Face aux spécificités du marché luxembourgeois, la fédération eCOM.lu fait pression sur la Commission européenne, mais les blocages viennent souvent des États eux-mêmes. (Photo: Licence C.C.)

Face aux spécificités du marché luxembourgeois, la fédération eCOM.lu fait pression sur la Commission européenne, mais les blocages viennent souvent des États eux-mêmes. (Photo: Licence C.C.)

Annoncée depuis le début du mois de février, la fin programmée de «Cactus@Home», le service de supermarché en ligne du groupe, est entrée en vigueur ce lundi. Lancé en 2011 via un investissement de 250.000 euros, le service, qui avait pour objectif de représenter 1% du chiffre d’affaires global de la chaîne au bout de trois ans, n’a donc pas rencontré le succès escompté.

Contrairement à la concurrence qui propose toujours à ses clients d’effectuer leurs courses en ligne et de venir les récupérer en magasin (Cora et Delhaize) ou dans un site «drive» dédié (Auchan), Cactus avait misé sur un service de livraison à domicile. Treize personnes avaient ainsi été embauchées dans ce but, un entrepôt de 800m2 à Windhof avait été aménagé et plusieurs camionnettes de livraison avaient été achetées.

78% des internautes luxembourgeois achètent sur le net

Quatre ans après, ce projet a été abandonné pour permettre à Cactus, officiellement, «de se concentrer encore davantage sur notre cœur de métier: les supermarchés et les magasins de proximité», à en croire la lettre envoyée aux clients du service. Ayant communiqué auprès de ses clients, la direction de Cactus ne souhaite pas faire de commentaire sur cette décision stratégique.

Un choix qui peut toutefois surprendre au vu des habitudes de consommation sur le net des résidents, placés par Eurostat dans le top trois des cyberacheteurs. En 2015, 78% des internautes du Grand-Duché, âgés entre 16 et 74 ans, avaient ainsi commandé des biens ou des services en ligne, pour leur usage privé. Principalement des voyages et logements de vacances, des vêtements et articles de sport et des livres, magazines et journaux, selon l’office statistique européen.

Les règles européennes en vigueur nous pénalisent.

Pierre Friob, président de la fédération eCOM.lu

«La tendance en Europe est au développement du e-commerce, mais les entreprises luxembourgeoises ne sont pas équipées pour faire face à cette situation, annonce Pierre Friob, président de la fédération eCOM.lu, regroupant certains acteurs du e-commerce grand-ducal. Outre le manque de personnels qualifiés, le pays doit affronter un grand problème de logistique, de moyen de paiement et de compétitivité.»

Car comme dans le reste des pays, les internautes luxembourgeois se renseignent sur le net et achètent en magasin pour les produits disponibles et commandent pour les références non présentes près de chez eux. Sauf que contrairement aux pays voisins, les frais d’acheminement sont parfois loin d’être attractifs. «Les règles européennes en vigueur nous pénalisent pour le moment, car la lourdeur administrative au vu de la quantité de marchandise écoulée est disproportionnée, estime Pierre Friob. Cela engendre des surcoûts importants dans un petit pays comme le nôtre.»

Levée possible des restrictions territoriales pour l'approvisionnement

Pour tenter de changer la donne, les acteurs du e-commerce luxembourgeois misent sur un lobbying actif auprès de la Commission européenne. Membre de la fédération européenne des acteurs du e-commerce, forte de 200.000 membres au sein des 28 États membres, eCOM.lu plaide pour une refonte du système afin de mettre en place une nouvelle législation en lien avec la logistique, les paiements ou la TVA. Les premiers fruits de cette «pression positive» effectuée auprès de l’exécutif européen se font jour. En novembre dernier, la publication d’un document destiné à améliorer le marché unique a donné de l’espoir aux acteurs du secteur.

Parmi les propositions évoquées par Bruxelles, l’idée de lever les restrictions territoriales pour l’approvisionnement a été émise, faisant naître l’espoir d’une amélioration de la situation. Transmis aux différentes instances européennes, le document pourrait faire l’objet d’une proposition de directive d’ici l’été, mais n’entrer en vigueur que «dans plusieurs années», selon les prévisions effectuées par Thierry Nothum, directeur de la Confédération luxembourgeoise du commerce.