«Les questions d’identité (...), qui étaient le fonds de commerce de l’extrême droite, s’étendent désormais au point que tous les partis se sont lancés dans une course au meilleur patriote», assurent Laura Zuccoli et Sérgio Ferreira. (Photo: Mike Zenari)

«Les questions d’identité (...), qui étaient le fonds de commerce de l’extrême droite, s’étendent désormais au point que tous les partis se sont lancés dans une course au meilleur patriote», assurent Laura Zuccoli et Sérgio Ferreira. (Photo: Mike Zenari)

Aux côtés de la croissance ou de la mobilité, la place du luxembourgeois dans la société figure au premier rang des thèmes de cette campagne législative. Un état de fait qui n’a pas échappé à l’Asti. «Les questions d’identité – dont la langue luxembourgeoise est la face la plus visible – qui étaient le fonds de commerce de l’extrême droite, s’étendent désormais au point que tous les partis se sont lancés dans une course au meilleur patriote», tance Sérgio Ferreira, porte-parole de l’Association de soutien aux travailleurs immigrés.

«La langue luxembourgeoise est instrumentalisée dans cette campagne», assure-t-il en dénonçant les contradictions des partis en lice, qui «n’évoquent pas ou peu le besoin de reformuler l’offre des cours de luxembourgeois et le congé linguistique,» tout en se prononçant «tous en faveur du multilinguisme». Une situation ubuesque qui serait particulièrement visible «au sein des partis qui, en 2013, avaient mis en avant le déficit démocratique, qui existe au sein de la société luxembourgeoise, et qui, depuis, ont placé ce thème sous le tapis», juge Sérgio Ferreira, en référence aux programmes électoraux du DP et du LSAP.

Mise en place d’un «vrai suffrage universel»

«Après la déroute du référendum de 2015, seuls Déi Gréng et Déi Lénk s’aventurent sur du concret sur ce thème», précise-t-il, tout en rappelant que «le programme de Déi Gréng, qui se veut progressiste, évoque les ‘Luxembourgeois de souche’.» Preuve, selon lui, que les partis «proposent une salade russe de slogans, réflexions et propositions pas toujours cohérents».

Se refusant à donner des consignes de vote, l’Asti a tout de même dressé une liste de propositions qui a été présentée à tous les partis au cours de l’été. Parmi elles, la suppression du délai de résidence de cinq ans pour la participation des étrangers aux élections communales, l’octroi d’un droit d’initiative législative directe à la Chambre des salariés, «l’un des rares organes élus par les voix de tous, résidents et frontaliers», précise Laura Zuccoli, présidente de l’Asti, ou bien encore l’établissement d’un «vrai suffrage universel» via l’institution du principe du droit de vote selon la résidence et non selon la nationalité.

La réalité, c’est que l’immigration au Luxembourg concerne avant tout des Européens.

Laura Zuccoli, présidente de l’Asti

L’association plaide également pour «le développement d’un programme et d’une culture d’accueil aux niveaux national et communal», l’élargissement du congé linguistique à l’apprentissage de l’allemand et du français ou bien encore la réforme de la loi de 2008 sur l’accueil et l’intégration des étrangers. «Depuis 2013 et la dernière vague de régularisation autorisée par Nicolas Schmit (alors ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Immigration), seules 680 personnes ont pu obtenir des papiers», affirme la présidente de l’Asti, qui entend «lutter contre les clichés autour de l’immigration», analyse des chiffres à l’appui. 

«La réalité, c’est que l’immigration au Luxembourg concerne avant tout des Européens, les autres viennent essentiellement d’Amérique, d’Inde ou de Chine, sont hautement qualifiés et généralement polyglottes», assure Laura Zuccoli, qui note que «si les Luxembourgeois se vantent d’être polyglottes, certains ne veulent pas voir que d’autres le sont aussi, car les langues parlées ne sont pas toujours les mêmes…»