que, dans les différents rapports qui lui seront fournis, figureront aussi l’ensemble des commissions: celles payées aux banques par les gestionnaires d’actifs pour leurs activités de distribution comme celles payées par une banque à un apporteur d’affaires qui lui a fait connaître un client. Des mécanismes que le client n’a sans doute pas à l’esprit et qu’il va découvrir, chiffres à l’appui, sous Mifid II.

Toujours dans le souci de mieux le protéger, l’investisseur recevra encore des informations sur les risques des instruments financiers, sur les produits, les tarifs et le type de conseils qui lui sont fournis. Enfin, lorsqu’une banque conseille un client sur un éventuel investissement, elle devra lui fournir un rapport écrit et détaillé sur la proposition qui lui a été faite.

Conséquence de tout cela? Probablement une segmentation plus importante du choix entre produits chers, mais très performants, et produits moins chers. «Une fois le client mieux informé des coûts, il devrait délaisser le ventre mou de l’offre, composé de produits moyennement performants et relativement chers», analyse encore Denis Costermans. Il envisage aussi la possibilité d’impacts sur les classes d’actifs elles-mêmes. À la recherche de produits moins chers, l’investisseur pourrait s’orienter vers des ETF plutôt que des fonds dont il aura désormais conscience des coûts.