L’Association luxembourgeoise des techniciens de l’audiovisuel (Alta), qui a été fondée en mars 2008, célèbre cette année ses 10 ans. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

L’Association luxembourgeoise des techniciens de l’audiovisuel (Alta), qui a été fondée en mars 2008, célèbre cette année ses 10 ans. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Dès cette fin de semaine et pendant 11 jours, les cinéphiles seront à la fête avec le Luxembourg City Film Festival. L’occasion aussi pour le cinéma grand-ducal, ceux qui le font, ceux qui l’aiment et ceux qui le soutiennent, de se rassembler pour une grande soirée ce 24 février. L’occasion aussi de poser quelques questions à l’Association luxembourgeoise des techniciens de l’audiovisuel (Alta), qui a été fondée en mars 2008 et célèbre donc ses 10 ans.

Monsieur Thoss, pouvez-vous revenir sur la création de l’Alta?

«Il faut d’abord replacer les choses dans leur contexte et se souvenir qu’une autre association de techniciens existait auparavant, l’Atac. On parle de l’époque où le statut d’intermittent du spectacle faisait son apparition et où le système d’aide à l’audiovisuel était principalement celui des certificats d’investissement.

Entre 2005 et 2008, il y a eu plusieurs déconvenues sérieuses lors de tournages au Luxembourg, avec la faillite d’un producteur (Carousel Picture Company, ndlr) et deux tournages qui ont failli être arrêtés. Il fallait que les techniciens parlent d’une voix face aux producteurs et puissent ainsi être un interlocuteur de poids pour débloquer des situations difficiles. À la création, nous étions 19 membres, nous sommes aujourd’hui une centaine.

Monsieur Probyn, était-ce la première association de professionnels du cinéma?

«L’Union luxembourgeoise de la production audiovisuelle (Ulpa) existait avant. Mais en effet, les techniciens étaient parmi les premiers à se fédérer (avant des acteurs avec Actors.lu, des métiers de l’animation et la FMAIV et des compositeurs de la Flac, mais après les réalisateurs du LARS, ndlr). Ce n’était pas facile, car nous représentons des métiers très différents qui travaillent à des horaires différents, avec chacun des spécificités et des revendications. Nous avons donc créé un comité avec des représentants de chaque métier.

Quelles ont été vos principales réussites?

C.T.:«Nos préoccupations concernaient au départ les conditions de travail des techniciens. Une journée de travail de base était de 12 heures auxquelles il fallait ajouter les trajets, les préparations et le rangement, et ce sur une semaine de six jours. Aujourd’hui, il y a du mieux. Les semaines sont de cinq jours, le temps de préparation et de rangement est intégré aux 10 heures contractuelles.

J.P.:«Nous avons aussi obtenu que les techniciens soient représentés dans les différentes commissions qui traitent l’audiovisuel: intermittent du spectacle, ministère de la Culture, éligibilité, d’Filmakademie, Assises du cinéma, systèmes d’aides… Il est important que tous les secteurs soient représentés pour trouver un équilibre entre des intérêts parfois divergents, pour que le secteur de l’audiovisuel perdure au Luxembourg.

En 2013, la faillite de Delux Productions et l’arrêt du tournage de «Sexual Healing» ont été un choc pour la profession. Les choses sont-elles apurées?

C.T.:«Beaucoup de techniciens ont été touchés et des situations dramatiques liées aux créances ont éclos. L’Alta a embauché un avocat pour défendre nos droits, faire des contrats, nous représenter auprès des créanciers. Les techniciens qui étaient en CDD ont pu être payés, mais nombre d’indépendants ont toujours de l’argent dehors. C’est un cas d’école qui a fait réagir les différents échelons. Ainsi, le Film Fund a mis en place des contrôles plus sévères sur la faisabilité des projets et la solvabilité des producteurs, nous avons donné accès à tout l’arsenal juridique pour que chacun puisse trouver les informations et les démarches à suivre en cas de problème. Nous avons créé un modèle de contrat et donnons des conseils aux techniciens. On ne peut pas dire que ça n’arrivera plus, mais nous serons mieux protégés.

Quels sont les sujets sur lesquels vous devez encore vous battre?

C.T.:«Le règlement des heures supplémentaires n’est pas encore vraiment clair. Notre but est que les productions évitent au maximum qu’il y ait des dépassements d’horaires, notamment pour éviter les accidents. Le respect des horaires reste problématique, notamment pour les métiers de la régie, qui arrivent avant le début de tournage et repartent après.

J.P.:«Nous sommes aussi préoccupés par l’évolution du système de points qui régit les aides financières. Les producteurs veulent voir les critères être adaptés pour faire face aux nouvelles réglementations chez nos coproducteurs historiques, la France et la Belgique. (La France a introduit des aides liées aux jours de tournage qui vont en contradiction avec les critères luxembourgeois et la Belgique a mis en place un système de tax shelter, ndlr). Si une adaptation du système d’aides est envisagée, l’Alta se doit d’être un interlocuteur incontournable dans ces discussions et également pour défendre les intérêts des techniciens.»

The Party, le 24 février au Casino Luxembourg à partir de 21h